ANTAHKARANA Gnose et Spiritualité |
| | Flâneries en noétique...Qu'est-ce que la Connaissance ? | |
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AMBRE
Nombre de messages : 5418 Date de naissance : 14/08/1962 Age : 61 Localisation : Belgique Date d'inscription : 25/05/2007
| Sujet: Flâneries en noétique...Qu'est-ce que la Connaissance ? Sam 04 Oct 2014, 18:01 | |
| Flâneries en noétique...Qu'est-ce que la Connaissance ?
- Marc Halévy a écrit:
L'homme commence, enfin, à redécouvrir que l'univers est infiniment plus que la somme des êtres, des choses et des "lois" que ses infirmes sens et leurs prothèses technologiques lui font percevoir. L'homme commence, enfin, à redécouvrir que la Connaissance est infiniment plus que la somme des savoirs juxtaposés … et trop souvent cloisonnés. Qu'est-ce que la Connaissance ?
Et d'abord ce qu'elle n'est pas : une accumulation plus ou moins structurée de savoirs, une mémoire même immense, un musée idéel voire idéologique,. Tout ce qui pourrait être figé ou statique lui est étranger.
La Connaissance est dynamique, elle est une dynamique, elle est un processus, un cheminement, une création perpétuelle. Cheminement … Et derrière ce cheminement, un curieux et fécond rapport trialectique : le chemineau crée le chemin en cheminant. Eternelle triade … Celle du poète romantique : amant, aimé, amour … Celle du physicien quantique : observateur, observé, observation … Et derrière cette triade dynamique, cette question brûlante du sens : où va le chemineau ? va-t-il quelque part ? poursuit-il un but clair ou erre-t-il pour la simple et magnifique joie de l'errance ?
Pour le dire plus métaphysiquement, est-ce la Connaissance qui est au service de l'Homme ou est-ce l'Homme qui est au service de la Connaissance ? Ou encore : l'Homme est-il le but ou est-il l'outil du processus cosmique de complexification ? Le Zarathoustra de Friedrich Nietzsche avait magistralement répondu : l'Homme est un pont, un passage vers le Surhumain, c'est-à-dire vers ce qui dépasse l'Homme et lui donne sens et justification. Et le visage de ce Surhumain pourrait bien être la Connaissance au sens le plus cosmique, le plus métaphysique, le plus initiatique de ce terme. Pour user du langage mythique, tout se passe comme si la Nature avait donné mission à l'Homme de créer le Dieu de demain, Dionysos ou Shiva, un peu comme le petit Prince demanda à Antoine de Saint-Exupéry de lui dessiner un mouton.
Mais qu'est-ce que la Connaissance ? Question lancinante, obsessionnelle … Paradoxale, aussi, car répondre c'est connaître : la Connaissance peut-elle se connaître elle-même ? N'est-on pas là devant le mur des théorèmes de Gödel et de Shannon ?
Afin d'échapper à ce paradoxe et de souligner la nature dynamique de la Connaissance en quête et en création d'elle-même, il est temps de changer de mot-clé et de troquer le mot imparfait de "Connaissance" pour le mot plus adéquat d' "Esprit" (précisément conforme à l'étymologie des mots "noétique" et "noosphère" utilisés ici). La Connaissance reflète et exprime l'Esprit, l'Esprit en marche, l'Esprit en quête de lui-même, l'Esprit en création de lui-même. Mais alors, qu'est-ce que l'Esprit - car l'étiquette du flacon ne dit rien de l'ivresse du vin … ?
L'Esprit est aux cultures et aux civilisations ce que la Vie immortelle est aux organismes vivants … et mortels. L'Esprit est le dernier en date des échelons de la Complexité. Il est la forme la plus élaborée, la plus sophistiquée de l'énergie originelle. Il est une nouvelle manière émergente d'organisation dont l'homme est le porteur et le passage, pont qu'il est entre Vie et Esprit comme le fut naguère le premier virus entre Matière et Vie. La longue et lente démarche de complexification à l'œuvre dans l'univers, est aussi une démarche de dématérialisation : une tonne d'êtres vivants contient des milliards de fois plus d'informations qu'une tonne de charbon. Dire qu'il y a complexification ou dire qu'"il y a densification informationnelle – c'est-à-dire dématérialisation - , revient au même. L'émergence de l'Esprit au-delà de la Vie s'inscrit dans cette logique. Elle reflète aussi un saut de dématérialisation : une tonne de cerveaux humains contient également des milliards de fois plus d'informations qu'une tonne de viande de bœuf. Mais, j'y insiste, saut n'est pas rupture : l'Esprit procède indispensablement de la Vie, il la prolonge, il l'accomplit, il en émane totalement. Il serait pénible de retomber encore dans les sables mouvants de l'idéalisme platonicien ou manichéen ou chrétien : l'énergie, la matière, la vie et l'esprit sont des formes variées d'une seule et même réalité unique et unitaire (quel que soit le nom que l'on donne à cette réalité, à ce Réel qui vit "derrière les choses" : Un, Tao, Brahman, Dieu, etc …, peu importe). Elles en sont des émanations, des manifestations successives et radicalement neuves, des apparences, des déguisements et des masques ,de plus en plus sophistiqués, au long des canaux vénitiens du carnaval cosmique.
En dernière analyse, l'Esprit est le dernier avatar en date de cet élan créateur, unique et fondateur, qui anime l'univers depuis son origine. Il est le dernier avatar de l'entéléchie divine et cosmique. Et il s'accomplit par les chemins de la Connaissance créative.
Extrait de http://www.noetique.eu/articles/noetique/flaneries-en-noetique.doc/view
Dernière édition par AMBRE le Dim 22 Fév 2015, 16:07, édité 1 fois | |
| | | AMBRE
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| Sujet: La noétique ? Sam 04 Oct 2014, 18:42 | |
| La noétique ? Comme tous les domaines de recherches et d'études en émergence, la Noétique n'est encore connue et reconnue que de peu de monde. L'objectif du présent article est d'en préciser certains aspects et ainsi, espérons-le, de susciter des intérêts et des vocations pour ce qui est déjà une des dimensions de demain. Le mot dérive de la racine grecque noôs qui signifie "connaissance, intelligence, esprit". Cette racine noôs , à la source du mot "noétique", a donné de nombreux autres rejetons comme noosphère (Pierre Teilhard de Chardin) ou noologie (Edgar Morin) ou noèse et noème (Husserl). Le mot "noetic" est beaucoup plus usité en Anglais qu'en Français ; on connaît par exemple le "Institute of Noetic Sciences" de Sausalito. En Français, "noétique" est le plus souvent utilisé en tant qu'adjectif par la phénoménologie où il prend sens de "relatif à la noèse" (elle-même définie comme processus de connaissance) et par la sémiologie dans le sens de "relatif à la connaissance". Le mot est donc établi. Le contenu de la Noétique : La Noétique, en très bref, est l'étude de la connaissance. Non pas seulement de la valeur des connaissances comme le fait l'épistémologie, non pas seulement des mécanismes mentaux et neurobiologiques comme le font les sciences cognitives, mais, plus généralement, comme l'étude, sous tous leurs aspects, de la production (créativité), de la formulation (sémiologie et métalangages), de la structuration (théorie des systèmes, des paradigmes et des idéologies), de la validation (critères de pertinence, épistémologie) et de la prolifération (processus d'appropriation et de normalisation) des idées, au sens le plus large de ce terme, c'est-à-dire des "formes" abstraites (le mot "idée" vient du grec eïdos qui signifie "forme"). Elle étudie notamment la dynamique et les cycles de vie des idées et des théories : conditions d'émergence (de récentes études ont porté, par exemple, sur la genèse des théories de la relativité), déploiement, apogée, dégénérescence et déliquescence. On peut citer, par exemple, la belle synthèse de Frédéric Lenoir parue récemment sous le titre "Les métamorphoses de Dieu – La nouvelle spiritualité occidentale" (Plon – 2003) où sont étudiées les diverses (r)évolutions des traditions et courants religieux durant ce dernier siècle. On le voit le champ est vaste. Presque tout y est encore à défricher. Les méthodologies restent souvent à inventer. Les concepts eux-mêmes, si l'on veut éviter barbarismes et néologismes jargonneux, doivent souvent être reformulés avec soin. Puisque les langages, les logiques, les sciences, les idéologies, les religions, les traditions font tous parties intégrantes de la Connaissance humaine et donc, comme tels, soumis à des cycles de vie et de mort, la Noétique, pour éviter le piège tautologique ou réductionniste, se doit de les inclure tous mais en les dépassant : de nouvelles (méta)méthodologies, de nouvelles (méta)logiques et de nouveaux (méta)langages doivent donc être mis en œuvre. On comprend qu'il serait absurde d'étudier la connaissance scientifique en lui appliquant, telle quelle, la méthode cartésienne qui en est la poutre faîtière. La regarder au travers de la vieille fenêtre positiviste ou scientiste reviendrait à la faire s'admirer elle-même dans un miroir opaque. Historiquement, on peut dire que le développement récent de la Noétique est enfant de la révolution informatique qui, en provoquant le traitement, l'échange et le stockage de quantités immenses d'informations (donc d'éléments de connaissance), a rendu indispensable une réflexion de fond sur la nature, la structure et les procédures de la connaissance en général. Mais la Noétique est plus qu'un champ d'études et de recherches. Elle est aussi au cœur des chavirements de notre époque … Une révolution noétique ? Cette même révolution informatique, avec, pour parangon actuel, le phénomène Internet, a également enclenché une révolution de fond, paradigmatique (au sens de Kuhn) : nous passons de l'âge "moderne" à l'âge post-moderne, de la société des objets et de la consommation à la société de la connaissance et de l'information, d'une économie industrielle à une économie immatérielle, d'un pouvoir de l'argent à un pouvoir du talent, d'une vision mécaniste et réductrice du monde à une vision organique et holistique du monde. C'est cela que j'appelle la "révolution noétique". Elle avait été prédite par Henri Bergson, Albert Einstein, Werner Heisenberg etc … et elle a déjà été décrite par Edgar Morin, Ilya Prigogine, Trinh Xuan Thuan, Ervin Laszlo, Hubert Reeves, Jacques Lesourne, Henri Atlan, et bien d'autres … Suite et source sur le blog de Marc Halévy - Citation :
- "Noétique" : mise au point
La définition technique et scientifique de la Noétique est la suivante : "la Noétique est la branche de la philosophie qui étudie la Connaissance (noôs en grec)". La Noétique est aussi parfois appelée "gnoséologie".
Cette définition a été dévoyée par le "Institute for Noetic Sciences" (INS) de Sausalito qui, au mot "Connaissance", a substitué le mot - vague et confus, dans sa bouche - de "Conscience". C'est cette acception dévoyée qui, malheureusement, se retrouve dans le roman à quatre sous de Dan Brown. A leur suite, parlant de "noétique", on semble parler de quête de "capacités humaines étendues", d 'augmentation du "niveau de conscience", de parapsychologie, de psychologie transpersonnelle, etc …
Soyons clairs quitte à être par trop simplificateurs : face à la rationalité (le cerveau gauche), il y a l'intuitivité (cerveau droit) qui permet une voie alternative de Connaissance du Réel (alternative c'est-à-dire complémentaire et non opposée). Albert Einstein ou Werner Heisenberg, pour ne parler que d'eux, en ont fait le ressort essentiel de toute recherche scientifique fondamentale.
Cependant, la tradition rationaliste occidentale a longtemps privilégié la voie analytico-déductive et empirico-synthétique du cerveau gauche. Aujourd'hui, ses limites sont atteintes et, pour aller plus loin, l'intuition, comme reliance directe au Réel, doit être étudiée et comprise afin d'en permettre le développement et la mise en œuvre selon des méthodologies nouvelles mais rigoureuses.
La rationalité opère de façon transversale (synchronique) et coupe le processus étudié en tranches successives qu'elle prend pour objet d'analyse. L'intuitivité opère de façon longitudinale (diachronique) et met le processus étudié et le processus de sa connaissance en résonance dans une démarche d'élimination progressive des dissonances et de renforcement progressif des consonances entre eux. On le pressent, la Noétique est tout sauf de la magie ou de l'ésotérisme au sens vulgaire de ces termes.
Par ailleurs, la Noétique est la clé de notre évolution (cfr. Hegel, Friedrich Nietzsche, Henri Bergson et Pierre Teilhard de Chardin) et les crises que nous vivons aujourd'hui sont les symptômes et les manifestations d'une bifurcation globale profonde de l'humanité que j'ai appelée la "révolution noétique" (cfr. Mon "L'âge de la connaissance" - MM2 Editions) et dont, directement ou indirectement, traitent tous mes travaux et livres.
Comme toujours, dans l'histoire de la pensée, tout nouveau territoire encore largement inconnu attise les délires des charlatans et mages de tout poil et les appétits des mercantiles de toute espèce ; cet afflux délétère masque et, parfois, discrédite les efforts des chercheurs patients et soigneux.
Marc Halévy, 5/10/2010 Pour rappel en 2012 de""" Ceci n’est pas une crise… c’est une mutation"" avec un article de Marc Halévy avec son aimable autorisation. EN 2012, QUI OSE ENCORE PARLER DE CRISE ? | |
| | | AMBRE
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| Sujet: Re: Flâneries en noétique...Qu'est-ce que la Connaissance ? Sam 04 Oct 2014, 19:24 | |
| Plaisians, le 15/04/2003 - Marc Halévy-van Keymeulen a écrit:
Manifeste Noétique Tout le fonctionnement économique de la sociosphère humaine se ramène à un inextricable réseau de circulation d'énergie, soit verticalement pour puiser dans la biosphère (les produits agroalimentaires) et dans la lithosphère (les industries extractives), soit horizontalement pour organiser les échanges et transferts d'énergie entre les êtres humains (circulation d'énergie matérielle par le commerce, circulation d'énergie immatérielle par les médias). Le fonctionnement politique de la sociosphère superpose à ce réseau énergétique des processus de conception, de légitimation et d'application de règles visant à réguler au mieux ces circulations d'énergie. Il est évident que de telle règles de régulation n'ont de sens et de cohérence que par rapport à une finalité sociosphérique donnée. "Au mieux", certes, mais par rapport à quoi ? Il n'y a pas de bonne ou mauvaise régulation dans l'absolu. Un système régulateur n'est efficace ou pas qu'en rapport avec ce que les experts en régulation appellent une "consigne" ce qui, au fond, agit comme une "finalité". Pour la régulation de la sociosphère, cette finalité peut être endogène (c'est le cas des humanismes qui font de l'homme une fin en soi, selon deux registres : les démocraties qui définissent statistiquement l'Homme comme homme moyen ; et les totalitarismes autocratiques ou idéocratiques qui définissent l'Homme soit comme la personne du tyran, soit comme un stéréotype, ici aryen, là militant). Elle peut aussi être exogène : c'est la cas de l'écologisme qui inféode (avec des nuances de profondeur) la survie de l'humanité à celle de la Nature, donc qui inféode la sociosphère à la biosphère qui la nourrit ; c'est aussi le cas de la noétique qui inféode la sociosphère à ce qui la dépasse, c'est-à-dire au développement et à l'accomplissement de la noosphère, par l'Art et la Connaissance. Le fonctionnement de la sociosphère doit donc être pensé selon trois axes. Un axe humaniste (le plus humanitaire et le moins totalitaire possible) pour préserver la dignité de chaque être humain et n'en pas faire un esclave instrumentalisé. Un axe écologique pour préserver la Vie et la Nature en apprenant à vivre en totale harmonie avec elles, dans une éthique de frugalité radicale. Un axe noétique pour donner un Sens qui la dépasse, à l'action créatrice de l'homme dans le monde. Dignité. Santé. Sens. Liberté. Frugalité. Créativité. Il faut se garder de hiérarchiser ces trois axes, ces trois valeurs, ces trois talents. Il est cependant indispensable de bien voir que nos sociétés contemporaines, repliées sur elle-même, dans une sociosphère autiste, sourde aux souffrances de la biosphère et aux appels de la noosphère, ne peuvent que se scléroser et perdre toute leur énergie vitale, toute leur puissance néguentropique avant de disparaître dans les oubliettes de l'histoire cosmique. Toute réduction est, et sera toujours plus, meurtrière et irresponsable. Il ne faut pas opposer Noétique, Ecologie et Humanisme. Il faut développer et dépasser l'Homme, en même temps, sur ces trois axes, sans en sacrifier aucun. Il n'est plus possible – et il serait létal – de réduire l'humanité à une seule de ses dimensions : l'heure n'est plus, n'a jamais été, ni à l'homme unidimensionnel, ni à la pensée unique. Sans le Sens qui le pousse en avant, l'homme retombe dans le nombrilisme humaniste ou régresse dans la naturalité écologiste. Il ne peut y avoir de critère de choix, donc de morale et de valeurs, sans qu'un cap global ne soit donné, sans que la vocation humaine ne soit clarifiée, sans que l'humanité ne soit replacée dans un flux cosmique, dans un processus créatif, dans une logique d'accomplissement qui la dépassent infiniment. Dès lors que le Noétique apparaît comme le phare et la norme du développement – et du dépassement - de l'homme, l'économique et le politique, donc l'Argent et le Pouvoir, reprennent un rang secondaire, celui de l'intendance. Leur problème n'est plus que technique, débarrassé de toute idéologie. L'économique parcourra, avec astuce et intelligence, les mille chemins de la frugalité écologique. L'économique, paradoxalement, deviendra le garant de l'écologie. Le politique déclinera, avec efficience et légèreté, les mille modalités du respect et de la paix indispensables à la liberté créatrice individuelle. Le politique deviendra le garant de l'humanisme. Ainsi écologie et humanisme forment, via l'économique et le politique qui les mettent en oeuvre, le socle incontournable de l'épanouissement noétique humain et cosmique. En bref : le Pouvoir et l'Argent au service de l'Art et de la Connaissance, en harmonie avec la Nature et dans la dignité de l'Homme. | |
| | | AMBRE
Nombre de messages : 5418 Date de naissance : 14/08/1962 Age : 61 Localisation : Belgique Date d'inscription : 25/05/2007
| Sujet: Re: Flâneries en noétique...Qu'est-ce que la Connaissance ? Sam 04 Oct 2014, 19:47 | |
| "De l'Etre au Devenir" Journal philosophique et spirituel de Marc Halévy (écrit en ligne) :
Le monde humain est composé de Sages, de Barbares et d'Esclaves. Le Sage s'accepte lui-même et assume activement l'accomplissement de sa personne. Le Barbare se refuse lui-même dans la haine de ses propres limites (il veut sans cesse se dépasser et se défier en dépassant et en défiant les autres). L'Esclave se fuit dans la soumission au Barbare qu'il hait et qui le hait, mais qui lui apporte l'abolition du problème de sa personne (il est content de ne plus devoir penser).
http://www.noetique.eu/journal-spirituel-de-marc-halevy
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| | | Invité Invité
| Sujet: Mais qu'est-ce que la Connaissance ? Mer 29 Oct 2014, 21:35 | |
| - Citation :
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Mais qu'est-ce que la Connaissance ?
Question lancinante, obsessionnelle … Paradoxale, aussi, car répondre c'est connaître : la Connaissance peut-elle se connaître elle-même ? N'est-on pas là devant le mur des théorèmes de Gödel et de Shannon ?
Afin d'échapper à ce paradoxe et de souligner la nature dynamique de la Connaissance en quête et en création d'elle-même, il est temps de changer de mot-clé et de troquer le mot imparfait de "Connaissance" pour le mot plus adéquat d' "Esprit" (précisément conforme à l'étymologie des mots "noétique" et "noosphère" utilisés ici). La Connaissance reflète et exprime l'Esprit, l'Esprit en marche, l'Esprit en quête de lui-même, l'Esprit en création de lui-même.
Mais alors, qu'est-ce que l'Esprit - car l'étiquette du flacon ne dit rien de l'ivresse du vin … ?
L'Esprit est aux cultures et aux civilisations ce que la Vie immortelle est aux organismes vivants … et mortels.
L'Esprit est le dernier en date des échelons de la Complexité. Il est la forme la plus élaborée, la plus sophistiquée de l'énergie originelle. Il est une nouvelle manière émergente d'organisation dont l'homme est le porteur et le passage, pont qu'il est entre Vie et Esprit comme le fut naguère le premier virus entre Matière et Vie.
La longue et lente démarche de complexification à l'œuvre dans l'univers, est aussi une démarche de dématérialisation : une tonne d'êtres vivants contient des milliards de fois plus d'informations qu'une tonne de charbon.
Dire qu'il y a complexification ou dire qu'"il y a densification informationnelle – c'est-à-dire dématérialisation - , revient au même.
L'émergence de l'Esprit au-delà de la Vie s'inscrit dans cette logique. Elle reflète aussi un saut de dématérialisation : une tonne de cerveaux humains contient également des milliards de fois plus d'informations qu'une tonne de viande de bœuf.
Mais, j'y insiste, saut n'est pas rupture : l'Esprit procède indispensablement de la Vie, il la prolonge, il l'accomplit, il en émane totalement. Il serait pénible de retomber encore dans les sables mouvants de l'idéalisme platonicien ou manichéen ou chrétien : l'énergie, la matière, la vie et l'esprit sont des formes variées d'une seule et même réalité unique et unitaire (quel que soit le nom que l'on donne à cette réalité, à ce Réel qui vit "derrière les choses" : Un, Tao, Brahman, Dieu, etc …, peu importe). Elles en sont des émanations, des manifestations successives et radicalement neuves, des apparences, des déguisements et des masques ,de plus en plus sophistiqués, au long des canaux vénitiens du carnaval cosmique.
En dernière analyse, l'Esprit est le dernier avatar en date de cet élan créateur, unique et fondateur, qui anime l'univers depuis son origine.
Il est le dernier avatar de l'entéléchie divine et cosmique.
Et il s'accomplit par les chemins de la Connaissance créative. |
| | | AMBRE
Nombre de messages : 5418 Date de naissance : 14/08/1962 Age : 61 Localisation : Belgique Date d'inscription : 25/05/2007
| Sujet: Re: Flâneries en noétique...Qu'est-ce que la Connaissance ? Dim 22 Fév 2015, 15:00 | |
| Auteur Marie Chainchard Ancienne journaliste, Marie Clainchard a désiré faire contrepoint au pessimisme ambiant en se mettant à l'écoute de philosophes, d'écrivains, de chercheurs, thérapeutes, poètes, artistes, économistes ... tous aventuriers enthousiastes de l'existence ! Livre Résumé Toutes les certitudes sur lesquelles reposait notre vision du monde se trouvent ébranlées et nous assistons, en direct, à un processus de mutation sans précédent à l'échelle de notre humanité. Nous allons devoir tout réinventer. En ce moment, de par le monde, des personnes explorent de nouveaux modes de vie, de reliance avec les autres et à la nature. Cette époque est "nôtre", et personne d'autre que nous ne peut la rendre meilleure. Chacun peut agir dans son espace de vie. Ne sommes-nous pas tous des inaugurateurs d'aurore ? Quarante-trois aventuriers de l'existence et amoureux de la sagesse ont accepté de s'ouvrir en toute authenticité, simplicité et humanité. Ils évoquent leurs expériences et leurs vécus, leurs découvertes, partagent leurs espérances, transmettent leurs valeurs ... Ces témoignages vont raviver votre propre flamme, éveiller ou réveiller en vous l'aventurier, l'inventeur, le sage et le poète. Ils vous permettront de vous affranchir de certains conditionnements pour réinventer d'autres possibles, réorienter votre regard, et vous laisser emporter dans le courant de la vie et de la créativité. Un partage d'intelligence, de créativité et de sagesse pour ré-enchanter le monde ! le blog Marc Halévy - Citation :
- "Par Marie Clainchard, mardi 24 juin 2014"
Marc Halévy, un Tisserand de la compréhension du devenir - Citation :
Témoignage de Marc Halévy « Le plaisir se prend. Le bonheur se reçoit. Mais la joie se construit… » Marc Halévy, Dame Sagesse vous a invité à sa table et elle désirerait mieux vous connaître. Comment vous présenteriez-vous ?
Je pense que c’est pour un exercice de sincérité et de transparence que j’ai été invité à cette table, pas pour sombrer dans le lénifiant ou étaler la pommade sirupeuse et parfumée des mots qui chantent, n’est-ce pas ? Naissance à Bruxelles (par pur hasard) dans une famille juive sépharade « du Nord » (exilée à Amsterdam en 1492… comme Spinoza…) et traumatisée par la Shoah (ma mère est la seule rescapée de sa famille et mon père, apatride, rescapé de Treblinka, est mort deux mois avant ma naissance). Éducation dans les valeurs juives mais loin de toute pratique religieuse : mes trois racines enfantines dans la judéité sont le goût de l’étude, le goût de la cuisine méditerranéenne et le goût de la mystique (Le Cantique des cantiques). Adolescence rebelle, athée et militante, mais passionnée de physique théorique et de mathématiques. Études supérieures sans intérêt ni passion jusqu’à la rencontre avec Ilya Prigogine en 1973 (il a été mon mentor jusqu’en 1982 et j’ai vécu de près son prix Nobel en 1977) : passion définitive pour la physique des processus complexes qui induit une cosmologie et une métaphysique en totale opposition avec la physique classique. Prigogine me donne à lire Le Tao de la physique de Fritjof Capra : coup de foudre. Il est donc possible d’allier spiritualité, cosmologie, complexité et non-théisme (je croyais être athée, mais je n’étais qu’antithéiste, c’est-à-dire refusant l’idée d’un Dieu personnel et surnaturel). Cette passion pour le Tao perdure depuis trente-cinq ans. J’entame un cursus en « Philosophie et histoire des religions » et retrouve le judaïsme au travers du Rabbi Touati qui deviendra mon maître et m’initiera à la Kabbale comme spiritualité panthéiste (ou panenthéiste). Aujourd’hui, j’ai soixante ans et je crois avoir réussi, au moins pour moi, à intégrer, dans une pensée unifiée, science, mystique, philosophie et vie pratique au sein du monde humain. Je travaille beaucoup sur le changement de paradigme que nous vivons, ses implications économiques, sociétales et éthiques et les fondements de la nouvelle philosophie de vie qui est en émergence.
Je suis pour la démocratie, mais contre le suffrage universel. Je suis pour l’équité, mais contre l’égalité. Je suis pour la bonté, mais contre la pitié. Je suis pour le préceptorat, mais contre tous les assistanats. Je suis pour les spiritualités et les mystiques, mais contre les religions. Je suis pour la science, mais contre le scientisme et le « technologisme ». Je suis pour le réel contre tous les idéalismes. Ni utopies, ni nostalgies. Ni angélismes, ni diabolismes. Ni optimisme, ni pessimisme, hors mon pessimisme quant à l’avenir de l’optimisme et mon optimisme quant à l’avenir du pessimisme.
Avez-vous vécu une expérience déterminante qui a modifié, changé votre parcours de vie ? Cette expérience vous a-t-elle amené à prendre des décisions qui orientent encore votre vie ?
Chaque jour qui naît est une expérience déterminante. Je crois beaucoup plus au cheminement patient qu’aux expériences subites. C’est la grande distinction que le taoïsme a faite et dont son héritier, le zen, a tiré ses écoles sôtô et rinzaï. L’illumination, le coup de génie, l’idée rarissime existent, certes, mais ce n’est pas cela qui tisse le réel dans sa densité. Je crois infiniment à la richesse et à la valeur de la quotidienneté, de la banalité qui n’apparaît telle que parce que l’on n’y porte guère attention. Je n’aime pas le spectaculaire parce que je n’aime pas le spectacle. Je n’aime pas l’extraordinaire parce que j’aime trop l’ordinaire qui m’émerveille bien plus. C’est un réflexe infantile que de ne voir que ce qui brille, que ce qui détonne, que ce qui surprend. Je suis trop adulte et j’ai trop à faire avec le banal du quotidien pour m’y attarder. Quant aux grandes décisions qui marquent toute une vie, ce ne sont pas des décisions rationnelles. Un mot, parfois, utilisé dans un tout autre contexte souvent, suffit à enclencher un processus infini. Un fait aussi, parfois d’une extrême banalité. Les mots et les faits jouent un rôle de déclencheur, mais seulement si les dispositions intérieures, les fermentations secrètes de l’âme sont prêtes à les recevoir. C’est celui qui cherche beaucoup qui, parfois, trouve… un peu. Et pas toujours ce qu’il croyait chercher. L’effet de sérendipité est fréquent, tant en matière scientifique que spirituelle.
Quelle est votre vision du monde actuel ?
Nous vivons une immense et profonde mutation paradigmatique. Ce n’est ni la première, ni la dernière. La dernière en date fut la Renaissance qui nous fit passer de l’économie agraire de la féodalité à l’économie marchande de la modernité. La plus profonde fut la révolution néolithique qui nous fit basculer d’une vie de chasseur-cueilleur à une vie d’éleveur-agriculteur. Chaque fois, s’entrechoquent utopie et nostalgie, utopistes et nostalgiques. Le déclin de la logique passée, quoique irréfragable et irréversible, induit des résistances, parfois désespérées, parfois opiniâtres, parfois délétères. De tels bouleversements ne se déroulent jamais sans douleur. Et plus ils sont artificiellement retardés, plus ces douleurs sont vives et profondes. On ne peut retarder impunément l’enfantement d’un monde nouveau, arrivé à terme. Ce qui caractérisa la modernité, c’est-à-dire le paradigme que nous quittons, c’est de s’être fondée sur une religion du progrès et de la libération par la rationalité. Ces trois notions clés sont aujourd’hui usées, vides, entachées des barbaries du XXe siècle. Bref : la modernité et son paradigme sont un échec. D’ailleurs, cette modernité qui s’effondre déjà, subit, pour qui sait ouvrir les yeux et cultiver la lucidité, quatre ruptures majeures, toutes irréversibles. Chacune de ces ruptures appelle une réponse qui deviendra un des piliers du nouveau paradigme émergent. – Une rupture écologique… Jusqu’à la révolution industrielle du XIXe siècle, lorsqu’il n’y avait encore qu’un milliard d’humains sur terre, les activités humaines n’étaient que négligeables face à la biosphère qui parvenait, sans trop de problème, à renouveler les ressources naturelles consommées par l’homme et à se régénérer malgré ses bêtises locales. Mais la démographie s’est mise à galoper… 1900 : 1,7 milliard, 2000 : 6 milliards, 2013 : 7,5 milliards, 2050 : 10 milliards. Cette affolante exponentielle dépasse, et de loin, les capacités de régénérescence de la terre qui, tous calculs faits, ne peut porter durablement qu’entre un milliard et un milliard et demi d’humains. Aujourd’hui, nous sommes déjà six milliards de trop et nous avons consommé 80 % des ressources naturelles non renouvelables que la terre avait mis des centaines de millions d’années à accumuler dans ses flancs. Depuis le début des années 2000, nous avons franchi le point de non-retour et nous sommes entrés dans une logique définitive de pénurie sur toutes les ressources naturelles essentielles (eau douce, énergie, terre arable, métaux et terres rares, métaux non ferreux, etc.). Cette logique pénurique nous impose, sans discussion possible, si l’humanité veut survivre au-delà des deux ou trois générations qui viennent, une double décroissance : une décroissance économique et une décroissance démographique. Les deux vont de pair. Un effort dans une direction est vain sans effort dans l’autre. Démographiquement, la fécondité nette doit descendre en dessous d’un enfant par couple pendant au moins trois générations pour réduire la population mondiale au huitième de ce qu’elle sera, et redescendre aux alentours d’un milliard d’humains. Économiquement, la frugalité doit devenir le maître mot de tous nos comportements : faire beaucoup mieux avec beaucoup moins, se limiter à l’essentiel et à l’indispensable, et renoncer à tous les superflus, à tous les accessoires. – Une rupture technologique… La révolution numérique, en permettant la connexion de tous avec tous, tout le temps, et en centuplant l’intensité et la fréquence de tous les flux, a définitivement transformé nos manières de vivre, exactement comme le passage néolithique du chasseur-cueilleur à l’éleveur-agriculteur a bouleversé toute l’éthologie humaine. Pour le dire d’un mot, ce saut technologique a induit un énorme saut de complexité. Toutes les organisations humaines doivent répondre à ce saut, à cette accélération drastique de tous les temps de vie. Cela implique l’abandon de tous nos anciens modèles organisationnels construits sur cette pyramide hiérarchique, trop lente, trop lourde, trop rigide pour faire face aux déferlantes informationnelles et événementielles. Cela implique une réorganisation de tout, sur le modèle du réseau, c’est-à-dire d’une mosaïque de petites communautés autonomes en interactions fortes entre elles, et fédérées par un projet global… Cela est vrai pour les communautés de travail (les entreprises qui passeront majoritairement au télétravail), comme cela est vrai pour les communautés de vie et les communautés citoyennes. L’État central national est mort et disparaîtra ; les centres de pouvoir, tant économiques que politiques, académiques ou médiatiques, seront locaux, dans une logique de proximité. – Une rupture économique… Le modèle économique américain, exporté et imposé au monde entier après la Seconde Guerre mondiale, est construit sur la marchandisation et la financiarisation généralisées. Tout peut s’acheter et se vendre, et tous peuvent spéculer sur tout et n’importe quoi. Logique de la facilité, de l’argent facile à l’école facile, en passant par l’endettement facile et l’appropriation facile. Ce modèle a atteint ses limites en démontrant, en deux décennies, à quel point il est délétère, destructeur de tout, de vie, d’esprit, d’âme et de sens. Ce modèle doit être abandonné de toute urgence car il est fondé sur le double pillage des ressources naturelles et des forces humaines. Cela implique, d’abord, l’éradication impitoyable de toute l’économie spéculative et de la financiarisation du monde. Cela implique, ensuite, un passage radical de la valeur d’échange (prix bas) à la valeur d’usage (utilité durable). Cela implique, enfin, l’abandon du modèle industriel construit sur le gigantisme, la massification et les économies d’échelle, et l’invention d’un modèle néo-artisanal bâti sur la virtuosité, la qualité et la perfection. – Et une rupture philosophique… Après avoir cru que son bonheur lui viendrait de la religion, de l’État, des idéologies, des techniques et de l’hyperconsommation, l’homme d’aujourd’hui commence enfin à comprendre que le bonheur ne vient jamais de l’extérieur et qu’il se construit de l’intérieur. La joie de vivre est un état d’esprit, une volonté active, une attitude permanente. Le plaisir se prend. Le bonheur se reçoit. Mais la joie se construit. Il ne faut plus rien attendre du monde qui nous entoure : il n’y a rien à recevoir. Le secret de la joie de vivre est simple, depuis que Spinoza l’a définitivement éclairci : la joie est la conséquence de l’accomplissement de soi, de la réalisation de tous nos possibles intérieurs, de l’exploitation de tous nos talents, de tous nos potentiels. Et, en nous accomplissant « du dedans », nous rayonnons et nous facilitons l’accomplissement et la joie de ceux qui nous entourent, comme par contagion. Ce ne sont pas les autres qui nous rendent heureux, c’est nous qui les rendons joyeux. Le monde réel est là, donné, ouvert, offert. Il est un immense champ de possibles structurés autour d’un champ de contraintes et d’impossibles. Nier ces contraintes et ces impossibles, et fuir le réel dans des utopies ou des idéologies, bref dans des idéalismes, est catastrophique pour tous et pour chacun. La joie de vivre passe par l’assomption jubilatoire du réel de tous et du destin de soi (le destin propre de chacun est de s’accomplir en plénitude, tel que l’on est, avec ce que l’on a). Macroscopiquement, cela signifie qu’est en train de se produire un passage des religions dualistes et idéalistes du progrès et de la libération à des spiritualités monistes et spiritualistes de la joie et du bonheur…
Quelles sont les valeurs auxquelles vous êtes attaché ? De quelles manières les rendez-vous vivantes ?
La solitude et le silence ! Les livres. La pensée. La Nature sauvage et tout ce qu’elle contient. Je sais : cette liste ne correspond pas à ce que l’on appelle, habituellement, les « valeurs » et pourtant, c’est ce qui vaut à mes yeux. Comme Montaigne, je ne crois pas aux valeurs morales ou humaines : tous les grands massacres de l’Histoire ont été commis en leur nom, par des bien-pensants qui vous parlent de paix, de bonheur, d’amour. Il faut relire La Généalogie de la morale de Nietzsche ou le Traité théologico-politique de Spinoza pour bien comprendre que toutes les « valeurs » morales ne sont que des armes de manipulation des masses. Chaque époque a eu les siennes pour justifier ses oppressions, ses tueries, ses persécutions, ses génocides. Aujourd’hui, le cynisme et l’angélisme se regardent en chiens de faïence. Le cynisme de « ceux qui prennent » (cf. le film Instinct ) et l’angélisme de ceux qui touillent dans la soupe humano-spirituelle du « aimez-vous », du « lien social », du boboïsme à la mode. Je n’ai aucun goût pour le cynisme des prédateurs qui saccagent tout. Mais je n’ai pas non plus de temps à perdre avec les billevesées bobos qui ne sont rien d’autre que des resucées christiques. Il y a un nouveau paradigme, un nouveau monde, une autre Vie à construire ; et ce sera douloureux ; et beaucoup resteront au bord du chemin, en deçà du seuil. Voilà pour mes « valeurs ». Par contre, je peux être intarissable sur tout ce qui m’insupporte (c’est mon approche apophatique des « valeurs »). Notamment le dilettantisme et l’amateurisme en matière de connaissance spirituelle, philosophique ou scientifique. Notamment, aussi, la promiscuité : je crois profondément que l’homme est un animal asocial qui a dû, pour survivre, se résoudre et se forcer à vivre en tribus ; aujourd’hui, cette obligation est levée, mais il reste les atavismes. Notamment, encore, l’arrogance des ignorants, surtout lorsque ceux-ci, pour faire carrière politique, pratiquent le cynisme et la manipulation éhontée. Notamment, en plus, la démagogie qui est l’issue fatale et logique de la démocratie lorsque le clientélisme, l’assistanat, le népotisme, le césarisme, le populisme et l’électoralisme priment tout le reste. Notamment, encore, la violence imbécile des voyous ; ceux de la rue et des bas quartiers, ceux de la finance et des « affaires », ceux des idéologismes, des intégrismes et des fanatismes. Notamment, enfin, la stupidité de ceux qui ne comprennent pas que la décroissance démographique et économique est indispensable, vitale et urgente, et que la Nature est la seule branche sur laquelle l’humanité est assise (la technologie déplace les problèmes mais ne les résout pas).
À ce jour, que désireriez-vous transmettre ?
Rien ! L’expérience et la connaissance sont des lanternes qui n’éclairent que celui qui les porte. J’ai écrit une quarantaine de livres. J’en écrirai certainement encore quelques-uns. Tout mon essentiel est là-dedans. Que celui qui a soif, boive ! Ma conviction intime et puissante est que tout ce qui est important doit se vivre, mais ne peut se dire. La vérité se vit, elle ne se dit pas. L’amour se vit, il ne se dit pas. La joie se vit, elle ne se dit pas. On pourrait continuer cette litanie avec d’autres mots comme extase, mystique, illumination, courage, force, etc. Symétriquement, tout enseignement est inutile tant que le disciple ne l’a pas fait sien en le vivant intensément, totalement, intimement. Ce n’est plus, alors, un enseignement… Il n’y a rien à enseigner. L’essentiel est indicible, ineffable, intransmissible.
À la lumière de votre expérience, que vous inspire cette déclaration : « Nous sommes tous des compagnons de voyage » ?
Si le « tous » inclut les arbres, les herbes, les libellules, les loirs et mes ânes, mes chiens et mes chèvres, alors j’adhère. Si ce « tous » se limite aux humains, alors je n’adhère nullement. C’est la Vie qui compte, pas l’Homme. D’ailleurs, l’Homme, avec un grand H, n’existe pas. Il n’y a que des humains, plus ou moins ratés, qui pillent et saccagent la Nature au lieu de la cultiver et de l’aimer. Tous les vivants sont des compagnons de voyage dans la Vie. Là, on est d’accord. Et s’il y avait beaucoup moins d’humains et beaucoup plus de Vie, cela ne serait pas plus mal. Comme on le voit, j’assume pleinement mon antihumanisme, en bon fils de papa Nietzsche . L’homme sera respectable le jour où il assumera pleinement sa mission, sa seule justification sur terre : faire émerger l’Esprit au départ de la Vie. L’homme est un pont entre l’animal et le Surhumain, un pont entre la Vie et l’Esprit. Hors de là, il n’y a que des animaux humains, des prédateurs cruels et stupides, pilleurs de Vie.
Note : L'intégralité de cette interview est à lire dans " L'avenir est en nous" (Ed. Dangles) - Février 2014. | |
| | | AMBRE
Nombre de messages : 5418 Date de naissance : 14/08/1962 Age : 61 Localisation : Belgique Date d'inscription : 25/05/2007
| Sujet: Re: Flâneries en noétique...Qu'est-ce que la Connaissance ? Mer 08 Juin 2016, 12:49 | |
| - Citation :
Il n'y a pas d'intelligence artificielle
Une fleur artificielle n'est pas une fleur. Une intelligence artificielle n'est pas une intelligence ! Répétons-le, comme une fleur artificielle n'est pas une fleur, l'intelligence artificielle n'est pas une intelligence. Un ordinateur, c'est trois choses : des données encodées ou captées selon des protocoles définis humainement au travers de logiciels de saisie, des puissances de calcul (bips) ou de transmission (bauds), et des algorithmes plus ou moins sophistiqués et subtils, inventés et programmés par des intelligences humaines. L'ordinateur se contente d'exécuter mécaniquement et servilement ce qui lui est imposé par l'homme, sans avoir la moindre idée ou conscience de ce qu'il fait. Un ordinateur est une mécanique rudimentaire qui additionne des 0 et des 1. Point barre. Les fantasmagories journalistiques en quête de sensationnel bas de gamme, ne cessent, malheureusement, d'alimenter la mythologie numérique et transhumaniste. Ainsi, lorsque la presse titre : "Il utilise sa main artificielle par la seule force de son esprit", il faut décoder et démystifier : son moignon est connecté à une main artificielle par les nerfs qui commandaient, naguère, sa main réelle. Dans la main artificielle, il y a une batterie de logiciels qui "attendent" passivement des impulsions électriques de commande venant de ces nerfs branchés sur eux. Le cerveau, alors, peut apprendre à envoyer la bonne impulsion pour activer telle au telle fonction programmatique avec une certaine intensité ; le cerveau, en s'entraînant, parvient à utiliser de mieux en mieux la mécanique de cette batterie de logiciels exactement comme le nouveau-né apprend progressivement à activer et contrôler les réflexes musculaires de ses mains et de ses pieds, ou apprend progressivement à décoder les images floues et bizarres que lui envoie sa rétine. Le cerveau apprend à commander, à piloter, à doser, à décrypter les outils mécaniques que la nature ou la technique mettent à sa disposition. C'est le cerveau qui apprend intelligemment ; la main artificielle n'a aucune intelligence. De même, la fougue journalistique écrit : "Il transmets son code secret par télépathie à l'écran de l'ordinateur". Faux. Il n'y a nulle télépathie là-dedans. Il y a des caméras et un logiciel qui, ensemble, mesurent la loucherie des deux pupilles du regard lorsque la personne vise un point de l'écran. Sur cet écran sont affichés les dix chiffres à des endroits précis. Selon l'endroit visé par le regard pendant quelques secondes, l'ordinateur en calcule, mécaniquement, que la personne regarde fixement l'endroit où est placé le chiffre 9, par exemple. Et ainsi de suite pour les autres chiffres du code secret. Dans les deux cas, il n'y a que du mécanique. Avec un ordinateur quel qu'il soit, la relation ne sera jamais que, et ne pourra jamais être que mécanique, c'est-à-dire du niveau le plus bas de complexité et le plus haut d'inintelligence, quel qu'en soit le degré de complication et de sophistication des algorithmes humains nécessitant d'énormes puissances de calcul. Ce n'est pas un ordinateur, sous bannière AlphaGo de Google, qui a battu le maître de go Fan Hui ; c'est un algorithme humain associé à une très grosse puissance de calcul. Un algorithme que l'on a fait jouer contre lui-même pendant de longs moments de façon à ce qu'il fasse énormément de parties et qu'il les ait en mémoire. Du côté de l'ordinateur, il n'y a rien d'intéressant : une puissance de calcul et une capacité de mémoire énormes, c'est tout. Ce qui est intéressant là-dedans, c'est l'intelligence (humaine) de l'algorithme et la pertinence des méthodes algorithmiques au-delà des méthodes classiques (analytiques et holistiques) de résolution de problèmes. Tout cela n'a rien à voir ni avec le numérique, ni avec l'ordinateur. Tout engin numérique (ordinateur, réseau, robot, …) repose sur trois éléments : du data (sa ressource), des bips/bauds (sa puissance) et des algorithmes (son savoir-faire plus ou moins sophistiqué). Les data ne sont pas seulement une masse de données brutes ; elles sont aussi les historiques de ses données et les liens structurels et temporels entre elles. Les bips/bauds symbolisent l'ensemble de tous les dispositifs hardware, satellitaires, hertziens, filaires etc … qui permettent le traitement, le stockage et la transmission de tous les objets numériques. Les algorithmes sont des structures mathématiques, inventées par l'homme, qui permettent d'engendrer les programmes logiciels qui, eux-mêmes, permettent la gestion des réservoirs, des flux et des transformations des datas. Aujourd'hui, il existe un vide juridique abyssal : personne ne contrôle les datas, personne ne gère les bips/bauds et personne ne maîtrise les algorithmes. L'univers numérique est un univers de non-droit où les barbares sont les maîtres.
Marc HALEVY, avril 2016
Le moteur cosmique
Pourquoi tout évolue-t-il ? Quand se pose la question de la nature du moteur de l'évolution cosmique, il n'y a que trois réponses possibles : le Hasard (pas de moteur), un Dieu transcendant (un moteur extérieur), une Intention immanente (un moteur intérieur). Il n'y a pas d'autres occurrences logiques possibles. Aujourd'hui, le calcul des probabilités exclut le Hasard (ce qui n'empêche pas qu'il puisse aussi y avoir du hasard, parfois). Restent le Dieu externe et l'Intention interne. Le principe du rasoir d'Occam élimine le Dieu des théistes qui est superfétatoire (la compréhension du cosmos ne gagne rien avec cette hypothèse exogène : le Réel est suffisamment riche et complexe pour se passer de tout surréel), irrationnel (car alors, quel serait le moteur de ce Dieu et d'où viendrait-il ? C'est tomber de Charybde en Scylla) … et encombrant (par son irréalité même, cette hypothèse exogène engendre plus de problèmes qu'elle n'en résout). Il ne reste donc que l'Intention immanente, tendue vers un accomplissement optimal (une version généralisée du principe de moindre action de Maupertuis, repris par Lagrange et Hamilton, et fondement des équations de la dynamique classique et de celles des modèles relativistes et quantiques). Retour, donc, au naturalisme spiritualiste (qui s'oppose autant au surnaturalisme théiste qu'au matérialisme athée, et que l'on peut aussi appeler le panenthéisme) qui fut la doctrine des penseurs grecs présocratiques ioniens, de l'école stoïcienne, de certains mystiques chrétiens (Jean Scot Erigène, Maître Eckart d'Hochheim, Pierre Teilhard de Chardin), des gnoses kabbalistiques et soufies, du taoïsme, du védantisme, d'Aristote, de Giordano Bruno, de Spinoza, de Schelling, de Hegel, de Schopenhauer, de Nietzsche, d'Einstein, de Bergson, de Heidegger et de tant d'autres. Avec le nouveau paradigme naissant et la fin du long paradigme théiste (325 à 2025), il est temps de tourner la page, n'en déplaise aux imposteurs pseudo-scientifiques qui tentent de revenir en force en profitant de la fin du paradigme mécaniciste en physique et, par voie de conséquence, dans les sciences en général.
Marc HALEVY, 10 avril 2016
La raison est-elle bien raisonnable ?
Etymologiquement, ratio, d'où vient "raison", vient du participe passé : ratus (d'où notre pro rata) d'un verbe latin peu usité reo. Ce ratus signifie : "compté, calculé, régulier, ratifié". Il y a là comme l'idée d'une certitude arithmétique.
Le mot latin ratio possède beaucoup de sens ; il est un mot "tiroir" qui signifie autant "intelligence" que "système" ou "ordre" ou "règle" ou "plan" ou "méthode", ou "preuve" ou "rapport" ou "relation" … On peut inférer de tout cela que serait rationnel ce qui se construit soit sur un modèle structuré rigoureux, soit avec une méthode structurée rigoureuse. On le voit bien : la notion de "raison" est ambigüe et couvre bien des sens et acceptions dont, finalement, le seul point commun est la notion de "rigueur", de démarche rigoureuse. Mais n'est-ce pas tomber de Charybde en Scylla ? Car qu'est-ce que la rigueur ? L'idée de "rigueur" renvoie elle-même à celle de "loi" : appliquer la loi avec sévérité, sans état d'âme, … L'étymologie latine confirme : rigor désigne la dureté, la froideur, la raideur, la rigidité, la rudesse … le contraire de la mansuétude, de la souplesse, de la miséricorde, de la flexibilité. La rigueur, comme la raison, s'oppose à la sensibilité, au sentiment. Au fond, la raison consiste à appliquer systématiquement, rigoureusement et précisément une règle générale, sans autre considération, sans état d'âme, comme le calcul arithmétique impose, s'il veut être exact, l'application stricte des règles propres à chacune des opérations faites. La rationalité consiste, ainsi, à user d'une règle précise, systématique (pour décrire la structure d'un système) et méthodique (pour décrire la structure d'une méthode). La rationalité est une quête systématique et méthodique de rigueur et de régularité (c'est-à-dire d'observance de la règle). Par ailleurs, lorsqu'on parle de la "raison d'exister" d'un étant ou d'un phénomène, on parle autant de sa cause (son origine dans le passé) que de sa vocation (sa justification dans le futur). On parle donc de sa reliance, dans l'espace comme dans le temps, avec tous les autres étants et phénomènes qui existent. La raison, alors, prend le sens de "relation", de "rapport" à ce qui est autre que soi, hic et nunc. Mais, d'où que l'on y regarde, on retombe toujours sur l'idée de règle : tel objet a sa raison d'être parce qu'il résulte de l'application rigoureuse d'une règle qui fait que les choses existent ou pas, du fait de leurs relations et de leur rapports entre elles toutes. Si de telles règles existent, alors le Réel peut être qualifié de rationnel (ce fut la conclusion d'Hegel) ; sinon, il ne l'est pas. La raison est ainsi la capacité d'appliquer rigoureusement, systématiquement et méthodiquement une règle de pensée afin de relier, entre eux, concepts et idées. Mais la question métaphysique de fond demeure celle-ci : de quelle(s) règle(s) parle-t-on ? Cette question appelle une définition rigoureuse de l'idée de règle : qu'est-ce qu'une règle, de pensée ou autre ? La regula latine renvoie au verbe rego (regere, rectum) qui signifie "diriger, conduire, mener, régir, gouverner" et pointe le mot rex (regis) qui est le "roi" : la règle est ce qui est édicté par le roi, détenteur de l'autorité suprême, qui distingue ce qui est correct de ce qui ne l'est pas et devrait, donc, être corrigé pour devenir conforme. Tous ces mots se tiennent. De ce qui précède, il vient que la raison est ce qui applique la règle qui, elle-même, vient de l'autorité suprême. En ce sens, serait rationnel ce qui est conforme à la loi divine. Donc ce qui est "logique" puisque ce qui est logique, c'est ce qui est conforme au Logos. Ceci nous mène à passer du latin au grec où, précisément, la "raison" se dit Logos … La boucle se boucle : la Raison est ce qui fait obéir à la Loi. Et, plus précisément, à la Loi cosmique ou divine et non, spécifiquement, aux lois des hommes qui, comme l'on sait, sont souvent parfaitement irrationnelles. Au plan métaphysique et cosmique, est rationnel ce qui est logique, ce qui est conforme à la loi de cohérence interne du Réel tel qu'il est et va. Cette loi étant encore largement inconnue, il faut en conclure que les meilleurs des hommes sont des êtres encore bien peu rationnels (ne parlons pas des troupeaux d'animaux humains qui ne connaissent que leurs instincts) et que la raison humaine, malgré ses prétentions rationalistes et ses orgueils ratiocinants, est encore bien balbutiante.
Marc HALEVY, juin 2016 pour http://www.noetique.eu/ | |
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