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| | Krishnamurti | |
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AMBRE
Nombre de messages : 5418 Date de naissance : 14/08/1962 Age : 61 Localisation : Belgique Date d'inscription : 25/05/2007
| Sujet: Krishnamurti Ven 01 Juin 2007, 09:49 | |
| Krishnamurti, le voyant qui marchait seul Article paru dans Le Monde des religions n° 22 (mars/avril 2007)
Parmi les sages contemporains, Jiddu Krishnamurti (1895-1986) occupe une place à part. Né en Inde, éduqué en Grande-Bretagne, il fut proclamé « Messie » à l’âge de seize ans par les théosophes, disciples de Mme Blavatsky (1831-1891). Suite à plusieurs révélations, Krishnamurti renonce à ce rôle et se fait l’apôtre itinérant d’une nouvelle vision du monde profondément libertaire et humaniste. Depuis sa disparition en 1986, sa renommée et son influence n’ont cessé de grandir...
« Changez et vous verrez ce qui se passera »
La vie de Krishnamurti est un mythe religieux moderne, proche de celui du Bouddha. Pour en saisir le fil directeur, il nous faut revenir vingt ans avant la naissance de Krishnamurti, en 1875. Cette année là, Mme Blavatsky fonde la Société Théosophique (ST), à l’instigation des « Maîtres de Sagesse » qu’elle dit avoir rencontré au Tibet. Communiquant avec eux par voie parapsychique, elle a pour mission de révéler leur existence jusque là tenue secrète.
Deux ans avant sa mort, en 1889, Mme Blavatsky révéla à ses proches le véritable but de la création de la ST : préparer la venue prochaine de l’« Instructeur du Monde » (les bouddhistes le nomment Maitreya, les chrétiens Christ). Celui-ci aura pour tâche d’établir la paix sur la terre et la coopération entre les peuples. La mission qu’elle leur confie est de partir à la recherche de « l’Elu », de trouver l’enfant qui lui servira de « véhicule ».
Après plusieurs tentatives infructueuses, le choix des théosophes se porte sur un jeune indien, que ses parents, d’origine brahmane, ont nommé « Krishnamurti » (« qui a la forme de Krishna ») en hommage au dieu hindou. Sa mère, Sanjeevamma, meurt alors qu’il est âgé de dix ans. Pour subsister, son père, théosophe, se déplace avec sa famille au siège de la ST, où il occupera un poste de secrétaire. C’est là, sur la plage d’Adyar, que Leadbeater, un des responsables du mouvement théosophique, « découvre » Krishnamurti. Instantanément, le clairvoyant reconnaît en Krishnamurti une entité exceptionnelle. Ce que Leadbeater contemple au-delà de l’apparence chétive de l’enfant le bouleverse : « la plus magnifique aura qu’il m’ait été donnée de voir, sans la moindre trace d’égoïsme », affirmera-t-il plus tard.
Pour préparer le jeune Messie à sa mission, ses nouveaux tuteurs l’envoient avec son frère Nitya en Europe. Le 11 janvier 1911, à Bénarès, Mme Besant, Présidente de la ST, fonde l’Ordre de l’Etoile d’Orient et place le jeune homme à sa tête. Son objectif : faire connaître au monde l'enseignement de Maitreya par l’intermédiaire de Krishnamurti, son porte parole. Cette décision crée un schisme au sein de la ST : R. Steiner (1861-1925), responsable de la branche allemande, dénonce l’événement comme une mystification et s’en va créer son propre mouvement, l’Anthroposophie (1913).
Bien relayée par les réseaux théosophes, la popularité de Krishnamurti croît très rapidement. Du monde entier, les biens, les donations affluent. Les disciples se comptent par milliers. Krishnamurti, nouveau dieu vivant, est adulé à la manière des grands gurus indiens. Toutefois, sa notoriété a une contrepartie : la solitude. Son douloureux isolement est renforcé par les exercices occultes, l’ascèse sexuelle et les différentes « initiations » auxquels le soumettent ses instructeurs.
En 1922, un événement inattendu survient, à Ojaï, en Californie. Krishnamurti et son frère Nitya, atteint de tuberculose, sont venus se reposer dans la région. Le 17 août, au cours d’une méditation, Krishnamurti ressent une vive douleur dans la nuque, qui empire les jours suivants. Il est contraint de s’aliter, et sombre dans le coma tout en continuant à percevoir se qui se passe autour de lui. Sa conscience s’altère et s’élargit : il s’identifie aux éléments, au cosmos et à tous les êtres vivants. Une fois revenu à lui, Krishnamurti va s’asseoir sous le grand poivrier proche de la maison et une seconde expérience extraordinaire s’ensuit : il quitte son corps, rencontre les Maîtres, entre en contact vibratoire avec le Bouddha, et contemple les « Grands Etres ». « Plus rien ne [sera] comme avant, rapporte-t-il alors. […] J'ai vu la Lumière. J'ai touché la compassion qui guérit toute peine et toute souffrance […]. Je suis ivre de Dieu. »
Ainsi débute ce que Krishnamurti nommera le « processus ». Celui-ci persistera jusqu’à la fin de sa vie, se caractérisant par des états altérés de conscience, et des douleurs physiques aiguës et constantes, localisées principalement à la base de la moelle épinière et à la nuque. (Selon Krishnamurti, il ne s’agit pas de l’éveil de la Kundalini décrite dans les yogas).
Pareille « apocalypse intérieure » ne restera pas sans conséquences : Krishnamurti va progressivement remettre en question son statut de Messie et son appartenance à la ST.
L’année 1925 constitue un tournant décisif : Nitya tombe gravement malade, alors que Krishnamurti s’apprête à partir en Inde pour une tournée de conférences. Les théosophes clairvoyants affirment que Nitya va guérir. Krishnamurti les croit et part. Alors que son bateau est en mer Rouge, il apprend la mort de son frère. Krishnamurti est déchiré, bouleversé, révolté. Son calvaire, sa « descente aux enfers », va durer dix jours. Au terme de cette longue agonie, c’est un homme nouveau qui surgit, totalement transformé. Le divorce d’avec les théosophes devient inévitable.
Krishnamurti cesse de parler des Maîtres, en conteste l’existence, n’évoque plus que son « union avec le Bien-aimé ». « J’ai trouvé, écrit-il en 1927, ce que j’ai tant désiré […]. A présent […] je me sens ne faire qu’un avec mon Bien-aimé. […] Celui qui a atteint la libération est devenu l’Instructeur – comme moi. […] Personne ne peut vous donner la libération, il vous faut la trouver en vous, mais puisque je l’ai trouvée, je vous montrerai la voie… »
C’est à cet instant précis que Krishnamurti devient réellement Krishnamurti et que les prophéties faites au cours de sa jeunesse se révèlent exactes. Le 3 août 1929, lors du camp d’Ommen (Hollande), Krishnamurti renonce définitivement à son statut de Messie et dissous l’Ordre de l’Etoile. « L’Instructeur mondial » cède la place à un instructeur spirituel d’un nouveau type, universellement connu, dont le seul objectif est de « rendre les hommes absolument et inconditionnellement libres ».
L’essentiel de son propos tient en une phrase : « la Vérité est un pays sans chemin ». Lorsque sa biographe anglaise, M. Luytens, lui demandera en 1980 de résumer son enseignement, Krishnamurti ajoutera : « [Les croyances] sont les causes de nos difficultés, car, dans chaque relation, elles séparent l'homme de l'homme. […] La nature unique de l'individu [réside] […] dans une liberté totale à l'égard du contenu de la conscience. […] [Seule la] vision pénétrante [de tous les mouvements de la conscience], hors du temps, produit dans l’esprit un changement profond et radical. »
Pendant cinquante ans, Krishnamurti fera retentir dans le monde entier cet appel à une révolution de la conscience, ne fondant ni groupe, ni mouvement. Ses paroles incendiaires bouleverseront des millions d’hommes, de femmes et d’enfants, appartenant à toutes les races, religions et classes ; les plus grands esprits de notre temps, de David Bohm au Dalaï Lama, viendront à sa rencontre pour débattre des questions les plus diverses : l’amour, la mort, la nature, la pensée, l’observation, la méditation, l’éducation… ; il sera aussi critiqué, combattu, haï, trahi.
Krishnamurti meurt à Ojaï le 17 février 1986, d’un cancer du pancréas. Il s'éteint à quelques pas du grand poivrier au pied duquel, soixante quatre ans auparavant, « tout a commencé ». Lors de son incinération, ni cérémonie, ni prière, comme il l’avait exigé. Pas de stèle commémorative non plus pour éviter tout culte de la personnalité. Que nous laisse-t-il en héritage ? Un enseignement hors du commun, une soixante d’ouvrages traduits en plus de cinquante langues, des centaines d’heures d’enregistrement vidéo, sept écoles pour enfants, germe possible d'une humanité nouvelle. Ses dernières paroles, énigmatiques et paradoxales, résonnent comme un défi : « Vous ne retrouverez pas un corps comme celui-ci […] pendant de nombreux siècles. […] Lorsque viendra la mort, cela s’en ira. […] Ils prétendront tous […] qu’ils peuvent entrer en contact avec cela. Peut-être le pourront-ils […] s’ils vivent les enseignements. Mais personne ne l’a fait. Personne. Ainsi est-il. »
François FAVRE
Dernière édition par AMBRE le Jeu 16 Juin 2016, 08:20, édité 2 fois | |
| | | AMBRE
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| Sujet: Re: Krishnamurti Ven 01 Juin 2007, 09:51 | |
| Enfance
Jiddu Krishnamurti naquit en mai 1895 près de Madras dans une famille de brahmanes krishnaïtes (d'où son nom) dont il fut le huitième enfant. Bien que sa mère mourut, alors qu'il n'était âgé que de six ans, elle avait eu le temps de l'éveiller à la quête spirituelle qui l'animera toute sa vie. Il fut très lié à son frère cadet Nityânanda, qui mourra en 1925.
La Société Théosophique et l'Ordre de l'Etoile d'Orient.
Vers 1904, il fut présenté avec son frère à Annie Besant, présidente de la Société Théosophique, qui devint leur tutrice. En 1910, les deux garçons furent envoyés à Londres pour parfaire leur éducation. A la même époque, la Société Théosophique fonda l'Ordre de l'Etoile d'Orient (avec son organe le Bulletin international de l'Etoile) dont le but était de regrouper les milliers de spiritualistes qui de par le monde attendaient la venue d'un Grand Instructeur pour le 20ème s. Beaucoup voyaient dans le jeune Krishnamurti ce futur grand instructeur. Il fut donc nommé chef de l'Ordre. A 14 ans, il publia son premier recueil Aux Pieds du Maître, et à 16 ans, en 1911, un second petit livre Le Service dans l'Education.
La révolte, le Nouveau Monde et la dissolution de l'Ordre de l'Etoile d'Orient
L'évolution du jeune Krishnamurti ne fut pas celle que ses tuteurs de l'Ecole Théosophiques attendaient de lui. Il s'éloigna progressivement d'eux. Dans La Vie Libérée il dit : Je me suis révolté contre tout, contre l'autorité des autres, contre la connaissance des autres, ne voulant rien accepter pour vrai jusqu'à ce que j'eusse trouvé moi-même la vérité. Je ne m'opposais jamais aux idées des autres, mais je ne voulais pas accepter leur autorité et leur théorie de la vie.
En 1919, il continue ses études à Paris, puis acquiert une propriété à Ojaï, en Californie, qui petit à petit devint le centre principal de rayonnement de sa pensée. C'est là qu'il remet en cause sa première certitude: que le but de sa vie devait être non la découverte de la Vérité, mais de devenir progressivement cette Vérité.
Son frère meurt fin 1925, alors que Krishnamurti faisait route vers l'Inde. Il en fut désemparé et encore plus révolté.
Le 3 août 1929, à Ommen, aux Pays-Pas, il dissout l'Ordre de l'Etoile d'Orient: Je ne veux pas de spectateurs, je ne veux pas de disciples, je ne veux ni louanges, ni admirations d'aucune sorte...je veux être le compagnon, non le maître. Puis plus tard, toujours le 3 août 1929: La Vérité est un pays sans chemin....étant illimitée, inconditionnée, inapprochable par quelque sentier que ce soit, elle ne peut être organisée... Toute foi est matière individuelle. Elle ne peut ni ne doit être organisée D'où la dissolution de l'organisation de l'Ordre de l'Etoile d'Orient.
Le conférencier international (1929-1961)- Saanen (Suisse, à partir de 1961)
Après une vie de conférences à travers le monde entier (1929-1961), il crée les conférences de Saanen (dans le canton de Berne, en Suisse), où il réside trois semaines par an pour des cycles de conférences et des causeries. De cette période date le très important ouvrage La Première et la Dernière Liberté (1954).
La pensée de Krishnamurti n'est pas une pensée affirmative, mais interrogative, qui renvoie toujours l'interlocuteur à lui-même. Nous en donnons ci-après quelques exemples:
Dieu existe-t-il ?
La réincarnation ?
Sur la mort
Mieux comprendre la mort
Pourquoi des guides spirituels ?
Voir: Association culturelle Krishnamurti http://www.kfa.org (en anglais) | |
| | | AMBRE
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| Sujet: Re: Krishnamurti Mar 19 Juin 2007, 09:20 | |
| L'Enfant Krishnamurti et la Société Théosophique Section : L'affaire Krishnamurti
L'affaire Krishnamurti a fait grand bruit à son époque. Elle a servi d'alibi pour un certain nombre de détracteurs pour attaquer et discréditer la Société Théosophique. Pourtant, qu'en est-il réellement ? Quels sont les tenants et aboutissants de cette affaire si particulière ?
J'ai beaucoup hésité à mettre en place une page sur cette question sur mon site web. Il n'est pas toujours bon, en effet, de remuer les fonds des marais pour faire remonter à la surface de l'eau vaseuse, quelque composante peu ragoûtante. D'abord parce qu'il est parfois bon d'enterrer les "cadavres" pour que le flux du temps les efface. Ensuite, parce que ce genre d'événement n'a pas forcémment beaucoup d'intérêt d'un point de vue "spiritualiste". Enfin, parce qu'il n'est pas aisé de revenir sur un événement (ou un "affaire"), plusieurs dizaines d'années plus tard, sans connaître ni la totalité des détails, ni l'ensemble des motivations présentes.
Néanmoins, j'ai décidé de mettre en ligne ce sujet pour trois raisons : la première, parce que le recul temporel permet de comprendre, néanmoins, un contexte dans un sens plus global que ce qui apparaîssait sur le moment ; la seconde, parce que beaucoup de choses ont été dites, dogmatiques d'un côté comme de l'autre, sous le feu de la passion, de la désinformation ou du mauvais aloi ; la troisième, parce que l'affaire Krishnamurti regorge des détails qui touchent directement à la question de l'occulte et qui ont très souvent été écartés.
Dans cette affaire, et étant donné que je me considère comme objectif vis-à-vis de la Société Théosophique ou de Krishnamurti (n'étant ni un disciple de la Société Théosophique, ni de Krishnamurti, ni d'une école quelle qu'elle soit, et ayant, qui plus est, étudié les enseignements des deux "partis"), il me semble profitable de revenir rapidement sur cette question.et lever certaines ambiguitës. Rappel historique
Jiddu Krishnamurti naquit en Inde en 1895. Huitième enfant d'une famille brahmine de dix enfants, il est nommé ainsi en souvenir de Krishna, huitème avatar de Vishnou dans la religion hindouiste. Sa mère mourra lorsqu'il eut atteint 10 ans. Son père, après la mort de sa femme et son entrée en retraite, demande à Annie Besant, qui dirige la Société Théosophique dont il est membre, de l'aider à nourrir sa famille. Le père, Krishnamurti et les autres enfants s'installent donc ainsi à Adyar (en Inde), lieu où la Société Théosophique lui offre un poste d'assistant au secrétariat. Un beau jour, encore enfant, Charles W. Leadbeater, clairvoyant et haut dignitaire de la Société Théosophique, voit en le jeune Krishnamurti une aura rayonnante et une absence totale d'égoïsme. Convaincu de voir en lui le futur "Instructeur du Monde", la Société Théosophique met en place un ordre spécifique (L'Ordre de l'Etoile d'Orient) afin de préparer l'enfant à l'enseignement spirituel et lui permettre d'être adombré par le Christ / Maitreya. Dans le cadre de cet ordre, l'enfant connaît une forte acculturation de culture britannique et devient véritablement entouré par des disciples théosophes de plus en plus nombreux. Recevant des enseignements par le biais du Maître Khout Houmi, et si l'enfant révèle une acuité extraordinaire pour la perception de la connaissance de l'être, un incident se produit. En effet, Krishnamurti répudie avec fermeté cette image messianique, et prononce en grand fracas, en 1929, la dissolution de l'organisation qui s'était constituée autour de lui. Il déclara alors que la vérité était "un pays sans chemin", dont l'accès ne passait par aucune religion, aucune philosophie ni aucune secte établies. Par la suite, le rayonnement de Krishnamurti fut mondial et sa philosophie, une sorte de nihilisme fondé sur la non-dualité, connaîtra un développement incroyable jusque dans les années 1980. Krishnamurti meurt en 1985.
La question se pose : que s'est-il passé ? Est-ce que Charles W. Leadbeater s'est trompé dans la perception de l'aura de Krishnamurti ? A-t-il été victime d'une illusion mentale ? Est-ce que Krishnamurti n'était qu'un disciple parmi d'autres avec une acuité intellectuelle notable ? Ou bien est-ce Krishnamurti qui a fait le choix de refuser la mission qui lui avait été confiée ? Ou bien est-ce Krishnamurti qui a chûté après avoir passé une initiation ? Toutes sortes d'interprétations ont été faites de ces événéments. Des plus ésotériques aux plus scabreuses, dignes des tabloïds britanniques d'aujourd'hu... De cette situation, la Société Théosophique connut une véritable claque : scissions, désaffection de nombreux disciples, "purge interne" des membres pour tenter de sauver les meubles, attaques vis-à-vis de Charles W. Leadbeater... Bref, le cataclysme dans la sphère théosophique est à la mesure de l'incompréhension totale... Analyse personnelle de la question
Il ne m'intéresse absolumment pas de réveiller la polémique, de la raviver ou d'y participer. Il me semble néanmoins intéressant d'apporter ma vision des choses sur cette question, et cela autour de trois axes de réflexion : d'abord, les enjeux mondiaux de l'époque pour l'Humanité, puis la responsabilité de la Société Théosophique dans cette affaire, et, enfin, la responsabilité de Krishnamurti dans ce choix. Contexte et enjeux mondiaux pour l'Humanité la période correspondante (1929) correspond à une période de fin de Cycle. Symbolisée, si j'ose dire, économiquement, par la fameuse crise internationale majeure (la première grande crise mondialisée du capitalisme moderne), un événement majeur devait y correspondre sur le plan spirituel : un échec, une cassure, une destruction de "l'ancien monde" ; l'Humanité était dans la période préparatoire aux terribles événements de l'âge obscure qui allait naître quelques années plus tard : l'avènement des idéologies totalitaires et la négation totale de l'Humanité dans ses retranchements les plus sombres ; des deux logiques événementielles précédentes, on peut tout à fait comprendre que, d'un point de vue global, l'incarnation (ou l'adombrement) d'un avatar n'était karmiquement pas faisable, et avec le recul, pas souhaitable ; la nécessité d'un enseignement ésotérique fort (une deuxième pierre) était néanmoins fortement souhaitable pour préparer l'avenir (et ceci avait commencé à être réalisé par le biais d'Alice Ann Bailey dès le début des années 1920) ; la destruction de l'ancien monde était ce qui devait être réalisée ; la focalisation sur la question de l'autonomie individuelle à développer (et la défense de la liberté absolue de l'individu), qui sont la base de la philosophie de Krishnamurti bien que n'allant pas jusqu'au bout du raisonnement (cf. Advaita), était une graîne nécessaire pour former une contrepartie à l'idéologie totalitaire qui était entrain de naître en Europe occidentale. Quelle responsabilité de la Société Théosophique ? Charles W. Leadbeater nous apparaît comme étant indépendant de l'affaire en tant que tel, sa sincérité ne nous semblant pas devoir être mise à mal : la captation de la capacité spirituelle de Krishnamurti a été effective et de fait prouvée par le rayonnement mondial et l'acuité intellectuelle de Krishnamurti pendant le 20ème siècle qui a suivi ; la mise en place d'un Ordre fermé autour de l'enfant n'a sans doute pas été de bon aloi, psychologiquement parlant, encourageant l'enfant Krishnamurti, par les nombreuses règles présentes, à désirer une liberté d'individu pour se libérer du joug procédural qui était mis en place ; la dévotion (ou bigoterie) de nombreux disciples théosophes de l'époque envers Krishnamurti n'a sans doute pas aider au niveau de la construction émotionnelle de l'enfant : le but de l'éducation de l'Ordre de l'Etoile d'Orient était de faire de Krishnamurti un être médiumniquement réceptif à l'adombrement du Christ / Maitreya ; dès lors, la présence dévotionnelle (bigote) de nombreux théosophes a sans doute dû perturber sa construction personnelle (à l'inverse de celle de "son âme") ; la Société Théosophique de l'époque devenait "sectaire" dans la pensée de certaines de ses unités nationales et locales (sectaire au sens de "fermée aux évolutions idéologiques") ; la preuve en est fait les nombreuses scissions qui ont précédé l'affaire Krishnamurti (création de l'Anthroposophie, de la Loge Unie des Théosophes, du Lucis Trust d'Alice Ann Bailey, etc.) ; l'affaire Krishnamurti nous apparaît comme un "juste retour karmique" envers la Société Théosophique en tant que structure (il ne s'agit en effet pas de jeter l'oprobre sur Mme Annie Besant ou Mgr Charles W. Leadbeater), structure qui devenait du "n'importe quoi" de par de nombreux "disciples" (ou nommés comme tels ?) non sincères dans leur approche spirituelle, ainsi que par un agencement institutionnel fermé, statique, cristalisé (évolution logique de toutes les institutions humaines qui finissent par se renfermer sur elles-mêmes). Quelle responsabilité de Jiddu Krishnamurti ? Krisnamurti a connu des premières approches d'adombrement du Christ / Maitreya qui ont été effectives mais n'a pas souhaité aller au-delà ; les motifs du refus de Krishnamurti n'étaient pas absolumment purs, quoiqu'en partie sans doute inconscients : psychologiquement, désir de se libérer de la contingence mise en place par l'Ordre de l'Etoile d'Orient ; sociologiquement, la volonté de se libérer du poids de la "mission" qu'on attendait de lui ; spirituellement, refus de l'Initiation du grand renoncement et de l'adombrement (qui était théoriquement et potentiellement réalisable) par le Christ / Maitreya ; Krishnamurti a sans doute refusé cet adombrement spirituel de par la peur (humainement légitime) que sous-entendait l'accueil du Christ en soi ; ayant passé l'initiation d'Arhat (nécessaire à l'adombrement christique), Krishnamurti s'est retrouvé "seul" (c'est une des conditions de cette initiation) dans sa faculté d'exercer des choix : il a fait le choix de raisonner selon l'enseignement de l'Advaita, l'une des voies les plus complexes de la philosophie hindoue, qui lui avait permis de s'émanciper dans sa vie antérieure ; la conjonction des poids psychologique et sociologique, d'une part, mais surtout la faculté du choix "dans la solitude" (de l'Arhat) couplé à l'angoisse de l'adombrement christique, ont conduit Krishnamurti à refuser la voie du Service qui lui était proposée ; Krishnamurti n'était sans doute pas entièrement conscient, de par sans doute une humilité spirituelle réelle mais pas parfaitement assimilée, à l'image d'un "Parsifal", que son enseignement dispensé aux individus/disciples, n'était pas attitré pour l'émancipation spirituelle de l'Humanité.
Pour appuyer ces composantes (qui s'interpénètrent et qui doivent être relativisée dans leur juste mesure), merci de consulter deux extraits d'un ouvrage dont je tairai la référence, et que j'ai reproduits dans les deux points suivants ("Le problème que pose la pensée de Krishnamurti" et "Quelle implication ésotérique des choix de Krishnamurti").
suite http://miroir.urobore.net/index.php/L-affaire-krishnamurti | |
| | | Kheirëdd Invité
| Sujet: Krishnamurti Sam 07 Juil 2007, 13:11 | |
| Messages de Krishnamurti Un sage contemporain qui ne cherche à enfermer dans aucune doctrine ou système de pensée. Son but avoué : chercher à interpeller, donner le déclic à votre esprit pour que celui-ci progresse à chaque instant. Les théosophes voulurent en faire leur prophète, il refusa. Krishnamurti n'a jamais cherché le pouvoir et l'adoration. Il ne se réclame d'aucun dogme ni d'aucune religion. Il s'adresse à chacun. Des dizaines d'ouvrages relatent son enseignement. Pourtant, ce qu'il explique est simple et limpide : sans doute est-ce pour cela que l'humain a tant de mal à accepter la sagesse. " L'introspection est un processus qui n'aboutit à aucune délivrance parce qu'il consiste à vouloir transformer ce qui "est" en quelque chose que cela n'est pas. En cette action il y a toujours un processus cumulatif, le "je" examinant quelque chose dans le but de le changer. Il y a donc là, toujours, le conflit d'une dualité, c'est-à-dire un processus de frustration, lequel ne se libère jamais. Et parce qu'on ressent cette frustration, l'on est déprimé. La lucidité est toute autre chose. C'est un état de perception qui ne comporte ni condamnation, ni identification, mais est silencieux et permet, par conséquent, de se comprendre". " Il est difficile de simplement admettre "je suis seul", sans ajouter " comment me débarrasser de cette solitude ?" ce qui serait un évasion. Il est difficile d'être parfaitement conscient de cet état et d'y demeurer. " " Après tout, en amour il n'y a pas de relations, n'est-ce pas ? Si, aimant une personne, vous en attendez quelque chose en retour, il y a une relation. Mais si, aimant, vous vous donnez entièrement, il n'y a pas de relation. " " La guerre est la projection spectaculaire et sanglante de notre vie quotidienne. Elle n'est que l'expression de notre état intérieur, un élargissement de nos actions habituelles. Encore qu'elle soit plus spectaculaire, plus sanglante, plus destructrice que nos activités individuelles, elle en est le résultat collectif. " " Pour mettre fin à la guerre extérieure, vous devez commencer par mettre fin à la guerre en vous-même. Certains d'entre vous opineront du bonnet et diront "je suis d'accord" puis sortiront d'ici et feront exactement ce qu'ils ont fait au cours de ces dix ou vingt dernières années. Votre acquiescement n'est que verbal et n'a aucune valeur ; car les misères du monde et les guerres ne seront pas mises en échec par lui. Elles ne le seront que lorsque vous vous rendrez compte du danger, lorsque vous prendrez conscience de votre responsabilité, lorsque vous ne la rejetterez pas sur d'autres. " " L'autorité nous empêche de nous connaître. Sous l'égide d'un guide spirituel nous pouvons temporairement éprouver un sens de sécurité et de bien-être mais qui n'est pas la connaissance du processus total de nous-mêmes. L'autorité, de par sa nature, nous empêche d'être lucides quant à notre être intérieur et détruit de ce fait la liberté, la liberté en dehors de laquelle il n'y a pas de création. L'état créateur n'existe qu'en la connaissance de soi. " " Pour être à même de découvrir du neuf, d'éprouver quelque chose qui ne soit pas une projection de votre imagination, votre esprit doit être libre, n'est-ce pas ? Il doit être capable de voir ce qui est neuf, sans encombrer chaque fois sa vision de toute l'information que vous possédez déjà, de vos connaissances, de vos souvenirs. " " La contradiction n'existe que lorsque l'esprit a un point fixe de désir, c'est-à-dire qu'au lieu de considérer tous les désirs comment étant mouvants, transitoires, il s'empare de l'un d'eux et en fait une aspiration permanente. " " La réalité, la vérité, n'est pas quelque chose que l'on puisse reconnaître. Pour que survienne la vérité, il faut qu'aient disparu les croyances, les connaissances, les expériences, la poursuite de la vertu. Tout cela doit s'en aller. La personne vertueuse et consciente de poursuivre la vertu ne peut jamais trouver la réalité." " Le principe de la défense engendre l'offense. Je veux une sécurité physique, donc je crée un état souverain, lequel a besoin de forces armées, qui impliquent la guerre, qui détruit la sécurité. Partout où existe un désir de se protéger, la peur surgit. " " Il n'est pas facile de s'observer passivement : si l'on y parvient, on commence à comprendre tout le processus des sentiments et des pensées. Lorsqu'on vit en toute lucidité la signification complète de la contradiction intérieure, il se produit un changement extraordinaire car alors "on est soi-même", on n'est pas quelque chose qu'on essaye d'être. On ne suit plus un idéal, on ne cherche pas le bonheur, on est ce que l'on est, et de là on peut repartir. Alors il n'y a pas de possibilité de contradiction. " http://www.eslaria.com/messages-spirituels.htm |
| | | AMBRE
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| Sujet: Re: Krishnamurti Ven 09 Nov 2007, 08:58 | |
| “Dernier Journal” De J. Krishnamurti 9, novembre , 2007 Commentaire Share This
AVANT-PROPOS Ce livre est unique car c'est le seul de toute son oeuvre écrite que Krishnamurti ait enregistré oralement sur un magnétophone, quand il se trouvait seul. Après le succès de son journal, publié en 1982, Krishnamurti fut encouragé à écrire une suite, mais, à quatre-vingt-sept ans, sa main n'était plus aussi ferme, et il lui fut suggéré, afin d'éviter la fatigue de l'écriture, de dicter son texte. Cette idée lui plut. Néanmoins, il ne put commencer immédiatement, étant sur le point de partir pour l'Inde où il n'aurait pas le temps et la tranquillité de s'y consacrer. À son retour en Californie en février 1983, il dicta les premiers textes contenus dans ce volume sur un magnétophone Sony. Tous les textes, à l'exception d'un seul, furent enregistrés chez lui, à Pine Cottage, dans la vallée d'Ojai, à environ quatre-vingt kilomètres au nord de Los Angeles. Il les dictait le matin dans la tranquillité de sa chambre, après son petit déjeuner, heure à laquelle il n'était pas dérangé. Krishnamurti séjourna pour la première fois à Pine Cottage avec son frère en 1922. L'endroit lui avait été prêté par un ami, et c'est là, en août 1922, qu'il vécut une expérience spirituelle qui bouleversa sa vie. Peu après, une société fut fondée dans le but de réunir suffisamment d'argent pour acquérir le cottage et son terrain d'un peu plus de deux hectares. En 1978, une belle maison fut construite auprès du cottage dans lequel Krishnamurti conservait sa chambre et son petit salon d'origine. Les textes dictés n'étaient pas aussi travaillés que ses écrits, et, parfois, sa voix se perdait. Pour plus de clarté, ce livre a donc demandé, contrairement aux Carnets et au journal, un léger travail éditorial. À la lecture de ces textes, on se sent très proche de Krishnamurti, on a même parfois l'impression de pénétrer sa pensée. À certains endroits, il introduit un visiteur imaginaire venu pour le questionner et le faire parler. Il y a ici l'essence de l'enseignement de Krishnamurti. D'aucuns, qui le considèrent non seulement comme un philosophe, mais aussi comme un poète, trouveront, dans les descriptions de la nature par lesquelles commencent la plupart de ses textes, l'apaisement de l'être qui les rendra réceptifs à ce qui suit. S'il y a des répétitions, celles-ci semblent nécessaires pour souligner le sens de ses propos, et elles démontrent aisément que chaque jour était pour lui complètement neuf, libre du poids du passé. Il est curieux que le dernier morceau, peut-être le plus beau du recueil, traite de la mort. C'est la dernière fois que nous entendrons Krishnamurti s'adressant à lui-même. Deux ans plus tard, il mourra dans cette même chambre de Pine Cottage. Ojai, Californie Vendredi 26 février 1983 "Près de la rivière, il y a un arbre que nous avons regardé jour après jour, pendant plusieurs semaines, au lever du soleil. Quand l'astre s'élève lentement au-dessus de l'horizon, au-dessus des bois, l'arbre devient brusquement tout doré. Toutes ses feuilles rayonnent de vie, et vous voyez, au fil des heures, une qualité extraordinaire émaner de lui (son nom importe peu, ce qui compte, c'est ce bel arbre); elle semble s'étendre par tout le pays, au-delà de la rivière. Le soleil monte encore un peu, et les feuilles se mettent à frissonner, à danser. Avant l'aube, l'arbre est sombre, silencieux et distant, empreint de dignité. Au point du jour, les feuilles illuminées et dansantes, il vous donne le sentiment de percevoir une grande beauté. Vers midi, son ombre est profonde, et vous pouvez vous y asseoir à l'abri du soleil. Alors s'établit un rapport profond, immuable et sécurisant, avec une liberté que seuls les arbres connaissent. Vers le soir, quand le soleil couchant illumine l'ouest, l'arbre peu à peu s'assombrit, se referme sur lui-même. Le ciel est rouge, jaune, vert, mais l'arbre reste silencieux, retranché, il se repose pour la nuit. Si vous établissez un rapport avec lui, vous êtes en rapport avec l'humanité. Vous devenez responsable de cet arbre et de tous les arbres du monde. Mais si vous n'êtes pas en relation avec les êtres vivants de la terre, vous risquez de perdre votre rapport à l'humanité, aux êtres humains. Nous n'observons jamais profondément la qualité d'un arbre; nous ne le touchons jamais pour sentir sa solidité, la rugosité de son écorce, pour écouter le bruit qui lui est propre. Non pas le bruit du vent dans les feuilles, ni la brise du matin qui les fait bruisser, mais un son propre, le son du tronc, et le son silencieux des racines. il faut être extrêmement sensible pour entendre ce son. Ce n'est pas le bruit du monde, du bavardage de la pensée, ni celui des querelles humaines et des guerres, mais le son propre de l'univers. Il est curieux que nous ayons si peu de rapports avec la nature, avec les insectes, la grenouille bondissante, et le hibou qui hulule d'une colline à l'autre, appelant un compagnon. Il semble que nous n'éprouvions pas de sentiment à l'égard de tous les êtres vivants de la terre. Si nous pouvions établir une relation profonde et durable avec la nature, nous ne tuerions jamais d'animaux pour nous nourrir, nous ne ferions jamais de mal aux singes, aux chiens ou aux cochons d'Inde en pratiquant la vivisection dans notre seul intérêt. Nous trouverions d'autres moyens de soigner nos blessures et de guérir nos maladies. Mais la guérison de l'esprit est tout autre chose. Cette guérison s'opère peu à peu au contact de la nature, de l'orange sur sa branche, du brin d'herbe qui se fraie un passage dans le ciment, et des collines couvertes, cachées par les nuages. Ce n'est pas le produit d'une imagination sentimentale ou romantique, c'est la réalité de celui qui est en relation avec tous les êtres vivants et animés de la terre. L'homme a massacré des millions de baleines et il en tue encore. il y a d'autres moyens d'obtenir tout ce pourquoi il les massacre. Mais apparemment il adore tuer le cerf fuyant, la merveilleuse gazelle et le grand éléphant. Nous aimons aussi nous tuer les uns les autres. Depuis le début de leur histoire sur la terre, les êtres humains n'ont jamais cessé de s'entre-tuer. Si nous parvenions, et nous le devons, à établir une relation immuable avec la nature, avec les arbres, les buissons, les fleurs, l'herbe et les nuages - alors nous ne tuerions jamais un être humain pour quelque raison que ce soit. La tuerie organisée, c'est la guerre. Bien que nous manifestions contre des formes de guerre particulières, nucléaire ou autre, nous n'avons jamais manifesté contre la guerre. Nous n'avons jamais dit que tuer un autre être humain est le plus grand péché de la terre. (
) Plusieurs problèmes sous-tendent celui-ci: premièrement, la question de l'immortalité. L'immortalité existe-t-elle ? Ce qui n'est pas mortel ne connaît pas la mort. L'immortel demeure, au-delà du temps, complètement inconscient d'une telle fin. Le moi est-il immortel, ou connaît-il une fin ? Le moi ne peut devenir immortel. Le je et tous ses attributs se constituent dans le temps, qui est la pensée ; jamais il ne sera immortel. On peut bien inventer une idée de l'immortalité, une image, un dieu, une représentation, et y tenir pour y trouver du réconfort, mais là n'est pas l'immortalité. Deuxième question, un peu plus complexe - est-il possible de vivre avec la mort ? Non pas avec morbidité, ni de façon auto destructrice. Pourquoi avons-nous séparé la vie de la mort ? La mort fait partie de notre existence. Le vivant et le mourant sont inséparables et se suivent inexorablement. Pourquoi séparer l'envie, la colère, la tristesse, la solitude et le plaisir que nous éprouvons, de ce qu'on appelle la mort ? Pourquoi les gardons-nous à des miles de distance, des années-lumière les uns des autres ? Nous acceptons la mort d'un vieil homme, qui est naturelle. Mais si quelqu'un de jeune meurt dans un accident, ou atteint d'une maladie, nous nous révoltons contre la mort. Nous disons que c'est injuste, que cela ne devrait pas être. Voilà ce qu'il nous faut examiner, non pas comme un problème, mais en en cherchant et en observant les implications, et sans se faire d'illusions. Se pose aussi la question du temps - le temps qu'il faut pour vivre, pour apprendre, pour amasser, pour agir, pour faire quelque chose, et puis la fin du temps connu - le temps qui sépare le vivre du finir. Dès qu'il y a séparation, division, entre "ici" et "là", entre ce qui est" et "ce qui devrait être", cela implique le temps. il me semble significatif que nous maintenions la division entre cette prétendue mort et ce que nous appelons la vie. C'est à mes yeux un facteur décisif. La peur surgit lorsqu'il y a une telle séparation. On fait alors un effort pour surmonter cette peur, en recherchant le confort, la satisfaction, un sentiment de continuité. (Il s'agit ici bien sûr du domaine psychologique et non pas de la réalité physique ou technique.) Le moi s'est constitué dans le temps, et il est maintenu par la pensée. Si seulement nous pouvions nous rendre compte de ce que signifient, sur le plan psychologique, le temps et la division, la séparation des hommes, des races, des cultures, opposés les uns aux autres. Cette séparation provient aussi de la pensée et du temps, comme la division entre vie et mort. Vivre avec la mort dans la vie impliquerait un profond changement dans notre conception de l'existence. Mettre fin à l'attachement sans limite, sans motif, et sans faire intervenir le temps, c'est mourir alors qu'on est encore en vie. L'amour ne connaît pas le temps. L'amour n'appartient ni à vous ni à moi, il n'est jamais personnel; on peut aimer une personne, mais lorsqu'on limite ce sentiment à un seul être, il cesse d'être de l'amour. Dans l'amour véritable, il n'y a pas de place pour les divisions du temps, de la pensée, et de toutes les complexités de la vie, ni pour toutes les misères, les confusions, l'incertitude, les jalousies et les angoisses humaines. Il faut faire très attention au temps et à la pensée. Cela ne veut pas dire que nous devons vivre uniquement dans le présent, ce serait une absurdité. Le temps est le passé, modifié, qui continue dans le futur. C'est un continuum auquel la pensée s'accroche. Elle s'attache ainsi à quelque chose qu'elle a créé de toutes pièces. L'écureuil est revenu. Il s'est absenté quelques heures et se retrouve sur la branche, grignotant quelque chose. Il observe, écoute, étonnamment alerte, vivant, conscient, tremblant d'excitation. Il va et vient, sans vous dire où il va ni quand il reviendra. Et le jour devient plus chaud, la tourterelle et les oiseaux sont partis. Seuls quelques pigeons volent en groupes d'un endroit à l'autre. On entend le froissement de leurs ailes qui battent l'air. Il y avait ici un renard, mais nous ne l'avons pas vu depuis longtemps. Il est probablement parti pour toujours, l'endroit est trop habité. On trouve aussi beaucoup de rongeurs, mais les gens sont dangereux et celui-ci est un petit écureuil timide, aussi capricieux que l'hirondelle. Alors que la continuité n'existe nulle part, sauf dans la mémoire, existe-t-il dans l'être humain, dans son cerveau, un endroit, une zone, petite ou grande, d'où la mémoire soit absente, qu'elle n'ait jamais effleurée ? Il vaut la peine d'observer tout cela, d'avancer sainement, rationnellement, de voir la complexité et les replis de la mémoire ainsi que sa continuité qui est, somme toute, le savoir. Le savoir est toujours dans le passé, il est le passé. Le passé est une immense mémoire accumulée, la tradition. Et quand on a examiné tout cela avec soin, sainement, la question inévitable est celle-ci : existe-t-il une zone dans le cerveau, dans la profondeur de ses replis, ou dans la nature et la structure intérieure de l'homme et non dans ses activités extérieures, qui ne soit pas le résultat de la mémoire et du mouvement de la continuité ? Les collines et les arbres, les prairies et les bois dureront aussi longtemps que la terre, à moins que l'homme ne les détruise par cruauté et désespoir. Le ruisseau, la source d'où il vient, ont une continuité, mais nous ne nous demandons jamais si les collines et l'au-delà des collines ont leur propre continuité. S'il n'y a pas de continuité, qu'y a-t-il ? Il n'y a rien. Nous avons peur de n'être rien. Rien signifie q u aucun objet n'existe. Aucun objet assemblé par la pensée, rien qui puisse être reconstitué par la mémoire, les souvenirs, rien qui puisse se décrire par les mots puis se mesurer. Il se trouve certainement, sûrement, un domaine dans lequel le passé ne projette pas son ombre, où le temps, le passé, le futur ou le présent ne signifient rien. Nous avons toujours essayé de mesurer par des mots ce que nous ne connaissons pas. Nous essayons de comprendre ce que nous ignorons en l'affublant de mots, le transformant ainsi en un bruit continu. Et ainsi encombrons-nous notre cerveau, déjà plein d'événements passés, d'expériences et de savoir. Nous pensons que le savoir est d'une grande importance psychologique, mais cela est faux. Il est impossible de croître par le savoir ; il faut que le savoir cesse pour que le neuf puisse exister. Neuf est un mot qui qualifie ce qui n'a jamais été auparavant. Et ce domaine ne peut être compris ou saisi par des mots ou des symboles: il est au-delà de tous les souvenirs. | |
| | | AMBRE
Nombre de messages : 5418 Date de naissance : 14/08/1962 Age : 61 Localisation : Belgique Date d'inscription : 25/05/2007
| Sujet: Re: Krishnamurti Ven 09 Nov 2007, 08:58 | |
| Mardi 19 avril 1983 Cet hiver, il a plu presque constamment depuis trois mois. La Californie a un climat assez extravagant. La terre y est noyée de pluies ou subit une sécheresse absolue. Il y a eu de grands orages et quelques rares jours de soleil. Hier il a plu toute la journée et ce matin les nuages sont bas et le temps est plutôt triste. La pluie d'hier a battu toutes les feuilles. La terre est très mouillée. Les arbres et ce magnifique chêne doivent se demander ce qu'est devenu le soleil. Ce matin, alors que les nuages cachent les montagnes et les collines presque jusqu'au fond de la vallée, surgit la question: que signifie être sérieux ? À quoi correspondrait un esprit ou un cerveau très calme et sérieux? Sommes-nous jamais sérieux? Ou vivons-nous toujours dans un monde de superficialité, allant de-ci de-là, nous battant, nous disputant violemment au sujet de choses triviales.
Que serait un cerveau très éveillé, non limité par ses propres pensées, ses souvenirs, ses évocations ? Qui serait libre de toute l'agitation de la vie, de la douleur, de l'angoisse et de la souffrance sans fin ? Pourrait-il exister un esprit totalement libre, qui ne soit pas déformé par les influences, par l'expérience et par l'immense accumulation de savoir ? Le savoir est du temps ; apprendre exige du temps. Pour apprendre à jouer du violon, il faut une patience infinie, des mois d'exercices, des années de concentration fervente. Acquérir un savoir-faire, devenir un athlète, créer un bon moteur ou se rendre sur la lune, tout cela exige du temps. Mais y a-t-il quelque chose à apprendre au sujet de la psyché, de ce que nous sommes, toutes les inconstances, les complexités de nos actions, de nos réactions, l'espoir, l'échec, la peine et la joie, qu'y a-t-il à apprendre dans tout cela ? Ainsi que nous l'avons dit, dans un certain domaine de notre existence physique, il faut du temps pour recueillir le savoir et agir à partir de celui-ci. Serait-ce que nous utilisons ce même principe, ce même mouvement du temps, dans le monde psychologique ? Là aussi, nous nous disons que nous devons apprendre ce qui se passe en nous, nos réactions, notre comportement, nos exaltations et nos dépressions, nos idéations; nous pensons que cette connaissance aussi exige du temps.
On peut étudier ce qui est limité, mais pas l'illimité. Et nous nous essayons alors à étudier le champ entier du psychisme, et disons que cela exige du temps. Mais dans ce domaine le temps est peut-être une illusion, il peut être un ennemi. La pensée crée l'illusion, et cette illusion évolue, grandit et s'étend. Il est probable que l'illusion de toute l'activité religieuse a commencé très simplement, et maintenant voyez où elle en est, avec cet immense pouvoir, ces possessions, cette grande accumulation d'oeuvres d'art, de richesses, et cette hiérarchie religieuse qui exige l'obéissance et vous exhorte à une plus grande foi. Tout cela est l'évolution de l'illusion, son expansion et sa culture qui se sont développées au cours des siècles. Et le psychisme est tout le contenu de la conscience, la mémoire de toutes choses passées et mortes. Nous attachons une telle importance à la mémoire ! Le psychisme est mémoire. Toute tradition n'est en fait que le passé. Nous nous y attachons désespérément, cherchons à la connaître dans tous ses aspects, pensant que cette étude exige du temps, comme celle des autres domaines.
Je me demande si nous nous posons jamais la question d'un arrêt possible du temps - le temps de devenir, le temps de s'accomplir. Y a-t-il quoi que ce soit à apprendre à ce sujet ? Ou peut-on voir que le mouvement entier de cette mémoire illusoire, qui semble si réelle, peut prendre fin ? Si le temps peut s'arrêter, quelle est alors la relation entre ce qui est au-delà du temps et toutes les activités physiques du cerveau, telles que la mémoire, le savoir, les souvenirs et les expériences ? Quel rapport y a-t-il entre ces deux domaines ? Comme nous l'avons souvent dit, le savoir et la pensée sont limités. Ce qui est limité ne peut avoir de relation avec l'illimité. Toutefois, l'illimité peut avoir une sorte de rapport avec ce qui est limité, mais cette communication sera toujours partielle, étroite et fragmentaire. Si l'on a l'esprit mercantile, on peut se demander l'utilité de tout ceci, l'utilité de l'illimité, en quoi cela peut être utile à l'homme. Nous voulons toujours une récompense. Nous vivons sur le principe de la punition et de la récompense, comme des chiens dressés que l'on récompense quand ils obéissent. Et nous sommes presque semblables à eux puisque nous voulons être récompensés pour nos actions, notre obéissance, etc. Une telle exigence naît du cerveau limité.
Le cerveau est le centre de la pensée, laquelle est toujours limitée, en toutes circonstances. Elle peut inventer l'extraordinaire, le théorique, l'incommensurable, mais son invention sera toujours limitée. Voilà pourquoi il faut être complètement libre à l'égard du travail et du labeur de la vie, comme de l'activité égocentrique, pour que l'illimité puisse être. L'incommensurable ne peut se mesurer par des mots. Nous essayons toujours de l'inclure dans le cadre des mots, pourtant le symbole n'est pas ce qui est. Mais nous vénérons le symbole, vivant ainsi toujours dans une condition limitée. Comme les nuages sont en suspens au-dessus des arbres et que les oiseaux se taisent dans l'attente de l'orage, ce matin convient à une réflexion sérieuse, remettant en question l'existence toute entière, les dieux eux-mêmes et toute l'activité humaine. Nos vies sont si courtes, et durant ce petit laps de temps il n'y a rien à apprendre sur le champ du psychisme, le mouvement de la mémoire ; nous ne pouvons que l'observer. L'observer sans mouvement de la pensée, l'observer sans le temps, sans savoir passé, sans l'observateur qui est l'essence du passé. Simplement regarder. Regarder ces nuages qui se forment et se reforment, les arbres, les petits oiseaux. Tout cela fait partie de la vie.
Quand on regarde attentivement, assidûment, il n'y a rien à apprendre. Il n'y a que cet immense espace, le silence et le vide, l'énergie dévorante.
Vendredi 30 mars 1984 Ce matin, nous descendions sur la route. C'était le printemps et le ciel était exceptionnellement bleu, sans le moindre nuage, le soleil chaud sans excès. On se sentait bien. Les feuilles brillaient dans l'air étincelant. Tout était vraiment d'une beauté extraordinaire. La haute montagne était là, impénétrable, entourée de collines verdoyantes. Comme nous marchions tranquillement, sans trop penser, nous avons aperçu à nos pieds une feuille morte, marquée de jaune et de rouge éclatant, une feuille d'automne. Comme elle était belle, si simple dans sa mort, si vivante, pleine de la beauté de la vitalité de son arbre, de l'été. Elle ne s'était pas fanée. En la regardant de près, on pouvait distinguer toutes ses nervures, sa tige et sa forme parfaite. Dans cette feuille s'inscrivait l'arbre entier. Pourquoi les hommes meurent-ils si lamentablement, dans une telle affliction, dans la maladie, les infirmités du grand âge, la sénilité et cette affreuse décrépitude du corps ? Pourquoi ne peuvent-ils pas mourir naturellement, aussi beaux dans la mort que cette feuille ? Qu'est-ce qui ne va pas en nous ? Malgré le grand nombre de médecins, les médicaments et les hôpitaux, les opérations et tous les efforts de l'existence comme ses plaisirs, nous ne semblons pas capables de mourir dans la dignité et la simplicité, avec le sourire.
Un jour que nous marchions le long d'un chemin, nous avons entendu derrière nous une psalmodie mélodieuse, rythmée, empreinte de la force immémoriale du sanskrit. Nous étant arrêtés, nous avons vu le fils aîné, nu jusqu'à la taille, qui portait un récipient de terre cuite dans lequel brûlait un feu. Derrière lui venaient deux hommes portant son père mort, dont le corps était recouvert d'un linceul blanc. Tous marchaient en psalmodiant et, comme nous connaissions ce chant, nous avons failli nous joindre à eux. Comme ils nous dépassaient, nous les avons suivis quand ils ont descendu la route, toujours psalmodiant. Le fils aîné pleurait. Ils ont porté le père jusqu'au rivage où ils avaient déjà amassé un grand tas de bois. Ayant posé le corps au sommet de ce tas, ils y ont mis le feu. Tout était si naturel, si extraordinairement simple. Point de fleurs, de corbillard, point de voiture attelée de chevaux noirs. Tout cela se déroulait dans un grand calme, dans une parfaite dignité. Et devant cette feuille surgissaient à l'esprit les milliers de feuilles de l'arbre. L'hiver l'avait conduite de sa branche-mère jusqu'à ce chemin où elle se dessécherait complètement, se fanerait pour disparaître, emportée par les vents, perdue pour toujours. Comme on enseigne aux enfants les mathématiques, l'écriture, la lecture et tout ce qui a trait à l'acquisition du savoir, il faudrait aussi leur apprendre la grande dignité de la mort. Elle n'est pas une chose morbide et douloureuse à laquelle nous sommes confrontés un jour ou l'autre, mais fait partie de la vie de chaque jour - comme le regard que l'on porte sur le ciel bleu ou la sauterelle posée sur une feuille. Elle fait partie de l'apprentissage de la vie, comme la poussée des dents et les maladies infantiles avec leurs fièvres. Les enfants sont doués d'une extraordinaire curiosité.
Si vous comprenez la nature de la mort, vous n'aurez pas à indiquer que tout meurt, que la poussière retourne à la poussière, mais, sans aucune peur, vous leur expliquerez doucement la mort. Vous leur ferez sentir que vivre et mourir ne font qu'un, ne sont qu'un seul mouvement qui ne commence pas à la fin de la vie après cinquante, soixante ou quatre-vingt-dix ans, mais que la mort est comme cette feuille. Voyez les hommes et les femmes âgés, comme ils sont décrépits, perdus, malheureux, comme ils sont laids. Serait-ce qu'ils n'ont pas compris ce que signifie vivre ou mourir ? Ils ont utilisé la vie, s'en sont servis, l'ont gaspillée dans le conflit sans fin qui ne fait qu'exercer et fortifier la personne, le moi, l'ego. Nous passons nos jours en conflits et malheurs de toutes sortes, parsemés d'un peu de joie et de plaisir, mangeant, buvant, fumant, dans les veilles et le travail incessant. Et, à la fin de notre vie, nous nous trouvons face à cette chose qu'on appelle la mort et dont on a peur. Et l'on pense qu'elle pourra toujours être comprise et ressentie en profondeur.
L'enfant, avec sa curiosité, peut être amené à comprendre que la mort n'est pas seulement l'usure du corps par l'âge, la maladie, ou quelque accident inattendu, mais que la fin de chaque jour est aussi la fin de soi-même. Il n'y a pas de résurrection, c'est là une superstition, une croyance dogmatique. Tout ce qui existe sur terre, sur cette merveilleuse terre, vit, meurt, prend forme, puis se fane et disparaît. Il faut de l'intelligence pour saisir tout ce mouvement de la vie, et ce n'est pas l'intelligence de la pensée, des livres ou du savoir, mais l'intelligence de l'amour, de la compassion avec sa sensibilité. Nous sommes tout à fait certains que si l'éducateur comprend la signification de la mort et sa dignité, l'extraordinaire simplicité de mourir - s'il la comprend, non pas intellectuellement mais en profondeur - il parviendra alors à faire saisir à l'étudiant ou à l'enfant que mourir, finir, n'a pas à être évité car cela fait partie de notre vie entière. Ainsi, quand l'étudiant ou l'enfant grandira, il n'aura jamais peur de sa fin. Si tous les humains qui nous ont précédés, de génération en génération, vivaient encore sur cette terre, ce serait terrible.
Le commencement n'est pas la fin. Et nous voudrions aider - non, ce n'est pas le mot juste - nous aimerions, dans l'éducation, donner à la mort une certaine réalité factuelle, non pas la mort d'un autre, mais la nôtre. jeunes ou vieux, nous devrons inévitablement lui faire face. Ce n'est pas une chose triste, faite de larmes, de solitude, de séparation. Nous tuons si facilement, non seulement les animaux destinés à notre alimentation, mais encore ceux que nous massacrons inutilement, par divertissement - on appelle cela un sport. Tuer un cerf, parce que c'est la saison, équivaut à tuer son voisin. On tue les animaux parce que l'on a perdu contact avec la nature, avec les créatures qui vivent sur cette terre. On tue à la guerre au nom de tant d'idéologies romantiques, nationalistes ou politiques. Nous avons tué des hommes au nom de Dieu. La violence et la tuerie vont de pair. Et devant cette feuille morte dans toute sa beauté, sa couleur, peut-être pourrions-nous être conscients au plus profond de nous-mêmes, saisir ce que doit être notre propre mort, non pas à la fin ultime, mais au tout début de notre vie.
La mort n'est pas une chose horrible, une chose à éviter, à différer, mais plutôt une compagne de chaque jour. De cette perception naît alors un sens extraordinaire de l'immensité.
http://www.supramentale.com/articles/dernier-journal-de-j-krishnamurti.html#comment-86 | |
| | | Sinbuck
Nombre de messages : 25 Date de naissance : 22/08/1974 Age : 49 Localisation : Castelnaudary (Fr-11) Date d'inscription : 03/01/2008
| Sujet: Re: Krishnamurti Ven 04 Jan 2008, 23:56 | |
| Bonsoir, Morya dit que J.Krishnamurti était un initié de degré 5... Ce qu'il enseignait était de "trop haut niveau" pour l'époque et c'est vrai qu'il refusa de "repecter le plan" de la Hiérarchie. Pour Morya c'était une erreur que de parcourir seul cette route au cours de son incarnation. Comme son Karma est réglé depuis longtemps, il ne "paye pas de dette", mais selon Morya, il effectue (actuellement, au milieu des années 90) un certain travail pour "réparer cette faute"... Bien à vous, SINBUCK. | |
| | | AMBRE
Nombre de messages : 5418 Date de naissance : 14/08/1962 Age : 61 Localisation : Belgique Date d'inscription : 25/05/2007
| Sujet: Re: Krishnamurti Jeu 05 Nov 2009, 22:21 | |
| U.G. : l'autre Krishnamurti Texte déjà proposé icihttps://antahkarana.forumactif.com/l-eveil-de-la-kundalini-f5/pertinences-impertinentes-t1084.htm?highlight=pertinences+impertinentesque je remonte après réflexion.....vu l intitulé proposé par Archétype :Si l’enseignement est faux, c’est que les maîtres sont faux...mercredi 4 novembre 2009 par Archétype(Source : meditation-pratique.blogspot.com) Uppaluri Gopala Krishnamurti : l’éveillé impertinentUppaluri Gopala Krishnamurti : l'éveillé impertinentEntretien de Joël Labruyère avec Charles Antoni qui a publié Pertinences Impertinentes, un témoignage de sa rencontre avec Uppaluri-Gopala Krishnamurti, «anti-gourou» indien. <BLOCKQUOTE> «Que l'Inde produise des gens comme moi, puis les proclame "illuminés" est la preuve qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans cette contrée. Si l'enseignement est faux, c'est que les maîtres sont faux. C'est la raison pour laquelle j'ai dû tout rejeter en bloc. Certes, j'ai pratiqué ce que disent les livres. J'ai étudié le vedanta, mais je l'ai rejeté par la suite, car il n'y a rien dedans. J'ai été confronté à quelque chose de radicalement différent de ce que j'avais été éduqué à croire, de ce que je pouvais penser, sentir et expérimenter.» U. G.</BLOCKQUOTE> Joël Labruyère: Originaire de l'Inde, U. G. Krishnamurti (à ne pas confondre avec l'autre Krishnamurti, mondialement célèbre) est assez peu connu. Gopala ne veut pas être importuné, et vous êtes le dernier à l'avoir rencontré pour lui soutirer quelques confidences. Peut-on dire de ce personnage qu'il est une sorte d'anti-gourou? Charles Antoni: U.G. est un personnage au-delà de toutes les normes. C'est un anti-tout. Il vient de Madras où il fut élevé dans le cadre de la Société Théosophique. Ses parents, qui lui prédisaient un destin particulier, l'avaient mis dans une école théosophique pour qu'il bénéficie d'un environnement privilégié. Il a suivi l'évolution de Krishnamurti, l'enfant chéri des théosophes, élevé pour devenir le messie du vingtième siècle, mais qui leur a cassé la baraque en rejetant toute autorité spirituelle. Cela lui a sans doute montré la voie. U.G. a poursuivi sa recherche en rencontrant d'autres maîtres tel Ramana Maharshi, mais je crois que Krishnamurti l'a beaucoup influencé. Après la rupture de Krish-namurti avec la sphère des «maîtres», U.G. a conclu que tout cela n'était qu'un fatras. Joël Labruyère: Krishnamurti a dit: «J'ai pulvérisé le rocher sur lequel j'ai grandi», et «il n'y a pas de chemin qui conduit à la vérité.» UG ne veut-il pas à en rajouter une couche? Charles Antoni: Oui, dans la foulée, on peut dire qu'U.G. a voulu pulvériser Krishnamurti également, du moins en paroles. U.G. pense que Krishnamurti s'est malgré tout cantonné dans une position d'autorité, tout en rejetant toutes les autorités. Quant à lui, U.G. rejette radicalement toutes les spiritualités. Il pense que cela ne mène nulle part. Il rejette également le matérialisme, ce qui signifie qu'il ne reste pas grand chose. C'est pourquoi U.G. peut être dangereux pour des personnes qui n'ont pas assez navigué à travers les doctrines spirituelles. Tout à coup, on ne sait plus à quel saint se vouer. Si tout est bidon, où sont les bornes pour se tenir debout? Par contre, l'expérience d'U.G est instructive pour un chercheur qui s'est cassé la figure sur les peaux de bananes du supermarché spiritualiste. Joël Labruyère: Quelle est l'idée dominante qui ressort de la démarche d'U.G.? Charles Antoni: Il dit qu'on a très peu de chance d'arriver à quelque chose. Son idée, c'est de retrouver l'état naturel, ce que nous sommes tout simplement. Il ne s'agit pas de retourner à l'état animal, mais de ne prendre en compte que les besoins naturels. Il faut revenir à l'état naturel, sans la complication du mental. Pour U.G., le mental est en trop. Cela ne nous empêche pas de savoir ce qu'est un feu rouge, mais la connaissance utile s'arrête là. Je pense que dans le fond, il nie l'évolution humaine en prenant pour exemple l'état lamentable du monde. S'il y a une certaine évolution technologique, on voit bien par ailleurs qu'il se crée des foyers de guerre partout. L'évolution humaine est rudimentaire. Elle n'est faite que de bonnes intentions. U.G. prend l'exemple de l'Inde. Voilà une grande civilisation spirituelle où l'on crève de faim en invoquant le ciel. Il y a quand même un problème. Joël Labruyère: Non seulement U.G. conteste la tradition spirituelle, mais il considère les grands initiés comme des imposteurs. Il parle du Bouddha comme d'un charlatan qui aurait fait plonger l'humanité dans des conditions encore pires. Comment expliquer ce point de vue extrémiste? Charles Antoni: Je crois qu'il s'agit de provocation. Si U.G. avait connu personnellement le Bouddha, il l'aurait sans doute apprécié. Sa provocation est dirigée contre ceux qui ont transformé le message originel. C'est contre les intermédiaires que U.G. s'érige. Il dénonce les magouilles des intermédiaires qui fabriquent des idoles mortes avec la vie elle-même. Dans la philosophie du Chan, on dit: «Si tu vois le Bouddha, crache lui dessus.» Pour les initiés, cette attitude n'est pas iconoclaste. Elle est libératrice. Joël Labruyère: U.G. ne nie pas avoir vécu un état d'illumination spécial qu'il appelle sa «calamité». Il s'agit d'une expérience très curieuse avec apparition de phénomènes physiques et de traces mystérieuses sur le corps. On pense à une expérience tantrique. De quoi s'agit-il? Charles Antoni: Il parle d'une calamité physique, mais on ne sait pas s'il s'agit d'une montée de kundalini ou d'un processus inconnu. U.G. a vécu cela comme une transformation biologique qu'on ne peut pas relier avec une expérience traditionnelle. Déjà, les Théosophes clairvoyants ne comprenaient rien au processus de transformation de Krishnamurti. Il s'agit de quelque chose qui est au-delà de l'occultisme. Cela proviendrait d'une autre dimension. Cette force ne toucherait que ceux qui veulent sortir du circuit de l'évolution planétaire. Joël Labruyère: U.G. parle d'une renaissance de la glande du thymus comme certains adeptes de la tradition hermétiste occidentale. C'est un courant initiatique assez secret. Charles Antoni: Oui, le système glandulaire est d'une importance fondamentale dans la transformation intérieure. Le contrôle du fonctionnement glandulaire donne le pouvoir sur tout, et particulièrement le thymus qui est le centre de la vitalité et de l'immunité. Cette glande, située derrière le sternum, est atrophiée chez l'adulte, mais elle constitue le réservoir de vitalité chez l'enfant jusqu'à sept ans. U.G. semble connaître le processus de régénération par le thymus. A quatre vingt six ans, il a d'ailleurs l'allure d'un adolescent. Joël Labruyère: Les adeptes de l'alchimie interne disent que le thymus peut se réveiller et produire à nouveau des hormones qui vont servir à édifier un être éternel à l'intérieur de la créature mortelle que nous sommes. Il s'agirait d'une renaissance. On pense que les cathares ont été massacrés parce qu'ils pratiquaient cette initiation. Charles Antoni: Dans le Christianisme, on représente le Christ avec le cœur ouvert et une lumière rayonnante au centre de la poitrine. C'est l'indication que la libération passe par le cœur, et qu'il s'agit d'un processus organique, au lieu du mysticisme dont on entoure ce symbole. Si sternum signifie «rayonnant», on comprend mieux la notion d'amour rayonnant, mais comme dit un maître japonais: «Quand j'entend parler d'amour, je frappe.» C'est pourquoi, lorsqu'il entend parler d'amour, U.G. devient acerbe, car il rejette la sentimentalité, ce qui ne l'empêche pas d'être charmant et de bonne compagnie. L'amour réel n'est pas celui qu'on voit dans la vie ordinaire. L'amour n'est pas de l'humanitarisme. C'est un état qu'on ne peut connaître qu'après un processus de renaissance, mais U.G. ne fait pas de théorie à ce sujet. Il ne dit même pas qu'il faut essayer d'y parvenir. Cela arrive par accident. Il parle d'une «calamité» qui lui est tombée dessus et qu'il supporte comme tout le reste. Joël Labruyère: Mais si on ne peut rien faire, à quoi bon se fatiguer à chercher? Charles Antoni: U.G. dit que malgré tous nos efforts, nous avons peu de chance. On ne sait pas comment et pourquoi ça nous tombe dessus. Il est fort possible que cela arrive lorsqu'on ne croit plus en rien, quand la limite de la désillusion est atteinte. Celui qui est un véritable baroudeur, et qui est parvenu au point où il a tout laissé tomber, à sans doute les dispositions requises, à condition qu'il demeure assoiffé d'absolu. On retrouve cela dans le Zen: l'illumination survient au moment où on s'y attend le moins. C'est l'idée du Chan également. U.G. insiste beaucoup sur cette transformation biologique dont les maîtres spirituels parlent peu, peut-être par prudence, ou parce qu'ils n'y ont pas accès eux-mêmes. Joël Labruyère: On peut donc dire que U.G. n'est pas un nihiliste, mais qu'il rejette uniquement ce qui n'a aucune importance à ses yeux. U.G. ne cherche pas à transmettre sa connaissance. Il ne veut même pas en parler, alors qu'il prétend être libéré de tout souci et de la peur. Pourquoi n'en fait-il pas profiter les autres? Charles Antoni: A mon avis, c'est une question de tempérament. Certains sont disposés à en parler et d'autres, non. Le caractère de U.G. c'est de prendre les choses comme elles sont sans se poser de question. Il a toujours vécu à la limite, puisqu'il a été clochard, dormant dans la rue. Il a sauté à pieds joints dans un lâcher-prise absolu. Il était prêt à se laisser mourir, et d'ailleurs, en cas de maladie, il se «couche dans un coin et attend en gémissant comme un chien.» Il affirme qu'un être vivant n'a pas à se poser de question sur la vie et la mort, ou la vie après la mort. Quelqu'un de vivant est simplement occupé à vivre. Joël Labruyère: U.G. ne donne-t-il pas l'impression d'avoir atteint la sérénité parce que quelque chose de nouveau est programmé dans son corps, et qu'il sait qu'il est tiré d'affaire? Charles Antoni: Pour lui, l'idée d'atteindre quelque chose n'existe pas car il a abandonné tous les concepts. Bien qu'il fasse preuve d'une compassion naturelle, on ne trouve chez lui aucune trace de nos bons sentiments. Il n'est pas missionné pour sauver qui que ce soit. Selon lui, celui qui prétend vouloir aider autrui démontre qu'il éprouve encore des besoins. Vouloir faire du bien ne serait qu'un besoin égocentrique. U.G. va encore plus loin, puisqu'il prétend que tout désir d'accomplir une action provient de l'attachement. Il semble avoir décroché de toutes les convenances, alors qu'il continue à vivre normalement à Londres dans une maison confortable. Personne ne sait d'où lui vient l'argent, car il ne donne pas de conférences et n'écrit pas de livres. Aujourd'hui, il refuse même les interviews, et j'ai été le dernier à l'interroger. On sait qu'il voyage, il va en Chine ou ailleurs, sans laisser d'adresse. Pourquoi voyage-t-il? Personne ne le sait. Joël Labruyère: Est-ce qu'en approchant ce personnage, on est tenté de l'imiter? Charles Antoni: J'ai rencontré quelqu'un qui s'est débarrassé de toutes les idées que nous traînons péniblement derrière nous. Mais il n'y a rien à imiter. Lorsqu'on pige le truc, on n'a pas envie d'être comme U.G. ou n'importe qui d'autre. On est soi-même. Lui, à quatre-vingt six ans, avec son physique enfantin, donne l'impression d'une grande légèreté. Il adore cuisiner pour ses invités, mais je ne l'ai vu manger que des céréales avec du lait comme un gosse. Il ne vous accable pas de théories. C'est bien rafraîchissant. Charles Antoni, U.G. Pertinences Impertinentes, éditions L'Originel, 25 rue Saulnier, F-75009 Paris.
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| | | AMBRE
Nombre de messages : 5418 Date de naissance : 14/08/1962 Age : 61 Localisation : Belgique Date d'inscription : 25/05/2007
| Sujet: Re: Krishnamurti Ven 19 Fév 2010, 15:25 | |
| Le véritable problème, c'est la solution. Le véritable problème, c'est la solution. Vos problèmes sont sans fin en raison des fausses solutions que vous leur avez inventés. Sans réponse, la question n'a pas lieu d'être. Elles sont interdépendantes ; vos problèmes et vos solutions vont de pair. C'est parce que vous voulez utiliser certaines réponses pour mettre fin à vos problèmes que ces problèmes sont sans fin. Les nombreuses solutions offertes par tous ces saints, les psychologues, les politiciens, ne sont pas vraiment des solutions du tout. C'est évident. Ils ne peuvent que vous exhorter d'essayer plus ardemment, de pratiquer toujours plus de méditation, de cultiver l'humilité, de vous tenir sur la tête, et encore et encore plus ; toujours dans la même veine. C'est tout ce qu'ils savent faire. Si vous rejetiez vos espoirs, vos peurs, votre naïveté et traiteriez ces types comme des hommes d'affaires, vous vous apercevriez qu'ils ne tiennent pas leurs promesses, et qu'ils ne le feront jamais. Mais, vous persévérez à gober les fausses promesses que vous proposent les experts.''
'' L'état naturel n'est pas l'état dans lequel se trouve l'homme réalisé ou divinisé, ce n'est pas quelque chose à atteindre, à accomplir ou que l'on doive faire exister ; c'est là — c'est l'état de vie. Cet état n'est autre que l'activité fonctionnelle de la vie. Par ” vie ” je n'entends pas quelque chose d'abstrait ; j'entends la vie des sens qui fonctionnent naturellement sans l'ingérence de la pensée. La pensée est un intrus qui s'introduit de force dans les affaires des sens. Sa motivation est le profit : elle dirige l'activité des sens pour en obtenir quelque chose et les utilise pour s'assurer de sa continuité.''UGAlors que la cyber censure se met en place sous divers prétextes, dont celui du droit d'auteur, et que bon nombre d'enseignants dits "spirituels" confondent business et "spiritualité", avec UG, c'est tout de suite plus clair....
" Mon enseignement, s'il vous plaît de l'appeler ainsi, ne comporte pas de droit d'auteur. Vous êtes donc parfaitement libre de le reproduire, de le diffuser, de l'interpréter, de le déformer, de le dénaturer, faites comme bon vous semble.''UG. Ouf... Ce corps est né avec une intelligence extraordinaire, une intelligence qui n'a pas son pareil.
"Ce corps est né avec une intelligence extraordinaire, une intelligence qui n'a pas son pareil. Toutes les connaissances que vous possédez ne pourront jamais égaler cette intelligence. Vous ne le pouvez pas. Donc tout ce que vous pensez être bon pour ce corps, quelles que soient les idées que vous lui imposez, il rejette tout. C'est pour cela qu'il n'a pas besoin de savoir quoi que ce soit, et il n'a pas besoin d'avoir quoi que ce soit de plus. Et ceci, est valable pour toutes les régions de notre existence.
C'est donc pour cette raison que je me détourne de toute la technologie médicale. Je n'ai jamais consulté de docteur. Je ne mange rien de ce que tout le monde recommande. Et je dis, de façon catégorique, que les docteurs des temps modernes sont les sorcières d'aujourd'hui ; et qu'en ce qui me concerne, la technologie médicale contemporaine est la sorcellerie des temps modernes. Tout ce qu'ils préconisent comme étant bon pour le corps, je n'y touche pas.
Désignant la table : je consomme ces flocons d'avoine là. C'est ma dernière trouvaille ; cela s'appelle ” super rapide “. Vous ne le trouverez qu'à Londres. J'en mange un petit bol auquel j'ajoute de la crème ” double-riche “, ” triple-riche “, ” quadruple-riche ” avec un tout petit peu de jus d'ananas congelé que je ne trouve qu'en Chine. C'est pour cela que je me rends dans ce pays où il y a des supermarchés internationaux. Sinon, je ne consomme ni jus de fruits, ni légumes, rien.
Ce corps, voyez-vous, a besoin d'énergie, d'unités thermiques de base. C'est comme ça que je l'expliquerais (en riant). Ainsi, ce bol de flocons avec beaucoup de crème fournit au corps l'énergie dont il a besoin. Je n'effectue aucune promenade à pieds ni aucun autre exercice physique ne m'est nécessaire. Je suis en vie depuis 80 ans. Donc, rien de ce que nous considérons être bon pour le corps ne lui est concrètement bénéfique.
En fait, ce que je souligne sans cesse, c'est la façon dont le corps fonctionne une fois libéré de l'étranglement de la culture. Je ne fais que décrire cela. Vous ne pouvez aucunement contrôler le fonctionnement de ce corps. Vous n'y pouvez strictement rien.
Le corps n'a en réalité pas besoin de tout ce que nous lui faisons absorber. Ce n'est qu'un mouvement vers le plaisir. Nous mangeons pour le plaisir. C'est un fait.”
UG. La religion, Dieu, l’âme ne sont que des mots, des idées utilisées pour laisser votre continuité psychologique intacte.
« Dieu est inutile… il n’y a pas de pouvoir à l’extérieur de l’homme. C’est le même pouvoir, la même vie, qui fonctionne là en vous. Quelque chose essaie de s’exprimer et la culture l’étouffe. Du moment où la culture sera rejetée, ça s’exprimera à sa façon. »
« La totalité de la culture de notre civilisation est bâtie sur la violence extérieure, tuer et être tué, en premier ce fut au nom de Dieu tel que l’église l’a symbolisé, ensuite par les institutions religieuses et finalement au nom des idéologies politiques symbolisées par l’état. Tuer est la base de notre culture. Notre culture n’est pas basée sur l’harmonie avec la nature. »
« Toutes vos expériences, toutes vos méditations, toutes vos prières et tout ce que vous faites sont centrés sur le moi. Ça renforce le moi, lui donne un élan supplémentaire et vous emmène dans la direction opposée. Quoi que vous fassiez pour vous libérer du moi, c' est aussi une activité centrée sur le moi. »
« La religion, Dieu, l’âme ne sont que des mots, des idées utilisées pour laisser votre continuité psychologique intacte. Lorsque ces pensées ne sont pas là, ce qui reste est le simple et harmonieux fonctionnement physique de l’organisme. » UG
je dédie ces textes à une Belle amie ...
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| | | xzat
Nombre de messages : 66 Date de naissance : 20/09/1989 Age : 34 Localisation : lens Date d'inscription : 07/03/2010
| Sujet: Re: Krishnamurti Dim 23 Jan 2011, 13:33 | |
| Livre: Se libérer du connu Jiddu KrishnamurtiLa peur La peur est un des plus grands problèmes inhérents à la vie. Être sa victime c'est avoir l'esprit confus, déformé, violent, agressif, en perpétuel conflit. C'est ne pas oser s'éloigner d'un mode conventionnel de la pensée, qui engendre l'hypocrisie. Tant qu'on n'est pas délivré de la peur, on peut escalader les plus hautes montagnes, inventer toutes sortes de dieux, mais on demeure dans les ténèbres. Vivant dans une société stupide et corrompue comme la nôtre, dont l'éducation compétitive engendre la peur, nous sommes tous surchargés du fardeau de la peur. Il pèse horriblement sur nous, de toutes les façons. Il ternie, déforme et corrompt nos existences. Une peur physique existe, mais ce n'est qu'une réaction qui provient de notre hérédité animale. Seules les peurs psychologiques nous intéressent ici, car lorsqu'on les comprend telles qu'elles sont, profondément ancrées en nous, on peut affronter les peurs animales, tandis que nous attaquer à celles-ci d'abord ne nous aidera jamais à comprendre celle de la psyché. La peur a toujours un objet ; elle n'est jamais abstraite ; elle est toujours reliée à quelque chose. Savez-vous quelles sont vos peurs ? Perdre son emploi, manquer de nourriture ou d'argent, être victime de médisances ou de calomnies, ne pas réussir, perdre une position sociale, être méprisé ou ridiculisé ; ou la peur de la souffrance et de la maladie ; celles d'être assujetti, de ne pas connaître l'amour, de n'être pas aimé, de perdre sa femme ou ses enfants ; ou encore : la peur de la mort ; celle de vivre dans un monde semblable à la mort, celle de périr d'ennui, celle de ne pas être à la hauteur de l'image que l'on se fait de vous, celle de perdre la foi.. de toutes ces peurs, et d'autres innombrables, savez-vous quelles sont les vôtres ? Et d'habitude, que faites-vous à leur sujet ? Vous les fuyez, n'est-ce pas ? Ou vous inventez des idées et des images pour les camoufler. Mais fuir la peur ne fait que l'accroître. Une des causes majeures de la peur est notre refus de nous voir tels que nous sommes. Nous devons, donc, non seulement connaître nos peurs, mais aussi examiner le réseau d'artifices que nous avons élaboré en vue de nous débarrasser d'elles. Si nous mettons à l’œuvre nos facultés -- qui comprennent celles du cerveau -- pour dominer la peur, la réprimer, la discipliner, la maîtriser, ou lui donner un autre apparence, le conflit qui en résulte est une perte d'énergie. La première question à nous poser est de savoir ce qu'est, au juste, la peur et comment elle naît. Qu'en tendons-nous par ce mort peur ? Je me pose la question: « Qu-est-ce que la peur ? » et non « de quoi ai-je peur ? » Je mène une certaine vie: je pense d'une certaine façon: j'ai mes croyances, j'accepte certains dogmes ; et je e veux pas perdre ces armatures de mon existence car j'ai mes racines en elles. Je ne veux pas qu'on les conteste, je ne veux pas que l'on vienne me troubler, car je le trouverais dans l'incertitude détestable de celui qui ne sait pas. Si l'on m'arrachait à tout ce que je sais et crois, je voudrais avoir une certitude raisonnée quant à ma nouvelle condition. Ainsi il se trouver que les cellules de mon cerveau se tracent certains circuits et qu'elles refusent d'en tracer d'autres, qui comporteraient une part d'incertitude. Le passage de la certitude à l'incertitude est ce que j'appelle la peur. En ce moment, étant assis ici, je n'ai aucune crainte. Je n'éprouve pas de peur en cet instant présent, rien ne m'arrive, on ne menace ni ma personne ni mon bien. Mais au-delà du moment actuel, en mon esprit, une couche profonde pense consciemment ou inconsciemment à ce qui pourrait arriver dans l'avenir, ou se tracasse au sujet de quelque événement passé dont les suites pourraient me rattraper. Ainsi, j'ai peur du passé et du futur. J'ai divisé le temps en passé et futur, et la pensée intervient et dit: « Prenez garde que ceci ne recommence ; ou préparez-vous à cela, qui peut arriver ; l'avenir peut être dangereux pour vous ; ce que vous possédez aujourd'hui, il se pourrait que demain vous ne l'ayez plus ; demain vous pouvez mourir, votre femme pourrait vous quitter, vous pouvez perdre votre emploi ; la solitude vous guette ; assurez votre avenir » Considérez maintenant votre forme particulière de peur. Regardez-la et observez vos réactions. Pouvez-vous la regarder sans un seul mouvement de fuite, sans la justifier, la condamner ou la réprimer ? Pouvez-vous la regarder sans l'intervention du mot qui la provoque ? Pouvez-vous, par exemple, penser à la mort sans le mort qui engendre la peur de la mort ? Ce mot suscite une vibration nerveuse particulière, de même que le mot amour qu'accompagnent ses propres images. Est-ce l'image que vous avez de la mort, est-ce le souvenir de tant de morts dont vous avez été témoins, est-ce votre association avec ces événements, qui engendre en vous la peur ? Ou, en fait, est-ce votre disparition qui vous fait peur, et non l'image de cette fin ? Est-ce le mot mort qui vous terrorise ou est-ce votre fin ? Si c'est le mot, si ce sont vos souvenirs, ce que vous ressentez n'est pas du tout la peur . Supposons que l'un de vous ait été malade il y a deux ans et que la mémoire ait enregistré cette souffrance ; elle vous dit maintenant d'être prudent, de crainte d'une rechute. La mémoire et ses associations provoquent ainsi en vous une peur apparente mais qui n'est pas du tout réelle, puisqu'en ce moment vous êtes en bonne santé. La pensée -- qui est toujours vieille car elle est une réaction de la mémoire, laquelle est toujours vieille -- a créer, dans le champ de la durée, un sentiment de peur, qui n'est pas un fait réel. La vérité est que vous vous portez bien. Mais l'expérience qi est enregistrée en vous en tant que mémoire vous dit d'être prudent, de crainte de retomber malade. Nous voyons donc que la pensée engendre une peur d'une sorte. Mais en dehors de cela, la peur existe-t-elle ? Est-elle toujours le résultat de la pensée, et si elle l'est, assume-t-elle d'autres aspects ? Nous avons peur de la mort, c'est-à-dire d'un évènement qui aura lieu demain ou après, dans la sphère du temps. Il y a une distance entre l'actuel et ce qui sera. La pensée a constaté cet état, elle a observé la mort et dit: « Je mourrai. » Ainsi elle crée la peur de la mort ; mais dans le cas où elle ne la crée pas, la peur existe-t-elle en aucune façon ? La peur est-elle le produit de la pensée ? Si elle l'est, la pensée étant toujours vieille, la peur l'est aussi. Ainsi que nous l'avons dit, il n'existe pas de pensée neuve : si nous la reconnaissons, c'est qu'elle est vieille. Ce que nous redoutons, c'est une répétition du passé: la pensée de ce qui « a été » se projetant dans le futur. C'est donc elle, la pensée, qui est responsable de la peur. Vous pouvez d'ailleurs vous en assurer vous-mêmes. Lorsqu'on est face à face avec l'immédiat, on n'a aucun peur: elle ne survient que lorsque intervient la pensée. L'auteur continue sur plusieurs pages au sujet de la peur. Si vous souhaitez en apprendre plus: http://www.amazon.fr/Se-liberer-connu-Jiddu- Krishnamurti/dp/2234007461 La version que j'ai retranscris : textes choisis par MARY LUTYENS et traduits par CARLO SUARÈS , édition "Le livre de poche" | |
| | | Athena
Nombre de messages : 191 Date de naissance : 26/01/1973 Age : 51 Localisation : Rhône-alpes Date d'inscription : 05/10/2008
| Sujet: Re: Krishnamurti Dim 23 Jan 2011, 17:51 | |
| - Citation :
- "C'est donc elle, la pensée, qui est responsable de la peur. Vous pouvez d'ailleurs vous en assurer vous-mêmes. Lorsqu'on est face à face avec l'immédiat, on n'a aucune peur: elle ne survient que lorsque intervient la pensée."
bien souvent, devant un évènement qui demande de nous mettre en sécurité, on agit sans faire intervenir la pensée et la peur vient après parfois, mais ne servant plus à rien...s'il pouvait en être de même pour toutes nos peurs psychologiques...vivre au présent, c'est bien ce qui apporte de la sérénité je trouve, balayant les mémoires mortes qui viennent interférer avec le présent, faut juste arriver à trouver le bouton reset ! et pas se juger si on ne le trouve pas ! oui, la suite de la lecture donnera une vue d'ensemble plus complète, mais merci pour ce passage. | |
| | | Athena
Nombre de messages : 191 Date de naissance : 26/01/1973 Age : 51 Localisation : Rhône-alpes Date d'inscription : 05/10/2008
| Sujet: Re: Krishnamurti Dim 03 Avr 2011, 19:19 | |
| 3 clés pour comprendre Jiddu Krishnamurti, dans "le Monde des religions":
Une belle synthèse:
http://www.lemondedesreligions.fr/mensuel/2010/41/jiddu-krishnamurti-07-05-2010-186_107.php
"Le texte:
La Révolution du silence (Stock, 1971) La pensée est structurale, raisonnable ou déraisonnable, objective ou malsaine, et lorsqu’elle essaie de méditer par raison, elle projette inévitablement ce qu’elle est et prend sa structure pour la réalité. C’est comme le croyant qui médite sur sa propre croyance : il renforce et sanctifie ce qu’il a créé lui-même, poussé par sa peur. Le mot est l’image ou le tableau, objet d’une idolâtrie qui devient la pensée essentielle… Le mot n’est pas seulement un élément du langage, il n’est pas un simple son, c’est aussi un symbole, le rappel de tout souvenir susceptible de déclencher le mouvement de la mémoire, de la pensée. La méditation est l’absence totale de ce mot. La racine de la peur est le mécanisme du mot."
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Krishnamurti Dim 31 Juil 2011, 01:06 | |
| Krishnamurti
Lettre sur la liberté
Bonjour,
Je ne vous connais pas, ni votre oeuvre... Je me sens tellement prisonnière... de mes pensées, de mon affectivité, de mes manques... Je voudrais au minimum savoir ce que je cherche... désespérément... et d'autant plus désespérément que j'ignore ce que je cherche vraiment.
Comment trouver la liberté? Notre personnalité, nos choix, découlent bien souvent des conditionnements subis dans l'enfance... comment quelqu'un peut-il, par exemple, avoir confiance en lui quand tout son conditionnement antérieur a été de ne pas avoir confiance en lui? Plus je vieillis, plus je réalise que c'est l'affectif qui fait agir les hommes, pas la réflexion, et qu'ils ne sont pas responsables de cet affectif; dans toutes les relations, professionnelles, privées, des réactions, des interprétations affectives viennent troubler l'objectivité... la liberté signifie qu'il y a choix... beaucoup n'ont pas le choix (celui qui lutte pour sa survie, l'enfant qui meurt à 2 ans... quel est leur choix?)... le fait de penser n'est-il pas déjà une entrave à la liberté d'exister, tout simplement, comme un animal qui fait partie de la nature... l'homme est extérieur à la nature, il n'est pas dedans, il la regarde... quel choix a-t-il? La liberté de l'homme c'est quoi? La seule liberté que l'on ait, c'est de vivre avec tous nos conditionnements, certains en étant plus conscients que d'autres. Et en prendre conscience, ce n'est pas pour autant s'en libérer.
Nous sommes chimie aussi... un dérèglement biologique et nous pouvons sombrer dans la folie... un médicament qui supplée à ce manque et nous revoilà «sains d'esprit»! Beaucoup d'enfants ont assisté à des scènes terribles, en temps de guerre... certains ont sombré dans la folie (qui a été pour eux la seule solution possible), d'autres s'en sortent... l'ont-ils choisi? Ils n'ont pas eu le choix: ils ont réagi avec leurs possibilités, c'est tout. Comment sortir de ses conditionnements? Comment? Et pour trouver quoi? Qu'est-ce que je cherche et que je ne trouve pas? Et vous qu'avez-vous trouvé? Et pourquoi avez-vous cherché?
Merci de m'avoir lue. Michèle
Chère madame,
Vous dites rechercher quelque chose que vous ne connaissez pas et vous demandez en même temps à trouver la liberté? Ces deux quêtes peuvent-elles être rapprochées ou y voyez-vous deux aspirations différentes?
Considérons un instant le sens de votre question: Si vous cherchez quelque chose, il est raisonnable de dire que vous ne pensez pas le posséder. Si ce que vous recherchez est la liberté, vous affirmez donc en être dépourvue. Ce quelque chose, cette liberté, sont, dans votre esprit désespérés, extérieurs à votre existence. Il y a donc en vous un idéal à atteindre, une ascension, une élévation de votre être pour accéder à un niveau de liberté supérieur, à un quelque chose de plus grand que ce que vous êtes. Je ne vous demande pas d'adhérer intellectuellement à ce que je dis ici mais de regarder consciencieusement la réalité ou l'irréalité de ce que je vous indique. Si vous parvenez à découvrir que vous voulez atteindre quelque chose d'irréel, si vous découvrez que vous aspirez à être quelqu'un d'autre, vous réaliserez que vous avez ainsi créé votre propre souffrance. Quand vous serez disposée à vous délester de votre idéal, vous deviendrez ce que vous êtes. La liberté pourrait alors vous apparaître comme la fin de votre recherche désespérée, la fin de la recherche de liberté. Votre recherche désespérée et confuse de la liberté est un conditionnement comme un autre, même s'il vous paraît plus élevé. Et tous les conditionnements structurent l'action humaine pour produire finalement la violence et la souffrance. Le fait de réaliser que vous êtes conditionnée et dépourvue de liberté ne conduit au désir de vous en libérer que par un autre conditionnement de même nature. Mais je ne ferme pas toutes les portes de la liberté en disant cela. Je vous indique au contraire comment votre recherche peut s'accomplir. Il ne s'agit pas de se libérer de quelque chose ou de trouver quelque chose d'autre que ce que nous vivons, que ce que nous sommes, qui représenterait un idéal de liberté.
La liberté à laquelle vous aspirez ne peut émerger de la violence du refus de vous-même ou de la vie telle qu'elle est. Elle est dans la relation intime avec la totalité de ce que vous êtes et la totalité de ce qu'est la vie. Le conditionnement ou les traumatismes que vous évoquez dans votre question ne déterminent votre liberté ou votre esclavage que si vous y êtes «attachée». Et le rejet, le refus, la violence que l'homme met à lutter contre ce qu'il est ou ce qu'il vit constituent un attachement paradoxal alors que ces bagages de la mémoire et de la pensée peuvent se dissoudre dans l'acceptation de toute chose, dès l'instant où ils se présentent et son abandon dès l'instant suivant.
Cependant, la liberté ne peut que se produire d'elle-même, elle ne se cherche pas. Cessez de la chercher, vivez ce que vous êtes et laissez-la se révéler à vous-même dans une dimension que la pensée ne peut pas approcher.
J. Krishnamurti
http://sergecar.perso.neuf.fr/textes_1/krishna7.htm |
| | | Serena
Nombre de messages : 279 Date de naissance : 06/02/1961 Age : 63 Localisation : France Date d'inscription : 06/07/2007
| Sujet: Re: Krishnamurti Lun 01 Aoû 2011, 18:15 | |
| Merci Douceur pour ce texte et surtout pour lien qui me fait approcher de plus près la pensée de ce grand Monsieur qu'était Krishnamurti.
Belle soirée,
Serena
:bisouxxx: | |
| | | Athena
Nombre de messages : 191 Date de naissance : 26/01/1973 Age : 51 Localisation : Rhône-alpes Date d'inscription : 05/10/2008
| Sujet: Re: Krishnamurti Lun 15 Aoû 2011, 11:31 | |
| Je viens de finir les commentaires sur la vie...accessibles, abordant les sujets qui nous questionnent tous, une belle image que cette flamme et la fumée:
"La flamme et la fumée
Le sacrifice de soiIl avait fait chaud tout le jour, et il était pénible d'être dehors. Le reflet de la route et de l'eau, déjà dur et pénétrant, était rendu plus intense par la blancheur des maisons ; et la terre qui avait été verte était maintenant rousse et desséchée. De nombreux mois devaient encore s'écouler avant les pluies. Le petit cours d'eau était à sec et réduit à un ruban de sable. Quelques bêtes étaient couchées à l'ombre des arbres, et le garçon qui les gardait était assis à l'écart, lançait des pierres et chantait dans sa solitude. Le village était à plusieurs kilomètres de là, et il était tout seul ; il était maigre et on voyait qu'il ne mangeait pas à sa faim, mais il était de bonne humeur, et son chant n'était pas trop triste.
Derrière la colline était la maison, et nous y arrivâmes comme le soleil déclinait. De la terrasse on pouvait voir la cime des palmiers qui s'étendaient en une seule vague verte jusqu'au sable jaune. Les palmiers jetaient une ombre jaune, et par delà les sables dorés c'était la mer d'un beau gris-vert. Sur la plage, c'était un déferlement très doux de petites vagues blanches, mais au large les eaux étaient calmes et profondes.
Dans le ciel, au-dessus de la mer, les nuages se teintaient, bien que le soleil fût très loin d'eux. L'étoile du soir commençait à briller. Une petite brise fraîche s'était levée, mais la terrasse était encore chaude. Un petit groupe de personnes s'était rassemblé, et elles devaient être là depuis un certain temps déjà.
« — Je suis mariée et mère de plusieurs enfants, mais je n'ai jamais aimé. Je commence à me demander si cela existe. Nous connaissons des sensations, des passions, des excitations et des plaisirs agréables, mais je me demande si nous connaissons l'amour. Nous disons souvent que nous aimons, mais il y a toujours un certain refus. Physiquement nous ne nous refusons pas, nous pouvons même nous donner entièrement au début ; mais là encore il y a aussitôt quelque chose qui se rétracte en nous. L'acte de donner est un don des sens, mais ce qui seul peut donner n'est pas éveillé, est loin.
Nous rencontrons et nous nous perdons dans la fumée, mais ce n'est pas la flamme. Pourquoi n'avons-nous pas la flamme? Pourquoi la flamme ne brûle-t-elle pas sans fumée? Je me demande si nous sommes devenus trop intelligents, trop cultivés pour avoir ce parfum. Je suppose que j'ai trop lu, que je suis trop moderne et stupidement superficielle. En dépit de toutes les conversations intelligentes, je crois que je suis en réalité très bête. »
Mais est-ce une question de bêtise? L'amour est-il le merveilleux idéal, l'inaccessible que l'on ne peut atteindre que si les conditions sont remplies? A-t-on le temps de remplir toutes les conditions?
Nous parlons de beauté, nous faisons des livres, des tableaux qui ont la beauté pour sujet, nous dansons, nous prêchons la beauté, mais nous ne sommes pas beaux et nous ne connaissons pas l'amour. Nous ne connaissons que les mots.
Être ouvert et vulnérable, c'est être sensible ; là où il y a refus, rétractation, il y a insensibilité. Le vulnérable est l'incertain, ce qui n'a pas de certitudes, ce qui est libre de tout lendemain ; l'ouvert est l'implicite, l'inconnu. Ce qui est ouvert et vulnérable est beau ; ce qui est enfermé est bête et insensible. La bêtise, comme l'intelligence, est une forme d'autodéfense.
Nous ouvrons cette porte, mais nous gardons celle-là fermée, car nous voulons sentir la brise fraîche seulement dans certaines conditions, par une ouverture particulière. Nous n'allons jamais dehors, et nous n'ouvrons jamais toutes les portes et toutes les fenêtres à la fois. La sensibilité n'est pas une chose qui peut s'obtenir à la longue ; la sensibilité n'appartient pas au temps. Le terne ne peut pas devenir sensible ; le terne est toujours terne, l'idiot est toujours idiot. La stupidité ne peut pas devenir intelligente. Essayer de devenir intelligent est stupide. C'est là une de nos difficultés, n'est-ce pas? Nous essayons sans cesse de devenir quelque chose - et la bêtise est toujours là.
« — Alors que faut-il faire? »
Ne faites rien, mais soyez ce que vous êtes, insensible. Faire, c'est fuir ce qui est, et fuir ce qui est est la forme la plus grossière de la stupidité. Quoi qu'elle fasse, la stupidité est toujours la stupidité. L'insensible ne peut pas devenir sensible ; tout ce qu'il peut faire c'est prendre conscience de ce qu'il est, laisser ouvert le livre de ce qu'il est. Ne contrecarrez pas l'insensibilité, car ce qui contrecarre, ce qui s'oppose est l'insensibilité, le stupide. Écoutez, et il vous racontera votre histoire ; ne traduisez pas, n'agissez pas, mais écoutez sans interrompre et sans interpréter jusqu'à la fin de l'histoire. Alors seulement il y aura l'action. Ce que l'on doit faire n'a pas d'importance, ce qui importe c'est écouter.
Pour donner, il faut qu'il y ait l'inépuisable. Retirer ce que l'on a donné est la peur de la fin, et ce n'est que dans la fin qu'il y a l'inépuisable. Le don n'est pas une fin. Le don vient du beaucoup 0u du peu ; et le beaucoup et le peu est le limité, la fumée, le donner et le prendre. La fumée est le désir sous sa forme de jalousie, de colère, de déception ; la fumée est la peur du temps ; la fumée est mémoire, expérience. Il n'y a pas don, mais seulement extension de la fumée. Le retrait est inévitable, car il n'y a rien à donner. Partager n'est pas donner ; avoir conscience de partager ou de donner, c'est mettre fin à la communion. La fumée n'est pas la flamme, mais nous la prenons pour la flamme.
Ayez conscience de la fumée, de ce qui est, sans souffler sur la fumée pour voir la flamme.
« — Est-il possible d'avoir cette flamme, ou bien est-elle réservée à un petit nombre? »
Qu'importe que cette flamme soit pour un petit nombre ou pour la multitude ; la question n'est pas là. Si nous suivons cette voie, nous n'arriverons qu'à l'ignorance et à l'illusion. C'est la flamme qui nous occupe. Pouvez-vous avoir cette flamme, cette flamme sans fumée? Cherchez et vous trouverez peut-être ; observez la fumée en silence, patiemment. Vous ne pouvez pas dissiper la fumée, car vous êtes la fumée. Quand la fumée s'en va, la flamme vient. Cette flamme est inépuisable. Tout a un commencement et une fin, tout s'épuise, s'use et meurt. Lorsque le cœur est vide de toutes les choses de l'esprit, et lorsque l'esprit est vide de pensée, alors il y a l'amour. Ce qui est vide est inépuisable.
Il n'y a pas lutte entre la fumée et la flamme, mais entre les différentes réponses à l'intérieur de la fumée. La flamme et la fumée ne peuvent jamais être en conflit. Pour être en conflit, il faut une relation ; et comment pourrait-il y avoir relation entre la fumée et la flamme? L'une est lorsque l'autre n'est pas.
Extrait du livre : CSV Tome 1, note 64 'La flamme et la fumée'
http://nous-les-dieux.org/Krishnamurti/Commentaires_sur_la_vie/Commentaires_sur_la_vie_-_tome_1/1956-00-00_Commentaires_sur_la_vie_-_tome_i_chapitre_64_'la_flamme_et_la_fumee'
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| | | Athena
Nombre de messages : 191 Date de naissance : 26/01/1973 Age : 51 Localisation : Rhône-alpes Date d'inscription : 05/10/2008
| Sujet: Re: Krishnamurti Mer 16 Nov 2011, 21:23 | |
| L’esprit libre est humble
Avez-vous déjà examiné la question de la dépendance psychologique ? Si vous l’approfondissez vraiment, vous constaterez que nous sommes presque tous terriblement seuls. Nous avons le plus souvent un esprit tellement superficiel et vide ! Nous ignorons le plus souvent ce que signifie l’amour. C’est cette solitude, cette insuffisance, cette privation de vie, qui nous incite à nous attacher à quelque chose; nous sommes attachés à la famille; nous dépendons d’elle. Et lorsque notre mari ou notre femme se détourne de nous, nous sommes jaloux. La jalousie n’est pas l’amour; mais l’amour devient respectable quand la société le légitime dans la famille. C’est encore une autre forme de défense, une nouvelle fuite face à nous-mêmes. Toute forme de résistance engendre une dépendance. Et l’esprit qui est dépendant ne peut jamais être libre.
Il faut que vous soyez libres, car vous verrez qu’un esprit qui est libre a en lui l’essence de l’humilité. Cet esprit-là, qui est libre et par conséquent plein d’humilité, est capable d’apprendre, contrairement à l’esprit qui résiste. Apprendre est une chose extraordinaire – apprendre, et non accumuler des connaissances. L’accumulation du savoir est une tout autre affaire. Ce que nous appelons le savoir est relativement facile, car c’est un mouvement qui va du connu vers le connu. Mais apprendre est un mouvement du connu vers l’inconnu – c’est seulement ainsi que l’on apprend, n’est-ce pas ?
Une dépendance jamais remise en cause
Pourquoi sommes-nous dépendants ? Psychologiquement, intérieurement, nous sommes dépendants d’une croyance, d’une philosophie; nous attendons d’autrui des directives pour notre conduite; nous cherchons des maîtres qui nous offriront un mode de vie capable de nous conduire à quelque espoir, à quelque bonheur. Nous sommes donc toujours à la recherche d’une forme de dépendance, de sécurité. Est-il possible que l’esprit puisse jamais se libérer de ce sentiment de dépendance ? Ce qui ne signifie pas que l’esprit doive atteindre à l’indépendance – qui n’est qu’une réaction par rapport à la dépendance.
Nous ne parlons pas ici d’indépendance, de liberté par rapport à un état particulier. Si nous parvenons à explorer – mais sans chercher, par manière de réflexe, à nous libérer d’un quelconque état de dépendance -, alors nous pourrons creuser la question beaucoup plus profond… Nous admettons la nécessité de la dépendance; nous la disons inéluctable. Mais jamais nous n’avons remis en cause l’ensemble du problème, jamais nous ne nous demandons pourquoi chacun d’entre nous est en quête d’une certaine forme de dépendance. N’est-ce pas parce qu’il y a au plus profond de nous cette exigence réelle de sécurité, de permanence ? Plongés dans un état de confusion, nous voulons que quelqu’un d’extérieur nous tire de cet état. Nous cherchons donc sans cesse le moyen de fuir ou d’éviter l’état dans lequel nous nous trouvons. Ce processus d’évitement nous amène immanquablement à susciter une forme de dépendance, qui devient l’autorité qui nous gouverne. Si, pour notre sécurité, notre bien-être intérieur, c’est de quelqu’un d’autre que nous dépendons, cette dépendance est source d’innombrables problèmes que nous nous efforçons alors de résoudre, et qui sont liés à l’attachement. Mais jamais nous ne remettons fondamentalement en question le problème de la dépendance en soi. Si nous parvenons à explorer le cœur de ce problème, de manière intelligente et pleinement lucide, alors peut-être découvrirons-nous que la dépendance n’est pas du tout le vrai problème – ce n’est qu’un moyen de fuir une réalité plus profonde.
Les causes profondes de la dépendance
Nous savons que nous sommes dépendants – de notre relation aux autres ou d’une idée, d’un système de pensée. Pourquoi cette dépendance ?
…En réalité, je ne crois pas que la dépendance soit le vrai problème : je crois que ce sont des facteurs beaucoup plus profonds qui font de nous des êtres dépendants. Et si nous savons démêler ces causes, alors la dépendance et la lutte pour s’en libérer ne compteront plus guère; alors tous les problèmes issus de cette dépendance s’évanouiront. Quel est donc le problème fondamental ? Est-ce la haine et la crainte qui hantent l’esprit à l’idée d’être seul ? Mais cet état qu’il essaye d’éviter, l’esprit le connaît-il ? Tant que la solitude n’est pas réellement comprise, ressentie, pénétrée, dissipée – peu importe le terme -, tant que persiste ce sentiment de solitude, la dépendance est inévitable, et on ne peut jamais être libre; on ne peut jamais découvrir par soi-même ce qu’est la vérité, ce qu’est la religion.
Une conscience plus profonde
La dépendance déclenche un double mouvement de distance et d’attachement, un conflit perpétuel et sans issue, s’il n’est pas compris. Il faut que vous preniez conscience du processus d’attachement et de dépendance, mais sans condamnation ni jugement; alors vous percevrez la signification de ce conflit des contraires. Si vous devenez intensément perceptif, et si vous attelez consciemment votre pensée à la compréhension de la pleine signification du besoin et de la dépendance, votre esprit conscient sera ouvert et lucide à ce sujet; alors le subconscient, avec ses mobiles cachés, ses exigences et ses intentions occultes, se projettera dans le conscient. C’est alors le moment où il faut étudier et comprendre tous les messages de votre inconscient. Si vous le faites de manière assidue, si vous prenez conscience des projections du subconscient après que l’esprit conscient a élucidé le problème le plus clairement possible, alors, même si votre attention est occupée ailleurs, le conscient et le subconscient résoudront ce problème de la dépendance, ou tout autre problème. Ainsi s’installe une conscience permanente, qui, avec patience et douceur, apportera l’intégration; et pour peu que votre santé et votre alimentation soient correctes, cela vous apportera en retour la plénitude totale.
(…)
L’attachement est l’illusion du Moi
Nous sommes les choses que nous possédons, nous sommes ce à quoi nous tenons. Il n’y a aucune noblesse dans l’attachement. L’attachement au savoir ne diffère en rien de toute autre forme de dépendance agréable. Dans l’attachement, le moi s’absorbe en lui-même, que ce soit au niveau le plus bas ou le plus élevé. L’attachement est l’illusion du moi, une tentative pour fuir le vide du moi. Les choses auxquelles nous sommes attachés – biens, personnes, idées – deviennent de la plus haute importance, car, privé des multiples choses qui comblent sa vacuité, le moi n’existe pas. La peur de n’être rien incite à posséder, et la peur engendre l’illusion, l’asservissement aux conclusions. Les conclusions, matérielles ou idéologiques, font obstacle à l’épanouissement de l’intelligence, à cette liberté sans laquelle la réalité ne peut pas se faire jour; et sans cette liberté, l’habileté passe pour de l’intelligence. Les voies de l’habileté sont toujours complexes et destructrices. C’est cette habileté, protectrice du moi, qui conduit à l’attachement; et lorsque l’attachement cause la souffrance, c’est cette même habileté qui recherche le détachement et jouit de l’orgueil et de la vanité de la renonciation. La compréhension des voies de l’habileté, des voies de l’ego, est le commencement de l’intelligence.
Jiddu Krishnamurti.
Extraits saisis dans Le livre de la méditation et de la vie – Le Livre de Poche. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Pensée et lucidité(Krishnamurti) Mar 20 Déc 2011, 15:18 | |
| La pensée est toujours une réponse extérieure,elle ne peut jamais répondre en profondeur.la pensée est toujours en dehors;la pensée est toujours un effet,et penser est la réconciliation des effets.la pensée est toujours superficielle,quoiqu'elle puisse se situer à des niveaux différents.la pensée ne peut jamais pénétrer le profond,l'implicite.la pensée ne peut aller au-delà d'elle-même,et toute tentative dans ce sens est sa propre frustation;La pensée est la réponse à toute lutte;la pensée n'est pas l'action,le faire.la pensée est une conséquence,le résultat d'un résultat;elle est le résultat de la mémoire. La mémoire est la pensée et la pensée est l'expression par le langage de la mémoire.la mémoire est l'expérience. il n'est pas possible de penser d'une façon indépendante;"pensée indépendante"est une contradiction de termes.la pensée,étant un résultat,s'oppose ou accepte,compare ou adapte,condamne ou justifie,et par conséquent elle ne peut pas être libre.un résultat ne peut jamais être libre;il peut déformer,manipuler,errer,aller à une certaine distance,mais il ne peut pas rompre ses amarres.la pensée est ancrée dans la mémoire,et elle ne peut jamais se libérer pour découvrir la vérité d'aucun problème. La pensée,le résultat,ne peut jamais créer le nouveau;le nouveau est instantané,spontané,et la pensée est toujours l'ancien,le passé,le conditionné. "Mais n'y a-t-il pas quelque chose qui soit au-delà de la pensée,au-delà du temps,quelque chose qui ne soit pas créé par l'esprit?" Ou bien on vous a parlé d'un tel état à moins que vous n'ayez lu des livres sur ce sujet,ou bien il y a eu perception directe de cet état.la perception directe de cet état ne peut jamais être une expérience,un résultat;on ne peut pas penser à celà,car ce n'est alors qu'un souvenir et non une perception directe.L 'état de perception directe ne peut être tant qu'il y a la pensée;la pensée,le résultat,l'effet,ne peut jamais connaître l'état de perception directe. Voyez la vérité que la pensée,la conséquence du connu,ne peut jamais être dans l'état de perception directe.la perception directe ,spontanée,est toujours le nouveau;penser appartient toujours à l'ancien.Voyez la vérité de cela,et la vérité apporte la Liberté,libère de la pensée,du résultat.Alors il y a ce qui est au-delà de la conscience,ce qui ne dort ni ne veille,ce qui est sans nom:cela EST. |
| | | Athena
Nombre de messages : 191 Date de naissance : 26/01/1973 Age : 51 Localisation : Rhône-alpes Date d'inscription : 05/10/2008
| Sujet: Re: Krishnamurti Dim 15 Jan 2012, 08:32 | |
| Voici un texte intitulé « L’Homme et le moi », sur des notes prises au cours des conférences et causeries faites par J. Krishnamurti en France, en 1930 par Carlo Suarès.
"L’HOMME ET LE MOI
On a tendance à penser en Occident que ce que je dis se rapporte uniquement à la tradition hindoue et ne s’applique pas aux races de traditions occidentales. Aux Indes, au contraire, on a tendance à penser que j’expose une philosophie occidentale. Si l’on me juge de façons si différentes, cela prouve que la Vérité n’est ni occidentale ni orientale.
Aux Indes on s’imagine couramment que celui qui parvient à la Connaissance doit porter la robe orange du sannyasin, devenir un mendiant errant et mépriser le corps physique. En Europe d’autres préjugés prennent la place de celui-là. Mais ces préjugés sont des limitations, et on ne peut pas limiter la Vérité. La nature humaine est partout la même, dans tous les climats, et la Vérité est partout la même, elle ne peut pas être contenue dans des frontières, ni appartenir à des races, à des dogmes, à des églises. Chacun peut la découvrir en se servant avec intelligence de son sens critique. Ce que j’appelle intelligence est l’équilibre entre la pensée et l’émotion; le sens critique est le discernement qui nous permet de choisir ce qui est essentiel et de rejeter ce qui ne l’est pas.
Je me rends bien compte de l’indifférence, de la majorité des hommes à l’égard de la Vérité: ils ignorent jusqu’à son existence. Ils sont comme des prisonniers qui seraient nés dans leur prison et qui ne savent pas qu’elle a une sortie, mais qui souffrent à cause de leur emprisonnement.
La Vérité, qui est la Vie, ne supporte aucune limitation. Pour la découvrir, nous devons nous libérer; et pour nous libérer, nous devons être poussés, par le désir de comprendre, à trouver la cause de nos limitations. La certitude à laquelle nous parvenons alors est le résultat de nos propres luttes, de notre compréhension, de notre doute. Cette certitude, personne ne peut nous la donner.
Le doute et le désir de trouver la Vérité absolue sont les deux stimulants qu’il convient d’éveiller chez les hommes. Ce qui les stimule habituellement, c’est la peur et l’espoir qui naissent de leurs limitations et qui les portent à chercher des consolations. Ce besoin d’être réconfortés ne peut pas les amener à découvrir la Vérité. Ceux qui sont consolés et réconfortés n’ont pas pour cela découvert la cause de leur souffrance, ils ne sont pas sortis de prison. Ils ont trouvé un délassement passager en changeant de position. Chercher à se faire consoler équivaut à une stagnation, une trahison de la Vérité. La Vérité ne réconforte pas, on ne peut la capter comme un courant électrique, la réduire dans un transformateur, et l’utiliser pour notre confort. Sa grande lumière ne peut pas être tamisée.
Voici à ce propos une histoire hindoue. Une fois, au printemps, tous les papillons de la vallée se réunirent à l’ombre fraîche d’un arbre. Ils discutaient au sujet de la lumière; les uns affirmaient ce que d’autres niaient, jusqu’à ce qu’un papillon se déclarât prêt à aller découvrir ce que la lumière était réellement. Tous attendirent patiemment son retour. Lorsque le papillon revint, il leur apprit que la lumière était beaucoup trop forte pour qu’on pût s’en approcher. Mais les autres ne furent pas satisfaits de cette réponse, et ils voulurent en savoir plus long. Un autre papillon se mit en route et leur communiqua à son retour qu’il n’avait pu s’approcher de la lumière tant elle était puissante et aveuglante. Cette déclaration non plus ne fut pas trouvée suffisante et un troisième papillon s’envola vers le même but. Blessé, il leur dit à son retour que la lumière était si chaude qu’elle l’avait brûlé. Et à sa suite un quatrième partit, mais pour ne pas revenir. La Vérité, qui est Lumière, l’avait consumé.
Ainsi, dans leur souffrance, les hommes préfèrent attendre qu’on leur apporte la Vérité plutôt que d’aller la chercher...."
La Vérité est un pays sans chemin. (Krishnamurti)
suite ici:
http://www.revue3emillenaire.com/blog/?p=9765 | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Krishnamurti Dim 15 Jan 2012, 14:43 | |
| "cessation de la pensée"krishnamurti on peut enseigner le savoir mais pas la sagesse;il faut être délivré du savoir pour que vienne la sagesse;Penser est un obstacle à la perception directe et il n'y a pas de sagesse sans perception directe. un esprit absorbé n'est pas libre,spontané,et ce n'est que dans la spontanéité qu'il peut y avoir découverte.la pensée,de par sa stucture même,isole le moi;rien ne peut la rendre vulnérable.la pensée ne peut pas être spontanée,elle ne peut jamais être libre.la pensée est la continuation du passé ,et ce qui continue ne peut être libre.il n'ya liberté que dans la cessation. La pensée peut se placer en effet à des niveaux différents,le stupide et le profond,le noble et le grossier,mais c'est toujours la pensée;le Dieu de la pensée est toujours de l'esprit,du mot.la pensée de Dieu n'est pas Dieu,elle n'est qu'une réponse de la mémoire.la pensée peut s'attribuer une plus grande valeur,mais elle reste toujours la pensée.lorsque l'esprit est occupé par sa propre projection,il n'est pas allé au-delà de la pensée, il a seulement pris une nouvelle attitude. On ne peut pas aller au-delà de la pensée car le "on",celui qui fait un effort,est le résultat de la pensée.en dévoilant le processus de la pensée,par la connaissance de soi,la vérité de ce qui EST met fin au processus de la pensée.ce n'est que lorsque la pensée cesse qu'il y a la vérité.C'est en écoutant l'histoire de ce qui EST que vient sa propre libération;c'est la vérité qui libère,et non l'effort pour se libérer. L'esprit et ce qui EST ne sont pas deux processus séparés,ce sont les noms qu'on leur donne qui les séparent.lorsque l'on cesse de donner des noms,il y a relation directe:l'esprit et ce qui EST ne font qu'un;ce qui EST est maintenant l'observateur lui-même en l'absence de tout nom,et c'est alors seulement que ce qui EST est transformé.alors l'esprit n'est plus que l'état de perception directe,état dans lequel l'expérimentateur et l'expérimenté ne sont plus.alors il y a l'incommensurable profondeur ,car celui qui mesure a disparu.ce qui est profond est silencieux,tranquille,et dans cette tranquilité est la souce de l'inépuisable.
D-C |
| | | Invité Invité
| Sujet: L' Action de la Volonté-(J.Krishnamurti) Ven 13 Avr 2012, 17:17 | |
| Pouvons-nous découvrir ce que c'est que l'Amour? C'est une question que l'Etre Humain s'est toujours posée.Et n'ayant pu trouver la réponse,il a dit:"Aimez Dieu"," Aimez telle ou telle idée", "Aimez l'etat", "Aimez votre prochain". Ce n'est pas que vous ne deviez pas aimer votre prochain,mais c'est là une posture purement sociale;cela n'a rien à voir avec cet amour qui est toujours neuf.L'amour n'est pas le produit de la pensée,qui est le plaisir.La pensée est vieille,mécanique, c'est une réaction du passé, et ainsi l'amour n'a aucun rapport direct avec elle.Presque toute notre vie est une lutte,un conflit,une angoisse,une culpabilité,un désespoir,un immense sentiment de solitude et de tristesse.Tel est réellement"ce qui est";mais nous ne voulons pas regarder la chose en face.Quand vous la regardez sans résistance et sans choix,que se passe-t-il?Etes-vous capable de la regarder en face?_il ne s'agit pas de vous efforcer de surmonter votre peur,votre jalousie,mais de regarder vraiment,sans vouloir y changer quoi que ce soit,sans vouloir la dominer,la contrôler,il faut simplement la regarder totalement,y donner toute votre attention.Quand vous contemplez la vie quotidienne, que se passe-t-il?ne vous sentez-vous pas alors une immense énergie?Quand vous regardez la vie telle qu'elle est,n'y a-t-il pas une transformation de "ce qui est"?CETTE TRANSFORMATION ne se produit que quand vous disposez de cette énergie,celle qui surgit quand il n'y a aucune intervention de la volonté.
Il nous faut aussi regarder en face une des choses les plus importantes de la vie, à savoir la mort.Les civilisations anciennes,tout comme les modernes,ont cherché à aller au-delà,ont voulu s'en rendre maître,s'imaginer qu'il existe une immortalité,une vie après la mort-n'importe quoi plutôt que de la regarder en face.Or,mon esprit peut-il regarder en face une chose dont il ne sait absolument rien?Tout ce que nous savons,c'est que nous avons peur de prendre fin,et c'est là ce qu'est la mort.La peur nous a empêché de vivre et maintenant elle nous empêche de regarder ce que c'est que la mort. L'esprit est-il capable de regarder en face sa propre fin?OUI, si il n'y a aucune volonté,aucune résistance,aucun choix,aucune perte d'énergie.Or,il en faut au plus haut point pour faire face à l'inconnu.Mais quand l'esprit a fait face à l'inconnu,il subsiste une immense énergie.Là où elle existe,elle qui est intelligence,la mort existe-t-elle encore?IL faut découvrir cela par nous-même.
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| | | Athena
Nombre de messages : 191 Date de naissance : 26/01/1973 Age : 51 Localisation : Rhône-alpes Date d'inscription : 05/10/2008
| Sujet: Re: Krishnamurti Lun 16 Avr 2012, 09:28 | |
| La liberté et l'amour...
Certains d'entre vous ne comprennent peut-être pas entièrement tout ce que j'ai dit au sujet de la liberté. Mais, comme je l'ai souligné, il est très important d'être exposé à des idées neuves, à des choses pouvant être inédites pour vous. Il est bon de voir les beautés de la vie, mais vous devez aussi en observer les laideurs, et être attentifs à tout. De même, vous devez être exposés à des choses que vous ne comprenez pas tout à fait, car plus vous songerez et réfléchirez à ces questions peut-être un peu difficiles pour vous, plus vous serez susceptibles d'avoir une vie riche.
J'ignore si certains d'entre vous ont déjà remarqué, tôt le matin, le jeu du soleil sur l'eau, l'extraordinaire douceur de la lumière, le mouvement dansant de l'eau noire, la présence au-dessus des arbres de l'étoile du berger, seule visible dans le ciel. Êtes-vous attentifs à ces choses? Ou êtes-vous si occupés, si accaparés par la routine du quotidien que vous oubliez ou n'avez même jamais connu la beauté resplendissante de cette terre - cette terre sur laquelle il nous faut tous vivre? Que nous nous définissions sous le vocable de communistes, capitalistes, hindous ou bouddhistes, musulmans ou chrétiens, que nous soyons aveugles ou estropiés, ou heureux et en bonne santé, cette terre est la nôtre. Comprenez-vous? C'est notre terre, pas celle de quelqu'un d'autre, ce n'est pas seulement la terre du riche, elle n'appartient pas exclusivement aux puissants dirigeants, aux nobles du pays, mais c'est notre terre, à vous et à moi. Nous sommes des moins que rien, pourtant nous aussi vivons sur cette terre et nous devons tous vivre ensemble. C'est l'univers des pauvres aussi bien que des riches, des illettrés comme des érudits, c'est notre univers et je crois qu'il est essentiel de percevoir cela et d'aimer la terre, pas juste occasionnellement, à la faveur d'un beau matin paisible, mais en permanence. Nous ne pouvons ressentir ce monde comme étant nôtre, et l'aimer, que si nous comprenons ce qu'est la liberté.
La liberté n'existe pas à l'heure actuelle, nous ne savons pas ce que cela signifie. Nous voudrions bien être libres, mais, vous l'avez sûrement remarqué, tout le monde, chacun dans son coin - le professeur, le parent, l'homme de loi, le soldat, le policier, l'homme politique, l'homme d'affaires -, agit en sorte de faire obstacle à la liberté.
Être libre, ce n'est pas simplement agir à sa guise ou échapper à une situation extérieure contraignante, c'est comprendre tout le problème de la dépendance. Savez-vous ce qu'est la dépendance? Vous êtes dépendants de vos parents, n'est-ce pas? Vous dépendez de vos professeurs, du cuisinier, du facteur, du livreur de lait, etc. Ce type de dépendance est relativement facile à comprendre. Mais il en existe une autre, beaucoup plus profonde, et que l'on doit comprendre afin d'être libre: c'est le fait d'être dépendant d'un autre pour être heureux.
Savez-vous ce que signifie dépendre d'autrui pour notre bonheur? Ce n'est pas la simple dépendance matérielle par rapport à l'autre qui est si aliénante, mais la dépendance intérieure, psychologique, d'où vous tirez un soi-disant bonheur; car lorsque vous dépendez de quelqu'un de cette manière-là, vous devenez esclave. Si, en grandissant, vous dépendez émotionnelle-ment de vos parents, de votre femme ou de votre mari, d'un gourou ou d'une idée quelconque, c'est déjà là l'amorce d'un asservissement. Cela, nous ne le comprenons pas, bien que la plupart d'entre nous, surtout pendant notre jeunesse, ayons très envie d'être libres.
Pour être libres, nous devons nous révolter contre toute dépendance intérieure, et nous ne pouvons pas nous révolter si nous ne comprenons pas pourquoi nous sommes dépendants. A moins de le comprendre et de nous défaire réellement de toute dépendance intérieure, nous ne pourrons jamais être libres, car ce n'est que dans et par cette compréhension que la liberté est possible. Mais la liberté ne se résume pas à une réaction. Qu'est-ce qu'une réaction, le savez-vous? Si je vous dis quelque chose de blessant, d'insultant, et que vous êtes en colère contre moi, cette colère est une réaction - née de la dépendance; et l'indépendance est aussi une réaction. Mais la liberté, elle, n'est pas une réaction, et à moins de comprendre la réaction et de la dépasser, nous ne sommes jamais libres.
Savez-vous ce que signifie aimer quelqu'un? Savez-vous ce que signifie aimer un arbre, un oiseau, ou un animal de compagnie, de sorte que vous vous en occupez, vous le nourrissez, vous le chérissez, bien qu'il ne vous donne peut-être rien en échange, qu'il ne vous offre pas son ombre, qu'il ne vous suive pas, qu'il ne dépende pas de vous? La plupart d'entre nous n'aiment pas de cette manière, nous ignorons tout de cette forme d'amour car notre amour est toujours assailli d'angoisse, de jalousie, de peur, ce qui sous-entend que nous dépendons intérieurement d'autrui, que nous voulons être aimés, que nous ne nous contentons pas d'aimer tout simplement: nous demandons quelque chose en retour, et cette attente même nous rend dépendants.
La liberté et l'amour vont donc de pair. L'amour n'est pas une réaction. Si je vous aime parce que vous m'aimez, ce n'est qu'une forme de troc, l'amour devient une marchandise, ce n'est plus de l'amour. Aimer, ce n'est pas demander quelque chose en retour, ce n'est pas même avoir le sentiment de donner quelque chose - et seul cet amour-là peut savoir ce qu'est la liberté. Mais, voyez-vous, votre éducation ne vous prépare pas à cela. On vous enseigne les mathématiques, la chimie, la géographie, l'histoire, et cela ne va pas plus loin, car l'unique souci de vos parents est de vous aider à avoir une bonne situation et à réussir dans la vie. S'ils ont de l'argent, ils peuvent vous envoyer à l'étranger, mais, comme tout le monde, leur unique but est que vous soyez riches et que vous ayez une position respectable dans la société ; et plus haut vous montez, plus vous êtes cause de souffrance pour les autres, car pour atteindre ces sommets, vous devez vous livrer à une compétition féroce. Les parents envoient donc leurs enfants dans des écoles où l'ambition, la compétition font loi, et où il n'y a pas du tout d'amour, et voilà pourquoi une société telle que la nôtre est en perpétuelle décadence, et constamment en lutte. Et bien que les hommes politiques, les juges et les soi-disant nobles du pays parlent de paix, ce discours est sans valeur aucune. Vous et moi devons à présent comprendre l'ensemble de ce problème de la liberté.
Nous devons découvrir par nous-mêmes ce qu'aimer veut dire, car si nous n'aimons pas, nous ne pourrons jamais être attentionnés, prévenants, pleins d'égards. Savez-vous ce que signifie être plein d'égards? Quand vous apercevez une pierre tranchante sur un chemin foulé par de nombreux pieds nus, vous l'ôtez du chemin, non parce qu'on vous l'a demandé, mais parce que vous êtes attentifs à l'autre - peu importe qui il est, peu importe si vous ne devez jamais le rencontrer. Pour planter un arbre et le chérir, pour contempler la rivière, savourer la générosité de la terre, observer l'envol d'un oiseau et en voir la beauté, pour être sensibles et ouverts à cet extraordinaire mouvement qu'on appelle la vie - pour faire tout cela il faut la liberté; et pour être libres, vous devez aimer.
Sans amour il n'est point de liberté, sans amour la liberté n'est qu'une idée sans la moindre valeur. La liberté n'est donc possible qu'à ceux qui comprennent la dépendance intérieure et qui s'en dégagent, et qui savent par conséquent ce qu'est l'amour. Eux seuls feront naître une nouvelle civilisation, advenir un monde différent. le sens du bonheur http://nous-les-dieux.org/ Krishnamurti/1960's/Le_Sens_du_Bonheur/Jiddu_Krishnamurti_1963_Le_Sens_du_Bonheur_03 | |
| | | Athena
Nombre de messages : 191 Date de naissance : 26/01/1973 Age : 51 Localisation : Rhône-alpes Date d'inscription : 05/10/2008
| Sujet: Re: Krishnamurti Dim 20 Mai 2012, 18:20 | |
| "Nous avons tant de peurs variées, et nous tentons de les résoudre une par une. Nous semblons incapables de nous sortir de là. Dès que nous pensons être débarrassé d’une certaine peur, une autre surgit. Quand nous sommes conscients d’une peur, nous tentons de la fuir, d’y trouver une réponse, de découvrir un moyen d’agir, de tenter de la supprimer. Nous, les êtres humains, avons déployé un astucieux réseau d’évasions : Dieu, le divertissement, la boisson, le sexe, n’importe quoi. Toutes les évasions sont semblables, qu’il s’agisse de Dieu ou de la boisson !"
The Collected Works, vol XVI, p 174 | |
| | | AMBRE
Nombre de messages : 5418 Date de naissance : 14/08/1962 Age : 61 Localisation : Belgique Date d'inscription : 25/05/2007
| Sujet: Re: Krishnamurti Mer 30 Mai 2012, 08:20 | |
| Que signifie une relation juste avec la nature ? Publié par Marc Lafontan pour http://au-bout-de-la-route.blogspot.com/
Il n’y a pas de relation « juste » mais seulement la compréhension de la relation.
Parler de relation juste implique uniquement l’acceptation d’une formule, de même pour une pensée juste. Une pensée juste et penser de façon juste sont deux choses différentes. Une pensée juste, c’est seulement se conformer à ce qui est correct, respectable, tandis que penser de façon juste est un mouvement. C’est le fruit de la compréhension et la compréhension subit constamment des modifications, des changements.
De même, il y a une différence entre une relation juste et la compréhension de notre relation avec la nature. Quelle relation avez-vous avec la nature ? (par nature il faut entendre les rivières, les arbres, les oiseaux au vol rapide, les poissons dans l’eau, les minéraux sous la terre, les cascades et les toute petites mares). Quelle relation avez-vous avec tout cela ?
La plupart d’entre nous ne sont pas conscients de cette relation. Jamais nous ne regardons un arbre vraiment ou si nous le faisons, c’est pour l’utiliser, nous asseoir sous son ombrage ou l’abattre pour en faire du bois de construction. En d’autres termes, nous regardons les arbres dans un but utilitaire. Nous ne regardons jamais un arbre sans nous projeter sur lui ou l’utiliser à notre convenance. Nous traitons la terre et ses ressources de la même façon. Nous n’aimons pas la terre, nous nous contentons de l’utiliser. Si nous l’aimions vraiment, nous utiliserions ses ressources avec frugalité. Si nous voulons comprendre notre relation avec la terre, nous devons puiser dans ses ressources avec beaucoup plus d’égards. Comprendre notre relation avec la nature est aussi difficile que de comprendre notre voisin, notre femme et nos enfants
Krishnamurti - De la nature et de l’environnement | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Lettre à Krishnamurti de Maria de Naglowska Mer 28 Jan 2015, 18:04 | |
| Lettre de la très controversée Maria de Naglowska à Krishnamurti au sujet de ses enseignements : - Citation :
-
Extrait du cinquième numéro de La Flèche, journal d'action magique Krishnamurti parcourt le monde en donnant un enseignement.
La substance de son enseignement est le non enseignement, c'est à dire la négation de toute idéologie systématique s'efforçant de traduire la Vérité en vue de la rendre accessible à autrui.
D'ailleurs, Krishnamurti dit bien que la vérité est individuelle, qu'aucun sentier ne conduit vers elle, que personne ne peut aider un autre dans la recherche de la raison profonde de ce qui est. Tout homme, toute femme, selon le prophète des théosophes qui a renié les théosophes, est absolument abandonné à lui même dans le terrible tourment de la soif de la Connaissance, et un mur impénétrable sépare sur ce point les individus les uns des autres.
Lui, le prophète qui ne veut être qu'un homme tout simplement, ne peut répéter que cette seule chose : « j'ai trouvé, mais à vous qui cherchez je ne puis rien en dire du tout ». Et, en effet, il ne dit rien ce Krishnamurti dégagé de la discipline théosophique. Il parcourt les villes, entouré de ses amis, fait des conférences auxquelles accourent des auditeurs sans nombre, et avec un sourire charmeur accentuant son long regard d'Hindou, il répète sur tous les tons : « vivez, regardez, sentez, fuyez toutes limitations, rejetez toutes les philosophies,. .... n'admettez aucun système, ne vous laissez guider par personne ». En substance : soyez comme des enfants qui s'amusent.
Krishnamurti, nous vous adressons cette question : croyez-vous qu'il soit possible d'organiser le bonheur humain — puisque tant il est que vous aussi conseillez aux gens d'être heureux — avec ce principe de dislocation des collectivités qui découle de nécessité de votre doctrine adoctrinaire ? Ne vous semble-t-il pas que le premier effet de vos prédications doit être, en ceux qui vous aiment et qui acceptent à cause de cela ce que vous dites, la haine et le mépris pour toute idée et toute action constructives. Ne croyez-vous pas que, lorsque parmi vos admirateurs la majorité ne serait plus composée de personnes riches, matériellement ou intellectuellement, lesquelles en se dépouillant, gardent tout de même un certain équilibre, voire une « possibilité de vivre et de se mouvoir », mais d'individus, qui n'ont encore rien et pour lesquels, par conséquent, là doctrine de la non-limitation se traduit forcément : par la conviction d'avoir le droit de faire chacun ce que bon lui semble — ne croyez-vous pas qu'à ce moment-là, les appétits féroces et bestiaux déchaînés, — nous verrions se dérouler la plus effarante des révolutions anti-sociales? Ne croyez-vous pas, en d'autres termes, que votre enseignement, si doux et si poétique, peut devenir, si les masses s'y attachent, le point de départ d'une furieuse destruction... un peu dans le genre de ce qu'on a vu, depuis 1917, en Russie ?
Nous ne voulons pas vous dire qu'il n'y a pas quelque chose de vrai dans votre idée concernant : l'inexprimable de la Vérité, mais nous ne sommes pas d'accord avec vous lorsque vous proclamez qu'il ne faut faire aucun effort de traduction au moins approximative de ce qu'on a ressenti et compris comme vérité.
L'Humanité dans son ensemble souffre toujours lorsque lui manque une organisation basée sur une foi, et une foi ne peut naître et se propager si une doctrine architecturalement présentée ne la précède d'abord. Car le bonheur, compris toujours par les petits comme le bonheur matériel, n'est jamais que relatif, et il faut aux hommes l'idéal qui complète ce qu'il n'a pas et l'entraîne ailleurs. Il faut l'illusion pour être heureux même dans la pauvreté, et nous croyons, Krishnamurti, que vous ne comprenez pas cela.
Nous croyons, Krishnamurti, qu'il vous est impossible de vous mettre dans la peau de celui qui souffre parce qu'il est déshérité, et qu'il vous est tout aussi impossible de comprendre le besoin qu'éprouvent tant de chercheurs de rencontrer une main qui sache leur indiquer le chemin.
Oui, vous avez raison lorsque vous dites qu'il est impossible de communiquer à d'autres dans sa totalité la Vérité vue par un seul, mais nous vous assurons qu'il est préférable de traduire tout de même ce qu'on a vu, que de garder pour soi jalousement la vérité consolatrice.
Il faut construire, Krishnamurti, il ne suffit pas de chanter et de danser, en cette époque où tout croule et tombe en miettes, parce qu'une certaine phase de la vie divine est révolue et parce qu'une autre — la troisième de notre Triangle — entre en jeu à travers la douleur.
Selon nous, qui croyons qu'il faut rebâtir l'édifice avant que toutes choses ne soient mortes, votre parole, Krishnamurti, est un mal : un chant joli qui encourage la faulx. [=Variante orthographique ancienne de faux, l'outil manuel utilisé en agriculture]
MARIA DE NAGLOWSKA
https://lucid-state.org/forum/archive/index.php/t-13153.html https://lucid-state.org/forum/showthread.php/13153-Contre-Krishnamurti-(Maria-de-Naglowska)
Douceur, Douze heures - DÉL ┼++++++++++++++++++++++++ |
| | | AMBRE
Nombre de messages : 5418 Date de naissance : 14/08/1962 Age : 61 Localisation : Belgique Date d'inscription : 25/05/2007
| Sujet: Education ou conditionnement: Ce qu'est le vrai enseignement Mar 14 Juin 2016, 17:45 | |
| " Ce qu'est le vrai enseignement" - KRISHNAMURTI a écrit:
- L'ignorant n'est pas celui qui manque d'érudition, mais celui qui ne se connaît pas lui-même et l'érudit est un sot lorsqu'il cherche l'entendement dans des livres, dans des connaissances, auprès d'autorités. L'entendement ne vient qu'à celui qui se connaît lui-même, c'est-à-dire qui a la perception de la totalité de son propre processus psychologique. Ainsi l'instruction, dans le vrai sens de ce mot, est la compréhension de soi, car c'est en chacun de nous que l'existence entière est ramassée.
Ce que, de nos jours, on appelle instruction est une accumulation de faits, un savoir livresque qui est à la portée de toute personne sachant lire. Une telle façon de s'instruire offre une forme subtile d'évasion, et, comme toutes les fuites hors de nous-mêmes, crée inévitablement un surcroît de misères. Nos conflits et notre état de confusion résultent des rapports faux que nous entretenons avec les gens, les choses, les idées, et tant que nous ne comprenons pas et ne modifions pas ces rapports, le fait d'apprendre, de recueillir des données, d'acquérir différentes sortes d'habiletés, ne peut que nous enfoncer davantage dans le chaos et la destruction.
Dans nos sociétés, telles qu'elles sont organisées, nous envoyons nos enfants à l'école pour qu'ils apprennent un art ou une science qui leur permettront un jour de gagner leur vie. Nous voulons faire de notre enfant d'abord et surtout un spécialiste et espérons ainsi lui donner une situation économique sûre. Mais est-ce que l'enseignement d'une technique nous rend capables de nous comprendre nous-mêmes?
Bien qu'il soit évidemment nécessaire de savoir lire et écrire, de posséder un métier et de pouvoir exercer une quelconque profession, est-ce que cette sorte de savoir engendre en nous la capacité de comprendre la vie? Bien sûr que non. Donc si la technique est notre seul but, nous nions manifestement l'essentiel de la vie.
La vie est douleur, joie, beauté, laideur, amour, et lorsque nous la percevons comme un tout, cette compréhension, à chaque niveau, crée sa propre technique. Mais le contraire n'est pas vrai: un savoir-faire ne peut jamais engendrer une compréhension créatrice.
L'éducation, de nos jours, est une faillite complète parce qu'elle accorde la primauté à la technique. En lui accordant cette importance excessive, nous détruisons l'homme. Cultiver la capacité et l'efficience sans comprendre la vie, sans avoir une perception compréhensive des démarches de la pensée et des désirs, c'est développer, notre brutalité, provoquer des guerres, et, en fin de compte, mettre en péril notre sécurité physique. Le développement exclusif de la technique a produit des savants, des mathématiciens, des constructeurs de ponts, des conquérants d'espace, mais comprennent-ils le processus total de la vie? Un spécialiste peut-il percevoir la vie en tant que totalité? Il le peut, s'il cesse d'être un spécialiste. Le progrès technologique ne manque pas de résoudre des problèmes de certaines sortes, pour certaines personnes, à certains niveaux, mais il entraîne des conséquences plus vastes et plus profondes. Vivre à un certain niveau et négliger le processus total de la vie, c'est inviter la misère et la destruction. Le besoin le plus pressant, le problème le plus urgent pour chaque individu est d'avoir une compréhension intégrale de la vie, qui lui permettra d'affronter ses complexités sans cesse croissantes. La connaissance technique, pour nécessaire qu'elle soit, ne résoudra en aucune façon nos conflits psychologiques, nos pressions intérieures ; et c'est parce que nous avons acquis le savoir sans appréhender le processus total de la vie, que la technologie est devenue un moyen de nous détruire nous-mêmes. L'homme qui sait faire éclater l'atome mais qui n'a pas d'amour en son cœur devient un monstre. Nous choisissons une profession selon nos capacités, mais est-ce que suivre une vocation nous affranchira de nos conflits et de notre confusion? Une certaine forme d'entraînement technique semble nécessaire ; mais lorsque nous devenons des ingénieurs, des médecins, des comptables, où en sommes-nous? Est-ce que l'exercice d'une profession est l'accomplissement de la vie? Elle l'est apparemment, pour la plupart d'entre nous. Nos diverses professions peuvent nous occuper la plus grande partie de nos existences ; mais les choses mêmes que nous produisons et qui nous enthousiasment tellement, sont celles qui causent nos destructions et nos misères. Notre comportement et nos valeurs transforment nos occupations et notre monde en instruments d'envie, d'amertume et de haine. Sans connaissance de soi, tout ce qui nous occupe provoque une frustration avec ses inévitables conséquences dans toutes sortes de pernicieuses activités. La technique sans cette compréhension intérieure mène à l'inimitié et à une brutalité que nous recouvrons de phrases agréables à entendre. A quoi bon donner tant d'importance à la technique et devenir des entités efficientes si le résultat est une mutuelle destruction? Notre progrès matériel est prodigieux, mais il n'a fait qu'augmenter notre pouvoir de nous détruire l'un l'autre, et il y a la famine et la misère sur toutes les terres du monde.
suite et source http://www.philosophie-spiritualite.com/textes_4/krishna_116.htm C'est à cela que nous devrions nous occuper et non pas à façonner l'enfant conformément à un modèle idéal. Toute méthode qui classifie les enfants selon leurs tempéraments et leurs aptitudes ne fait que mettre en relief leurs différences et, de ce fait, engendre les antagonismes et encourage les divisions dans la société. Elle ne contribue donc pas à développer des êtres humains intégrés. Il est évident qu'aucune méthode et qu'aucun système ne peuvent servir de base à l'éducation dont je parle. La mise en application d'une méthode est l'indice d'une paresse d'esprit chez l'éducateur. Tant que l'éducation s'appuie sur des principes nettement établis, elle peut confectionner des hommes et des femmes très habiles, mais ne peut pas produire des êtres humains créatifs. Seul l'amour peut engendrer la compréhension d'autrui. Où est l'amour, il y a communion instantanée avec l'autre, au même niveau et en même temps. C'est parce que nous sommes si desséchés nous-mêmes, si vides et sans amour que nous avons permis aux gouvernements et aux systèmes de s'emparer de l'éducation de nos enfants et de la direction de nos vies ; mais les gouvernements veulent des techniciens efficients, non des êtres humains, car des êtres vraiment humains deviennent dangereux pour les États et pour les religions organisées. Voilà pourquoi les gouvernements et les Églises cherchent à contrôler l'éducation. La vie ne se laisse pas conformer à un système ; on ne peut pas l'enfermer dans un cadre, quelque noble qu'il soit. Et un esprit qui n'a été entraîné qu'à la connaissance des faits est incapable d'aborder la vie avec toutes ses diversités, ses subtilités, ses profondeurs et ses altitudes.« L’esprit doit, avant tout, se libérer du conditionnement S’engager dans la liberté et découvrir ce qu’est l’amour - seules comptent ces deux choses-là : la liberté et ce qu’on appelle « l’amour ». Sans liberté totale, l’amour ne peut exister, et tout homme sérieux se consacre uniquement à ces deux choses-là et à rien d’autre. La liberté sous-entend que l’esprit se libère totalement de tout conditionnement, n’est-ce pas ? En d’autres termes, pour se déconditionner - ne plus être hindou, sikh, musulman, chrétien ou communiste - l’esprit doit être complètement libre. Car cette division entre les hommes, en tant qu’hindous, bouddhistes, musulmans et chrétiens ou Américains, communistes, socialistes, capitalistes, etc. engendre le désastre, la confusion, le malheur et la guerre. L’esprit doit donc, avant tout, se libérer du conditionnement »Krishnamurti :l'éducation n'est pas une adaptation à la structure démente appelée société SourceComme nous l’avons vu, le concept d’information est loin d’être clair, il doit être défini et si nécessaire resitué dans un contexte. Nous savons aujourd’hui que de l’infiniment petit à l’infiniment grand l’univers informe. L’information est omniprésente dans la matière ; à vrai dire, toute forme, même inerte, est nécessairement informée. A fortiori, toute forme vivante est toute aussi informée et informée dans une dynamique de l’intelligence extrêmement élevée, dynamique que nous peinons beaucoup à vouloir reconstituer. Parce que l’univers forme et informe à l’infini, nous devons dire qu’il sensifie, selon une expression de Raymond Ruyer. D’où cette thèse étonnante à laquelle nous devons nous préparer : l’univers est tout entier culture. Il est vain de vouloir opérer une séparation entre nature et culture prétextant l’idée fausse selon laquelle la « nature » serait pétrifiée dans des formes innées, sans une dynamique d’acquisition possible relevant de la culture. Le paradigme mécaniste d’une nature dépourvue de culture est une absurdité.
Or, même si nous sommes d’accord sur ce point, reste la différence entre sensifier dans l’information et signifier dans un langage. Nous dirons que l’éducation chez l’homme est avant tout rapport aux signes et création symbolique du langage. On dira alors inversement, en accord avec la psychologie du comportement, que le rapport au signal est plus primitif et surtout qu’il est conditionnel. Après tout, on peut conditionner un chien et par le conditionnement on crée de toutes pièces une acquisition. Mais ce n’est pas une véritable culture au sens le plus élevé du terme.
Le paradoxe, c’est que sur cette pente, nous en sommes venus à complètement retourner la perspective. Non seulement des théoriciens strictement inscrits dans le paradigme mécaniste, comme Skinner, se situent l’opposé d’une vision panpsychique, mais ils n’hésitent pas à prétendre que l’éducation est un processus qui repose aussi sur un conditionnement. Et l’argument est répété, répété dans l’opinion… au final pour dire que l’école ne fait que conditionner les esprits dès leur jeunesse! De là à prétendre que la nature seule est intelligente et que l’école nous rend bête et on est dans la confusion la plus totale sur le sens de l’éducation. Essayons d’y voir un peu plus clair : quels rapports y a-t-il entre éducation et conditionnement ?Leçon 263. http://www.philosophie-spiritualite.com/cours/education2.htm | |
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