Nombre de messages : 5418 Date de naissance : 14/08/1962 Age : 61 Localisation : Belgique Date d'inscription : 25/05/2007
Sujet: Souffrir ou aimer : L’alchimie des émotions Dim 07 Déc 2014, 13:43
Souffrir ou aimer
L’alchimie des émotions
avec Christophe Massin
Depuis 30 ans, le Dr. Christophe Massin, grâce à un parcours atypique, étudie le rôle et l’impact des émotions. Dans son livre paru aux éditions Odile Jacob «Souffrir ou Aimer. Transformer l’émotion », le psychiatre nous invite à repenser la relation que nous entretenons avec nos émotions. Selon lui, trop souvent nos émotions sont mal comprises et refusées ce qui entrainent la souffrance. Inspiré par l’enseignement d’un sage indou, il nous montre comment l’émotion, lorsqu’elle se transforme par un travail d’acceptation, offre une vie qui peut nous pacifier et permettre d’accéder à l’amour de soi et l’amour de l’autre…
Tous, nous voudrions cesser de souffrir, mais seul l’amour véritable détient le pouvoir de nous guérir. Trop souvent nos émotions mal comprises, nos blessures d’enfance et nos réactions égotiques nous condamnent à répéter relations insatis-faisantes et comportements destructeurs.
Christophe Massin, inspiré par l’enseignement du maître indien Swami Prajnanpad, montre comment l’émotion, lorsqu’elle est transformée par un travail d’acceptation, offre justement la voie royale qui peut nous pacifier et nous permettre d’accéder à l’amour de soi et de l’autre.
Ce cheminement intérieur qui unit psychothérapie et spiritualité, il l’illustre à travers le parcours d’un homme et d’une femme engagés dans cette aventure libératrice.
« Ce livre nous convie à un amour libre et joyeux. » Alexandre Jollien
Christophe Massin est psychiatre, familier de la spiritualité indienne. Il a notamment publié Le Bébé et l’Amour (1996) et Réussir sans se détruire. Des solutions au stress du travail (2006). Souffrir ou aimer a reçu le Prix Psychologies Fnac 2014.
Extrait p.20 : Pourquoi la souffrance? « Être séparé de ce qu'on aime est souffrance, être confronté à ce qu'on rejette est souffrance», répondait le Bouddha. Lorsque nous faisons l'expérience d'une souffrance forte et durable, nous incriminons habituellement l'événement déclencheur: je souffre parce que j'ai été mal traité par l'autre, parce que j'ai perdu un proche, une position, la santé, parce que j'ai échoué, etc. Donc je souffre du fait de l'autre, de la société, de la vie, qui me frustrent de ce que je veux ou m'imposent des difficultés dont je me passerais. Si mon conjoint me trompe et me délaisse, il est évident que je souffre parce qu'il ne m'aime pas ou plus. Si je rate mon permis après avoir investi du temps et de l'argent en leçons de conduite et n'avoir commis qu'une erreur minime à mes yeux, c'est la faute de l'examinateur. Si on me découvre un cancer, je me demanderai pourquoi la vie m'inflige ça, pourquoi moi ? Même si nous ne le pensons pas explicitement, l'idée d'une injustice, d'un coup immérité, flotte à l'arrière-plan dans notre esprit. L'autre, la vie, pour m'infliger une chose pareille, ne m'aiment pas. Autrement dit, je me sens aimé si l'autre ou la vie répondent à mes attentes. Le langage le reflète bien: « La vie me sourit, la vie s'acharne contre moi. »
Quand la personne qui souffre en attribue au fond d'elle-même la responsabilité à la vie ou à l'autre, il en ressort une conséquence directe implacable. Elle ne pourra cesser de souffrir qu'à la faveur d'un retournement extérieur. Je vois ainsi des blessures d'une rupture amoureuse jamais cicatrisées, dix ans, vingt ans après. L'autre est parti, sans retour en arrière la souffrance, elle, est restée intacte. Tant que l'extérieur porte la cause de la souffrance, tout espoir d'amélioration en dépend. Celui qui souffre demeure impuissant et tributaire du sort, il en est réduit à attendre des jours meilleurs. Comme en mathématique, un problème insoluble signale un problème mal posé. Y aurait-il une erreur dans les prémisses? Reprenons l'énoncé de départ – par exemple, je souffre parce que mon conjoint m'a quitté. La logique en semble simple et indiscutable, c'est quand même normal de souffrir dans ces conditions! Non, c'est normal d'avoir mal, d'éprouver de la peine, de la colère, niais ce n'est pas normal de vivre des mois d'enfer intérieur et de ne pas s'en relever. Quelque chose d'excessif se manifeste, dépassant une réaction bien compréhensible. La blessure simple s'infecte, suppure et ne cicatrise pas. Entre ces deux faces de l'alternative, quel élément va déterminer la bascule? J'étais, ou je me croyais aimé(e) par l'autre et je ne le suis plus, donc je souffre et souffrirai tant que je ne recouvrerai pas cet amour. Et même si, d'aventure, l'autre revenait (cela arrive parfois!), son retour ne garantirait pas mon bonheur pour autant. J'ai perdu confiance, je me méfie, je lui en veux de m'avoir fait souffrir. Je veux souligner ici un aspect essentiel pour guérir la souffrance, en pratique: si la souffrance manifeste une complexité infinie sur le plan mental, elle peut se résumer à cette dimension centrale du non-amour au plan émotionnel.
Christophe Massin, découvre les sagesses orientales et l'enseignement de Swami Prajnanpad à travers Arnaud Desjardins en 1974, ce qui le conduira auprès de maîtres tibétains et indiens. Depuis, cet enseignement imprègne sa pratique de psychiatre thérapeute. Il s'intéresse particulièrement à l'articulation entre psychothérapie et démarche spirituelle et à leurs synergies. Par ailleurs il est sensible à ce que cette démarche s'inscrive dans la société actuelle. Il interviens dans le monde du travail sur les risques psychosociaux et a fait des recherches en périnatalité.
Publications : Le bébé et l'amour ; Vous qui donnez la vie; (Aubier Flammarion). Réussir sans se détruire (Albin Michel).
"Souffrir ou aimer, transformer l'emotion" la préface d'Alexandre Jollien chez Odile Jacob
à écouter sur France Culture
Bibliographie
* « L’enjeu : soigner sans s’épuiser » (Lamarre, 2014)