Adieu, Japon Par François MargineanLe Japon ne sera plus jamais le même. Il y aura dorénavant un « avant
Fukushima » et un « après Fukushima ». La ruine radioactive du Japon a
commencé, entrainant le reste de la planète dans son sillon avec le
relâchement les démons nucléaires de Fukushima par
General Electric (GE) et la
Tokyo Electric Power Company (TEPCO). La cruelle réalité est que cette sombre crise va durer des
mois ou peut-être même des années et possiblement de longues nombreuses
années étant donné que la demi-vie du plutonium 239 est de 24 000 ans.
«Malheureusement, nous n’avons pas de
prévision concrète en ce moment pour nous permettre de dire dans combien
de mois ou d’années (que la crise se terminée),» a déclaré Sakae Muto,
le vice-président de TEPCO»
Il y a eu plus de 823 tremblements de terre qui ont suivi celui de
9.0 ayant frappé le 11 mars 2011, et ça tremble encore. La ville de
Tokyo est située à environ 250 km de Fukushima et plus de 35 millions de
personnes y vivent. Tokyo est l’un des trois plus importants centres
financier du monde, aux côtés de Londres et New York. Avec trois coeurs
nucléaires présentement en fusion, ainsi que les piscines d’entreposage
de combustible irradié utilisé en danger, cumulant depuis autour de 40
ans plus de 1700 tonnes de déchets nucléaires entreposés, les retombées
nucléaires ne vont que s’accentuer dans les temps à venir et se déposer
sur la capitale. Déjà 25 gouvernements étrangers ont soit fermé leurs ambassades à Tokyo, ou ont évacué Tokyo et déplacé leurs ambassades à Osaka. Les banquiers internationaux sont en train de fuir en masse Tokyo et le Japon. La US Navy a annoncé le 17 mars qu’ils étaient prêts à évacuer autant que 87 000 personnes si nécessaire et la USO a annoncé deux jours plus tard, le 19 mars, que l’armée américaine a commencé l’évacuation volontaire de 200 000 militaires et leurs personnes à charge présentement au Japon.
Pendant que tout cela se déroule, le gouvernement japonais a également exhorté plus de gens à évacuer la zone de Fukushima
et il a discrètement élargi la zone d’évacuation autour de la centrale
de Fukushima. En bon français, toute cette activité signifie que
l’évacuation de Fukushima, du Japon et de Tokyo, a déjà commencé. Un
grand nombre de personnes sont déjà « volontairement » en train de fuir
le danger. Plus la crise s’éternisera, plus le nombre de personnes qui
vont partir sera élevé.
L’ensemble de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi
devrait être condamné, ce qui en fait le plus important des accidents
nucléaires (devant l’accident nucléaire de Tchernobyl) en termes de
conséquences techniques.
Les héros qu’on surnomme les « bio-robots », terme originellement
donné aux travailleurs qui avaient sacrifié leur santé et leur vie pour
contenir l’accident de Tchernobyl, en Ukraine, se sont battus pendant
maintenant plus de deux semaines pour tout tenter dans le but de
prévenir le pire scénario, soit une fusion incontrôlable des coeurs des
réacteurs nucléaires et la combustion des déchets radioactifs contenus
dans les piscines d’entreposage situées immédiatement au-dessus des
réacteurs
Mark 1, un design absolument génial de General
Electric. Ils auront silencieusement et courageusement donné leur vie
pour éviter le pire au reste des Japonais et du monde entier. Et très
malheureusement, il semble que ce soit en vain.
La bataille, à toute fin pratique, est perdue. Les taux de radiation
sont si élevés qu’il sera bientôt simplement impossible d’envoyer
quiconque sur les lieus de la centrale de Fukushima. Déjà, ces employés
qui doivent payer le prix de leur santé de façon permanente et risque la
mort pour les inepties, les mensonges, l’avarice, l’insouciance et la
négligence criminelle de leurs patrons et de GE, ont subi des
expositions à la radiation plusieurs fois la norme acceptable annuelle.
Nul besoin de rappeler qu’il n’y a pas de dose sécuritaire dans le
domaine de la radioactivité.
Dose radiativeLe principe retenu en radioprotection est de maintenir l’exposition
au niveau le plus bas qu’il est raisonnablement possible d’atteindre
(principe ALARA). Pour
faciliter cette optimisation, les sites nucléaires français sont
organisés en zones dont l’accès est plus ou moins restreint, et qui
correspondent aux débits de doses suivants :
- zone bleue : de 2,5 à 7,5 µSv⋅h-1 ;
- zone verte : de 7,5 à 25 µSv⋅h-1 ;
- zone jaune : de 25 µSv⋅h-1 à 2 mSv⋅h-1 ;
- zone orange : de 2 à 100 mSv⋅h-1 ;
- zone rouge : > 100 mSv⋅h-1.
Le débit de dose dont on est certain qu’il produit des effets biologiques dangereux se situe à partir de 1 mSv⋅h
-1,
c’est-à-dire en « zone jaune ». Les effets varient selon le temps
auquel on y est soumis. Les effets statistiquement observables
apparaissent pour des doses cumulées supérieures à 100 mSv, soit un
stationnement de plus de 50 h (une semaine à plein temps) en zone jaune.
Cette exposition peut être atteinte en 1 h en « zone orange ».
La dose cumulée d’une source radioactive artificielle devient
dangereuse à partir de 500 mSv (ou 50 rem), dose à laquelle on constate
les premiers symptômes d’altération sanguine. En 1992, la dose efficace
(E) maximale pour une personne travaillant sous rayonnements ionisants
était fixée à 15 mSv sur les 12 derniers mois en Europe (CERN et
Angleterre) et à 50 mSv sur les 12 derniers mois aux États-Unis. Depuis
août 2003, la dose efficace maximale est passée à 20 mSv sur les 12
derniers mois. En France, la réglementation fixe les limites annuelles
de radiation à 20 mSv (2 rem) pour les travailleurs et à 1 mSv (0,1 rem)
pour la population. (source)
La dose limite pour un travailleur du nucléaire en France est de 20 millisieverts pour une année. La limite réglementaire d’exposition en circonstances exceptionnelles est de 100 millisieverts, mais cette limite réglementaire a été exceptionnellement relevée à 250 millisieverts
pour permettre aux travailleurs de continuer à travailler sur le site
de Fukushima, ce qui signifie quand même que ces travailleurs nagent en
pleine zone rouge quotidiennement.
Le 16 mars, aux alentours de 16 heures (heure locale), le niveau de
radioactivité au-dessus de la centrale de Fukushima Daichi a atteint les
1 500 millisieverts par heure, empêchant ainsi les largages d’eau par hélicoptères
[116].
Selon l’AIEA un niveau de radiation de 400 millisieverts par heure a été observé entre les unités 3 et 4
[117].
À ce taux de radiation, un travailleur du nucléaire sur le site de
Fukushima Daichi est exposé en 3 minutes à la dose limite admise en
France pour une année.
Le 24 mars 2011, les équipes de l’AIEA
ont enregistré des taux de 161 microsievert par heure dans les villes
de Namie dans la préfecture de Fukushima, à 8 km au nord ouest de la
centrale
[122].
Une population exposée à ce taux pendant 5 jours accumule 20mSV, ce qui
correspond à la dose autorisée en un an pour un travailleur du
nucléaire en France. En 25 jours soumis à ce taux, la population exposée
atteindrait la limite de 100mSV, seuil à partir duquel les risques de
cancers dus à la radioactivité augmentent significativement.
Le 13 mars 2011, à 2 km de la centrale de Fukushima Daiichi, la radioactivité ambiante a été mesurée à 0,1 mSv/h
[126],[127], soit un taux environ 800 fois supérieur à la radioactivité ambiante moyenne par heure : cela signifie qu’à quelques kilomètres de la centrale, on se trouve déjà en zone jaune.
Selon le Réseau Sortir du Nucléaire
[128], des mesures effectuées à 2 km de la centrale de Fukushima Daiichi par six journalistes de l’association
Japan Visual Journalist Association ont permis de constater un débit de dose s’élevant à 10 voire 100 milliröntgens par heure (soit 0,1 voire 1 millisievert par heure), débit selon eux « dramatiquement élevé ».
Des mesures indépendantes relevées dans la journée du 12 mars
indiquent des niveaux de radioactivité très élevés sur toute la zone :
jusqu’à 1 mSv à deux kilomètres de la centrale
[129]. (source)
Les taux de radiation à 20 km de la centrale de Fukushima sont maintenant 1600 fois plus élevés qu’à la normale.
Radioactivité dans le siteLe Premier ministre japonais, Naoto Kan, a déclaré
«l’état d’alerte maximale», laissant entendre que trois des réacteurs
nucléaires situés à Fukushima sont présentement en fusion. Le réacteur
N°3 qui fonctionnait depuis peu avec du MOX, un mélange d’uranium et de
plutonium, est fissuré et donc des fuites y sont présentes. D’ailleurs, des échantillons prélevés à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments ont décelé du plutonium, l’élément chimique le plus toxique connu de la science. Ils ont décelé du plutonium 238, 239 et 240.
TEPCO a rapporté que des taux de radiation 100 000 plus élevés que la
norme ont été mesuré dans de l’eau contaminée sous le réacteur N°2, dans
des tunnels et qui se déverse maintenant dans l’océan adjacent. (source)
De l’eau dans un tunnel à l’extérieur du réacteur N°2 a un taux de radiation excédant 1 Sievert/heure, a rapporté un porte-parole de TEPCO, un niveau si élevé qu’un employé ne peut demeurer dans la zone affectée plus de 15 minutes,
selon les normes d’exposition actuelles. Une exposition à cette dose
pendant 30 minutes entrainera des nausées alors que quatre heures
d’exposition pourrait mener à la mort, selon la U.S. Environmental
Protection Agency (EPA).
Voici donc la situation en détail pour les six réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima:
La société TEPCO a pompé de l’eau douce dans les réacteurs n°1, n°2
et n°3 , a rapporté l’Agence de la sécurité nucléaire et industrielle du
Japon. L’alimentation externe a été rétabli pour les six réacteurs en
date du 22 mars, selon la
Tokyo Electric Power.
Réacteur N°1: Le réacteur est très dégradé. De l’eau
contaminée s’est rendue jusque dans les salles des machines, signifiant
clairement que qu’il y a absence d’étanchéité de l’enceinte de
confinement ou du circuit de refroidissement. Le combustible est
endommagé. L’eau contaminée dans la structure de turbine contient 10 000
fois le rayonnement de l’eau de refroidissement régulière, selon
l’agence NHK. La société a commencé à enlever l’eau contaminée provenant
du sous-sol de la salle des machines et préparera plusieurs pompes pour
évacuer l’eau, a indiqué l’agence. L’appareil a été endommagé depuis
l’explosion d’hydrogène survenue le 12 mars qui a détruit les murs du
bâtiment. La gravité de la menace que représente le réacteur envers la
sécurité est évaluée au niveau cinq sur l’échelle internationale de 1-7.
Réacteur N°2: Tout comme le réacteur N°1, il est
excessivement endommagé et de l’eau contaminée s’infiltre aussi dans les
salles des machines. L’eau contaminée dans la structure de turbine
contient 100 000 fois plus de rayonnement que l’eau de refroidissement
normale, toujours selon l’agence japonaise de nouvelles, NHK. La société
prévoit retirer l’eau contaminée, mais avec de tels rayonnements, la
tâche sera très ardue et quasiment impossible. La société prévoyait
commencer à utiliser de l’eau douce pour remplir la piscine de
combustible à partir du 28 mars, a indiqué l’agence. L’enceinte de
confinement a été endommagé dans une explosion du 15 mars et un câble
d’alimentation a été reconnecté à l’unité le 19 mars. Le réacteur est
noté à un niveau de cinq concernant la menace qu’il pose.
Réacteur N°3: Réacteur lui aussi très dégradé. Les
barrières de confinement ne sont certainement plus étanches et le
combustible est endommagé. Le New York Times rapporte qu’il y aurait une longue fissure verticale,
sur le côté et jusqu’au bas de l’enceinte de confinement, laissant
s’échapper des fluides et des gaz toxiques. L’eau contaminée dans la
structure de turbine contient 10 000 fois le rayonnement normal et elle
s’est infiltrée dans la salle des machines. La société est en train
d’examiner des moyens d’éliminer l’eau contaminée. Une explosion
survenue le 14 mars a endommagé la couverture de l’unité de combustible.
La menace du réacteur est noté à un niveau de cinq. L’analyse de 5
échantillons de sols prélevés indique que du plutonium s’échappe du
réacteur et est un signe qu’il y a fusion du coeur, qui rappelons-le,
fonctionnait au MOX. Le pire est qu’aux dernières nouvelles, une grue se serait effondrée sur les barres de combustible MOX du réacteur N°3.
Il s’agit d’une massive grue interne intégrée à la structure d’acier
qui déplace les barres du réacteur vers la piscine de combustible usé,
ce qui signifie que les tiges qui contenaient du plutonium sont
endommagées.
Cette grue s’est effondrée il y a deux semaines. Le gouvernement
japonais et TEPCO ont menti à ce sujet, sachant très bien que seul cet
incident pourrait déclencher une catastrophe nucléaire aussi grave que
Tchernobyl. Les gouvernements et les banquiers ne veulent pas de
panique. Le Nikkei, Dow Jones, et le maintien de l’industrie de
l’énergie nucléaire sont plus importants que la vie humaine et
l’environnement.
Réacteur N°4: La société prévoit injecter de l’eau
dans la piscine de refroidissement de combustible usé. L’Agence de la
sécurité nucléaire et industrielle du Japon a indiqué le 17 mars qu’il
n’y a peut-être plus d’eau dans la piscine. Le réacteur est évalué à
trois sur le niveau de menace. Ce réacteur était en cours de maintenance
lors du tremblement de terre.
Réacteur N°5: Cette unité était inactive et en
entretien avant le séisme. Le réacteur est correctement refroidi. La
pompe alimentant le circuit de refroidissement s’est abruptement arrêté
le 24 mars, mais elle a été réparé et elle fonctionne.
Réacteur N°6: Le réacteur est atteint et
correctement refroidi depuis le 20 mars à 19h27, lorsque la température
est tombée en dessous de 100 degrés Celsius, a indiqué la compagnie. Un
générateur de secours a été réparé le 19 mars, selon un communiqué de
presse de la société. L’unité était inactive et en entretien avant le
séisme.
Ajoutant aux difficultés, l’augmentation du niveau de contamination
dans la mer près de l’usine. De l’iode 131 radioactif atteignant une
concentration 1850,5 fois la limite légale a été détectée dans un
échantillon d’eau de mer prise samedi dernier, à environ 330 mètres au
sud de l’usine, près d’un drainage à la sortie des quatre réacteurs en
difficulté, par rapport à 1250,8 fois la limite qui fut mesuré la
journée précédente, soit vendredi, a indiqué l’agence.
Le danger des piscines de refroidissement des combustibles utilisésAprès avoir été retirés du cœur d’un réacteur, les éléments
combustibles usés continuent de dégager de la chaleur, et sont
entreposés dans une piscine, l’eau servant à la fois pour les refroidir
et de barrière aux rayonnements qu’ils émettent
[69].
La température et le niveau d’eau de ces piscines doivent être
constamment contrôlés ; la température de la piscine est normalement
maintenue à 25 °C au maximum, ce qui demande un refroidissement constant
[69].
Le défaut de renouvellement d’eau extérieure pour le refroidissement
d’une piscine d’entreposage du combustible usagé entraîne au bout d’un
certain temps l’évaporation (0,4 litre par seconde et par mégawatt)
[70] et l’ébullition du liquide, occasionnant alors l’échauffement puis l’éclatement (lié à l’oxydation) des crayons de combustible hors d’eau
[71].
En outre, les piscines d’entreposage sont extérieures à l’enceinte de
confinement résistante des réacteurs (elles sont confinées dynamiquement
en service normal) et sont ainsi plus facilement exposées à
l’atmosphère
[72].
Cette situation est potentiellement très grave : si l’eau des
piscines s’évapore (ce qui peut prendre quelques jours), les éléments
combustibles irradiés qu’elle contient peuvent fondre ou prendre feu,
répandant leurs produits de fission directement dans l’atmosphère
[73],[74].
Dans un tel cas, les rejets radioactifs correspondants seraient bien supérieurs aux rejets survenus jusqu’à présent
[75]. Un tel accident serait du niveau de gravité de celui de Tchernobyl. (source)
ConclusionÇa va bien aller. Comme les autorités le répètent si souvent, il n’y a
aucun risque pour la sécurité et la santé humaine, encore moins pour
l’environnement et la chaine alimentaire.
Adieu, Japon
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